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jeanneovertheworld - Page 17

  • mots sous Omnipaque

    perf 2.JPGLa perfusion,

    A profusion.

     

    Le froid dans les veines au bras

    Puis le chaud,

    En bas.

     

    Inspirez, bloquez…

    Expirez

    (le plus tard possible).

     

    scanner.jpgSoupire : j’ai vu pire.

     

    Où est l’humain ?

    Stérile -  usine.

    Bactéricide.

     

    Suis-je Bactérie ?

     

     

     

     

    .

  • Et piqûre

     

    Perfusion :  perfide illusion,

    en intraveineuse,

    d’avoir de la veine.

    perf.JPG

  • papilles immatures

    C’est la fin du printemps, il fait beau, j’ai 10 ans.

    Je virevolte sur la balançoire, je manque de toucher les nuages et repars de plus belle, tentant de réchauffer la plante de mes pieds au soleil, la corde qui craque et le crochet qui grince jouent la symphonie de l’enfance. Je me balance et à chaque mouvement s’approchent de mon visage les énormes cerises napoléon que j’aime tant croquer. Je m’impatiente, je dois encore attendre Candy%20Candy%20283a.jpgqu’elles deviennent presque noires pour les savourer.

    Je vois aussi les fleurs dont je ferai un bouquet pour ramener à mon institutrice….

     

    Je crois que je suis Candy…

     

    Mais elle rêve et elle imagine
    Tous les soirs en s'endormant
    Que le petit prince des collines
    Vient lui parler doucement…

     

    Je me balance et je vole, je suis légère, ivre du vent à mes oreilles.

    Non, c'est la maison qui s’avance et qui recule, ce n’est pas moi qui me balance, c’est le monde qui tourne autour de moi…
    Sur le mur est accrochée la cage du canari, il chante si bien, faisant la fierté de mon grand-père. Il rivalise avec les moineaux sauvages et vulgaires avec son jaune plumage et sa gorge déployée.

    C’est amusant un oiseau en cage dans un havre de verdure…
    Il y a tous ces éléments de décor que j’ai vu mille fois...


    Mais il y a un plus, le petit élément qui grave à jamais ces instants et ravit tous les sens : le son du canari, de la balançoire, du vent à mes oreilles, la vue de la nature immense autour de moi ; le toucher de la corde qui fait rougir mes galett10.jpgmains tellement je me sers fort pour monter plus haut ; l’odeur des fleurs et…. Une autre odeur plus humaine, une odeur qui déjà m’allèche et ravira mon dernier sens, celui du goût : les grumberkichle qui grillent dans leur bain huileux.

    Ma grand-mère est une cuisinière hors paire, une femme de fourneaux qui n’hésite pas à prendre 7 heures pour faire le gâteau justement nommé siebenstundenkuchen. fleischkiechle_prets_etre_cuits.jpgSes boulettes de viande ( fleischkiechle ) ses légumes du jardin, ses beignets… et ses grumberkichle !!!
    Jamais je n’en ai mangé de pareilles.

     

    Il faisait beau, je me balance et en guise de goûter j’ai eu des crêpes de pomme de terre, des râpées comme on dit parfois.
    Elle préparait le repas du soir mais on a tout mangé au goûter tellement c’était délicieux,

    Aucune notion de péché, mais tellement de gourmandise, aucune notion de calories encore, juste le plaisir nu de la dégustation des produits simples magiquement associés.

     

    J’aipommes-de-terre-rapees-150x150.jpg souvent tenté de refaire ces grumberkichle.

    J’ai toujours été déçue.
    Cela ne veut pas dire que je ne réussis pas la recette.
    Mais la jeunesse a fixé ce moment unique, je le garde au fond de moi, j’en salive encore, je sais que je ne retrouverai pas cette sensation, mais encore une fois, je peux dire avec grand émerveillement que c’est moi qui ai vécu, j’ai connu ce moment, je m’en souviens, j’ai aimé ! 

