25 août – 25 décembre
4 mois et la douleur qui s'éloigne, et la cicatrice qui s'estompe.
La maladie suspend le temps, les heures passent comme des semaines, allongée sur un lit blanc, il n'y a plus de jour, plus de nuit, juste des blouses qui se succèdent, des flacons qui se vident goutte à goutte dans mes veines. Les petits bonheurs riment avec anti-douleur.
Sortie de l’hôpital, je réapprends le temps.
Lentement tout d'abord.
Puis moins lentement.
Le temps reprend et je me remets à lui courir après.
L’énergie revenue, j’enchaîne et remplis mes journées. .
Je n'ai plus le temps, c'est lui qui m'a eue.
Et paradoxalement j'en ai plein devant moi.
Plus on en dispose, moins on en a.
Je cours pour oublier ces moments allongés.
Est vivant celui qui est en mouvement.
Je vous écris depuis Hambourg, je vous écris depuis ailleurs.
Je continue à me promener dans les villes, à me promener dans la vie.
Cet ailleurs ressemble au nôtre, l'accent est plus guttural, les plats plus roboratifs.
Nous sommes le 25 décembre...
Ici, c'est aussi Noël, ou plutôt Weihnachten.
Je ne suis pas certaine qu'un p'tit gars soit né cette nuit là, il y a 2000 ans, mais j'aime cette communion de façade, ce prétexte qui unit.
Bien sûr il y a les extrémistes, le côté trop commercial, mais j'aime croire en l'humanité.
Est-ce que je crois vraiment en l'humanité, confiante en notre avenir ?
Je ne veux pas répondre à ces questions.
Je me promène juste dans les rues illuminées, j'emplis mes poumons et je m’attable pour boire un vin chaud.
Rien que cela, des petits moments de paix, une ivresse à la cannelle.
Je me souviendrai toujours de mon lit d’hôpital, lorsque le mot cancer a été prononcé, en 2008. En avril mon avenir se suspendait et je n'étais plus capable d'imaginer un futur, dans ma tête il n'y avait plus rien, pas la mort mais le vide, je n'imaginais pas vivre Noël.
Et me voilà, le huitième Noël après.
Et je suis là.
Vous buvez un verre de vin chaud avec moi ?
Commentaires
Oui, partageons un vin chaud !