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couleurs

Blanc.

Je sors d’une période blanche.

Comme une semaine sans dimanche, la vie sans rien, sans entrain, sans lendemain. Juste le vide et ses vertiges, l’avenir qui se fige, le néant après cinquante piges.

Je ne broie pas de noir, il n’est pas question d’espoir, les quotidiens s’enchaînent sans peur mais sans saveur. Les jours défilent mais moi je reste là, suspendue au dessus du vide, sans mots, sans larmes.

Je suis en zone blanche, pas de réseau, débranchée, rien pour me relier au passé, mamie est partie, rien pour rêver un futur, pas de mail, pas de rendez-vous.

Jour après jour le fantôme de moi avance comme on attend qu’il fasse, sans faillir en surface. Je déambule dans ma petite vie sans vibrer mais sans tomber.

Je n’ai pas d’angoisse de la page blanche, je suis bien, je suis rien.

Le blanc c’est reposant lorsqu’on apprivoise le néant.

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Rouge.

Je suis entrée dans une période rouge.

Le sang s’écoule de moi, rien ne semble pouvoir l’arrêter.

Il ne s’agit pas de hémorragie mensuelle, chaque bouffée de chaleur éloigne le cauchemar menstruel, inutiles souffrances qui nettoient par caillots l’antre qui n’accueillit aucun marmot.

Mon corps saigne par là où j’ai péché : le cul. Chaque matin la cuvette rouge me rappelle ma condition de mortelle. Par l’orifice aux délices s’évacuent tous les résidus, salades, saucisses et desserts sont méconnaissables, seuls les grains de maïs s’affichent intacts avec malice.

Mon cul pleure ton absence en silence, à chaque ouverture de sphincter il libère des globules rouges, mon corps s’épuise à les fabriquer, la vie m’échappe jour après jour, je me vide, je m’éteins, plus de batterie, plus d’énergie. Tic tac, tic tac, le temps passe et rien n’y fait. Il faut attendre pour un rendez-vous, supplier pour un examen. Quand tout cela prendra-t-il fin ?

Je crève au ralenti, mes organes me lâchent insidieusement, inexorablement. Je sais que je ne peux pas continuer comme cela. Je rêve hémorroïdes, les médecins envisagent la tumeur.

Je me sais sursitaire, je me crois prête, est-ce ainsi que se finit la fête ?

 

Rose.

Fin de la période blanche.

Fin de la période rouge. Mise en délibéré. En attente d’un verdict.

Suis-je sortie d’affaire, la vie en rose ?

Après une année sans hiver, un avril sans printemps, voilà l’été.

Le brevet se termine, derniers cours comme ces trente dernières années, est-ce que ma vie va reprendre son cours ?

Comme si de rien n’était, rien a toujours été.

 

Old Faithful m’attend, fidèle et à l’heure, juste après la Devil Tower. Je veux (re)vivre ces moments magiques au Grand Prismatic.

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Y croire ?

Espoir…

Ose le rose !

 

 

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