     

    En évoquant cet instant fugace mais ancré, j’ai éprouvé de la peine : se pouvait-il que je n’ai que des souvenirs de la cuisine de ma grand-mère maternelle ? Alors que je suis involontairement la prunelle de ma grand-mère paternelle… ? Un sentiment de culpabilité est né.

    crepes_biere.jpg

    Ma seconde grand-mère…

     

    Je me souviens du beurre et de l’odeur du beurre, racines normandes oblige mais si je dois retenir une ivresse du goût… Oui !

    Les crêpes du mercredi après-midi !

     

    Leur rareté en a fait la légende.

    Le cérémonial répété a fait le reste. La pâte est excellente, une recette du nord, à la bière. Mais les crêpes, à la poêle sur le gaz, c’est grand-père qui les fait sauter. La seule occasion d’aller derrière les fourneaux, faire sauter les crêpes, sa mission, un travail d’homme pour ce colosse au coeur si tendre.
    Je pense à eux à chaque fois que j’en fais chez moi.
    Je pense à eux.

    Une histoire de couple.

    Il faudra que je vous reparle d’eux…


     

  • 14-18, mon amour...

    14_18 garçonnet.jpgIl a le parfum de ces histoires dont on parle encore parfois le soir, qui font les légendes des peuples, les plaies refermées depuis si longtemps qu’on se demande si elles ont un jour suinté : mon amour 14-18.

    Il est de ces combats si anciens qu’on ne sait plus qui est le vainqueur, de ces batailles qui finissent lorsqu’il n’y a plus de survivants pour témoigner. On n’osait détourner les yeux devant les Poilus frêles mais debout, à présent que tout le monde est mort, il est enterré : mon amour 14-18.

    Il est de ces idylles qui ne tirent leur beauté que des rêves où elles ont grandi, arrosées le matin par un sourire, empourprées le midi par un morceau de pain partagé, fertilisées le soir par l’espoir d’un lendemain.

    Il est comme ça, l’amour qui m’accompagna de 14 à 18 ans…

     

    Une petite chanson et je me souviens..

    De tout ce que j’ai cru, imaginé, voulu, envisagé, perçu, déformé, relu, désiré, désirs d’absolu, d’intensité…

    Platonique, sans nique, platonique, sens unique peut-être. Sans interdit, sans partage, sans passage à l’acte. Un ami à mi chemin, sans les mains, mis sur mon chemin. Précieuse compagnie mais con nié.

     

    14-18 amour.jpgToutes ces batailles sans déclaration d’amour… il me fallait signer l’armistice.

    Le jour de mes 18 ans, j’ai pris ma liberté, je me suis émancipée.

    Je lui ai tout donné : mes rêves, mes émotions bâillonnées, des mots que je ne voulais que pour lui. 80 pages d’aveux à en perdre son latin.

    Amo, amas, amare, je n’avais que trop conjugué.

    Et je l’ai laissé avec mon amour mort sur les bras, sur le pas de sa porte.

    Il n’entra pas en moi, je n’entrai pas chez lui, nous restèrent dans nos mondes.

    Et je suis partie vivre.

     

    Un homme que je quittais m’a dit «  tu es une femme d’adieux ».

    Je n’en avais pas conscience. Mais a-t-il tort ?

    J’aime tant mettre des points aux phrases, une conclusion.

    Les suspensions me tiennent trop éveillée et m’empêchent de dormir.

    Et de vivre.

    Je n’attendais rien de toi.

    Je ne veux pas t’attendre.

    Femme d’adieux, je ne sais pas.

    Tuer l’espoir avant qu’il ne meurt de solitude : oui.

     

    http://www.youtube.com/watch?v=JwkEgmyrOU4

     

     

  • Je me sens Japon

    Je sais qu’avec l’actualité certains n’apprécieront pas et me jugeront nombriliste ou irrespectueuse des souffrances. Cette dramatique actualité souligne des évidences et me permet de mieux me voir. J’assume le nombrilisme.

     

    Un homme qui ne me connaissait pas discutait sur Facebook.

    « Tu es si forte… »

     

    Je me sens Japon.

    faille.jpgJe suis construite à l’intersection de plaques mouvantes, de plaques qui s’affrontent en moi : le bien, le mal, toi, eux, mes rêves, le devoir, mes lâchetés… 

    J’ai une longue histoire, je suis née à la confluence des désirs de la terre. J’ai grandi doucement, dans un archipel d’amour, j’ai appris, je me suis développée, suis devenue indépendante, ai constitué une place forte, à l’Est.

