La quiétude des lits d'hosto…
J’avoue que je les aime.
Sans doute car je n'ai pas vraiment souffert dans ma chaire, plus eu des bleus à la Vie que poussé des cris.
Le lit d'hôpital pour moi est un endroit paisible, un endroit vide, un endroit calme.
Et tant pis si je choque, pour moi, le lit d'hôpital est un sas entre la Vie et la Mort.
Un endroit vide de peur aussi, juste une attente imprécise.
Le temps n'a pas prise ou à peine, les rayons du soleil sont filtrés par le voile opaque des fenêtres.
Plus rien de l'extérieur n'a d'importance, le travail a été laissé en plan, la lessive qu'il faut repasser, tout cela est devenu secondaire.
Même les gens… les visites sont réduites, on est seul face à soi, on n'est rien, on est calme, tout petit en attendant que la Faucheuse nous oublie. Il y a des gens qui nous aiment, en dehors, qui pensent à nous, sûrement, qui ont mal, aussi, mais qui n’ont pas le droit de le dire. A côté du lit, il n’y a que des silences et des sourires, s’assurer d’une présence. Pour se retrouver seule, calme. Loin des yeux, dans le cœur, une chaleur.
Plus rien de l'intérieur n'est vraiment maîtrisable, les infirmières passent quand elles veulent, quand elles peuvent, les examens nous sont faits sans qu'on en connaisse bien les résultats.
Sur un lit d'hôpital on est que soi, un corps avec une âme.
Sur un lit d’hôpital, on touche à l’essence, on atteint la vraie nudité.
Je suis bien sur ce lit, je regarde le soleil jouer avec le plafond, j’imagine que la Terre tourne à l’extérieur, rien ne me l’indique à l’intérieur, ma vie est suspendue.
J’aime m’allonger sur ces lits d’hôpitaux.
Vide du monde, pleine de moi.
Sereine.
En paix.