     

    La peste brune m’a atteinte.

    Puis Hiroshima : un cratère à mon bras.

    Et je me suis reconstruite, comme j’ai pu.

    Aujourd’hui, ceux qui ne connaissent pas mon histoire ne soupçonnent pas.

    Je ne mange plus de crabe, c’est tout.

    Et je me balade dans les rues, et je vais travailler le matin, et je vais au cinéma, et je sculpte, et j’écris, et je vis. Et je dis «  je n’ai pas survécu pour ne pas vivre », et j’exporte mon savoir-faire, je communique, je déborde de moi.

    Survivre, c’est sur-vivre, vivre plus.

    ECG rose.jpgOn vit tellement qu’on en oublie souvent les failles, les fêlures souterraines.

    Je tremble pourtant, tous les trimestres, tous les ans, lorsque l’on me scanne, lorsque l’on mesure, oui je tremble et le sol se dérobe sous mes pieds.

     

    « Tu es si forte. »

    Oui, je me tiens debout, je suis prête.

     Je sais qu’il viendra peut-être, le Big-One.

     

    « Tu es si forte. »

    Non, je ne suis pas forte, je suis toute fêlée dessous, il y a tant de forces qui s’opposent en moi.

    sismo.jpgEt quand ça tremble, quand s’ébranlent les fondements, quand s’écartèlent les entrailles, quand se rouvrent les fissures, tout s’effondre.

    tsunami vague.jpgEt parfois déferle un tsunami de larmes sur mes joues, des soubresauts, le souffle coupé, des hoquetements, un empire qui s’effondre.

    Et parfois de l’ouverture sort des mots, dégueulent des cris, éruption, cratère, cicatrices, signes extérieur de malheurs.

    Puis vient le matin où on voit qu’on est encore vivant.

     

    « Tu es si forte. »

    Je me sens Japon.

     

    Je suis si fragile.

    Les aléas ne sont pas risques sans humains, je me risque donc à vivre.

    Mon fatalisme n’est pas un pessimisme.

    Carpe diem quam minimum credula postero. 

    tsunami estampe.jpg

     

     

  • J'irai manger sur la Terre

    Dans ma famille on mange comme on aime : parfois mal, parfois trop, mais avec passion.

     

    Et toujours aussi on vide son assiette…

    De là sans doute mon obsession des adieux, des histoires qui se finissent.

     

    J’ai déjà fais quelque kilomètres sur la planète, traversé l’équateur, flirté avec les tropiques, nagé en eaux troubles ou pacifiques, flotté sur des mers mortes ou touché les fonds sans marin.

     

    Et chaque fois, quand je rentre en mes terres, les anciens me demandent «  est-ce que tu as bien mangé ? », seule chose à laquelle ils peuvent se raccrocher, ne comprenant que peu ce qui m’attire vers les terres stériles, vers les volcans et les glaciers, ce monde qui leur est inconnu, ce monde qui me prend aux tripes… La seule chose qu’ils espèrent est le plaisir de mon estomac.

    Et souvent, je les déçois.

     

    Je ne vais pas au monde pour manger, mais pour vivre, et je mange donc en conséquence.

    Mais je découvre, je m’adapte, de Poffidges hollandais en Ebelskivers danois, je goute à toutes les spécialités et ne prends jamais de steaks-frites.

     

    dessert.JPGJe me souviens d’une fougasse à la fleur d’oranger achetée au Grau du Roi avec mes parents quand j’étais enfant, d’une Seafood Chowder en Acadie, de la sauce qui crépite sur le riz soufflé en Chine, du pain au chorizo que nous achetions à Estoril, sur le marché, je me souviens les lieux, des personnes, des pubs, de toi, mais finalement peu des mets, moi la connaisseuse gourmande.

    J’ai plus bu que mangé, j’avoue. Une caipirinha à Copacabana, un Cuba Libre à Cienfuegos et des pintes, et des pintes all over the world… et des bières et des bières, blanches, blondes, brunes ou rousses…

     

    Sans réfléchir, ça m’est venu ce matin, la conscience du bon, par la conscience du manque.

    bouffe bali 2.JPGDe tous les voyages, de toutes mes découvertes gustatives avouables, j’en veux encore : Bali.

    Moi qui ne suis pas carnassière à outrance, moi qui aime le doux et le fort, moi qui n’aime pourtant pas tant le riz, j’ai aimé Bali.

    J’y ai retrouvé la sauce Satay qui troublait déjà mes sens lors de dégustations africaines avec sa cousine Mafé, j’y ai aussi gouté tous ces fruits magiques : dragon fruit (pythaya), snake fruit (salak) mangoustan…

     

    On va pas en faire tout un plat, mais je vais juste nous faire une petite salade ce soir…

     

    <3

     

  • mon père, ce héros terroriste.

    C’était dans les années 1970.

    Chez moi, la Border Line, y’a toujours eu une frontière, que l’on traversait parfois, tête haute, fière. Je sais bien que l’herbe n’est pas plus verte de l’autre côté, elle était souvent plus kakie pour tout dire.

     

    Malgré l’histoire de mes grands-parents, la frontière, depuis ma naissance, on joue avec, de guerre froide en union, de grève du zèle en libre circulation. On sait dépasser les limites tout en sachant très bien de quel côté on se situe.

    Souvent on faisait le mur pour gagner 200 francs, puis on a franchi la ligne pour économiser 30 euros.

     

    Quelques kilomètres pour voir que l’étranger est un autre, plus étrange par ses us que pas des coutumes semblables, pour voir que les hommes sont les mêmes mais qu’on n’entend rien à leur germanique latin.

     

    C’était dans les années 1970.

     

    Mon père allait acheter de l’essence de l’autre côté, après son poste de travail.

    La nuit.

    Dans le noir.

    Il passe la douane.

     

    La bande à Baader est en fuite, la tension monte, le rideau tombe aux limites.

    Et mon père se retrouve menacé, mitraillette sous le nez.

    La housse de la banquette arrière de la voiture, trop petite, mal adaptée, fait comme une tente entre le sol et le dossier… Sans doute cache-t-il des armes… Cet homme est dangereux…

     

    2cv.jpgMon père sous les mitraillettes au milieu de la nuit, à la frontière du réel, tente de passer de l’autre côté du miroir, aux alouettes, à l’essence, sans saisir le sens de ce déchainement.

     

    Mon père, le terroriste en deux chevaux orange…

     

  • troublée

     routegalcier.JPG

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Me promener avec toi,

    Dehors dans le froid

    Dans cette vie, sur ce chemin-là,

    Avancer à tes côtés,

    Lancer quelques mots en l'air

    Et laisser le souffle de la vie jouer avec...

     

    Je sais bien que ce vent fera comme toujours pleurer mes yeux,

    Je sais bien que j'aurais très froid aux doigts,

    Je sais bien qu'il y aura trop d'oxygène dans mes poumons et que ma tête tournera…

     

    J'aime penser que je pourrais trouver des excuses à cet état là.

     

  • sous l'édredon, la rage

    .. faut se vautrer,

     la vie c’est comme un oreiller :

    éponge à larmes,

    dormir dessus,

    puis se réveiller

    et vivre,

    si on n'est pas mort...

    couette 3.JPG

    … faut s’abimer,

    voler dans les plumes

    s’enfoncer dans la brume

    accrocher les rêves à la corde

    évaporer l’humidité des nuits chaudes

    ne garder que la fragrance authentique

    l’essence, des gouttes de rosée d’Afrique.

     

    …faut s’allonger,

    Se r’trouver dans d’beaux draps

    Tirer la couverture à soi

    Soulever, dévoiler, toucher du doigt

    Les replis de l’âme, les plis de l’homme

    Glisser sur le coton peigné, toute ébouriffée

    Déboussoler la faux, être, puis seulement, seulement là, s’endormir.

     

  • L’homme noir qui lit, là-bas, assis.

     

    Je suis allée visiter la cite de l’immigration. Je cherchais un musée, quelque chose d’un peu nouveau à visiter à Paris, j’ai suivi le conseil d’un ami.

    Ce musée est situé Porte Dorée, ça serait amusant si ce n’était pas cynique.

    Moi, je suis géographe, l’étude des flux et des hommes, on ne me la fait pas : les périodes, les modes, les besoins derrière l’humain et l’info manipulée par une cartographie aux couleurs bien choisies pour parler à l’inconscient de celui qui ne décode pas les légendes.

    PICT0460.JPGJ’ai visité Elis Island.

    C’est un peu pareil, rayon bonne conscience.

    Et les mêmes expositions sur les monticules de valises, ça m’a rappelé Auschwitz, je n’ai pas pu m’empêcher la comparaison…

    Les conditions de vie précaires, l’eldorado, l’intégration….

    Le miracle du melting-pot…

    The Star-Spangled Banner comme la Marseillaise, abreuvée de sang impur…

     

    L’histoire c’est bien, la vie c’est maintenant.

     

    On en est où avec l’immigration ?

    tong.jpgMoi, je dis aux enfants que nous sommes tous fils d’immigrés, moi qui ne suis pas uniquement Border Line, qui suis une fille à la frontière. Et y’a toujours un pour dire que lui est un Vrai Français, y’en a toujours un pour exclure au lieu de s’interroger sur sa propre identité, y’en a toujours un pour faire des catégories, pour classer par couleur, par sonorités de prénom, toujours un musulman pour dire «  les Juifs, ils… » et m’assurer qu’il en est ainsi, même s’ils n’en ont jamais rencontré un. Ils sont jeunes, je me dis qu’il y a encore de l’espoir, mais je sens bien que parfois ils répètent mon cours sans y croire, par automatisme. Moi-même, j’ai du mal à les imaginer libres plus tard. Quelle réalité de l’égalité vont-ils connaître dans leur vie, quelle est leur marge d’évolution hors des déterminismes sociaux ?

     

    Pourquoi on a mis la Vie dans un musée ?

     

    CIMG5517.JPGOn trouve une étrange image de l’immigration dans ce musée.

     

    Certaines expos sont très bien faites, scientifiquement irréprochables, des témoignages  précieux aussi.

    J’ai beaucoup aimé cette « sculpture » intitulée « la machine à rêve »  de Kader Attia : un mannequin habillé en « hallal » devant un distributeur d’objets symboles d’intégration : préservatifs, rouge à lèvres, passeport, sous vêtements affriolants mais aussi chador. Conflit d’identité.

     

    Que me dit ce musée, à part les expos ?

     

    On a beau être à Paris, je n’ai jamais vu autant de « minorités visibles » employées, c’est même trop.

    Mais ce que me dit le musée se trouve au rez-de-chaussée.

    voaygeur.JPGJe ne parle pas des manifestations devant la porte en faveur des sans papiers. Le rez-de chaussée est un asile pour demandeurs de droits. Des familles entières trainent par terre, beaucoup d’homme seuls aussi, presque tous africains. Ils jouent au baby foot pour tuer un temps qui ne leur apportera rien. Ils jouent à côté d’un panneau où est notée cette belle pensée « un voyageur pour être sans bagage n’a pas pour autant la tête vide »… Je leur souhaite de ne savoir lire le français, pour ne pas devenir amères.

    Souffrances, sous-France

      

    Au sous-sol de la cité de l’immigration un autre musée : un aquarium, pour nager encore plus en eaux troubles ? Se faire bouffer par les caïmans ?

     

    Je sors de ce beau bâtiment art-déco sans réponses, pleine d’interrogations : sur moi, sur mon pays, sur le monde.

     

    Juste avant de repasser le contrôle de sécurité, je le vois...

     L’homme noir qui lit là-bas, assis.

     

    CIMG5528.JPG

    Il s’est isolé des autres, ceux qui tapent le carreau ou la balle de baby.

    Il n’est pas chez lui, il n’est pas en France, il est avec les mots qu’il ne quitte ni des yeux ni du doigt.

    Il a trouvé la liberté.

    Il lit.

    Je le regarde un long moment.

    J’ai très envie d’aller m’asseoir à côté de lui.

    Envie d’humanité.

     

    http://www.histoire-immigration.fr/