D'autres désirs d'autres fièvres
Viendront brûler dans ta vie
Pourquoi te dire je t'aime
Demain je serai loin d'ici
Bien loin d'ici
Petite fille du soleil
Le printemps va venir
Petite fille du soleil
Je dois partir
Petite fille du soleil
Je garde en souvenir
Petite fille du soleil
Ton désir
Petite fille du soleil
Surtout ne m'en veut pas
Petite fille du soleil
Oublie-moi.
( Christophe )
Et la femme boule s’est ouverte, progressivement, comme un bouton de rose, comme un bouton qu’on crève, l’abcès, le renoncement, ascète, elle se redresse, intériorise son mal et lève la tête, la bête en elle, domptée, admise, assez d’être soumise, d’être grise, assez de ce repli, elle se déplie, elle renait.
Elle est à peine remise, sans remise de peine, elle est encore démise, les cheveux en bataille, la guerre des entrailles n’aura lieu que dans sa tête. Elle est assise, en vrac, ses jambes sous elle, comme un colosse sans pied sorti de l’argile, sortie de l’asile, revenue d’exil, sans ex-ils, juste elle, et ces ailes qui lui poussent.
Elle est un peu désaxée, sur une fesse, elle ne sait sur laquelle danser, la cuisse épaisse, le bassin effondré. Le bas de son corps sommeille encore, endolori, endormi pour ne pas espérer, elle se redresse mais on devine qu’elle ne se relèvera pas.
Elle n’a pas la taille fine, elle a la taille vide. Elle déroule son squelette. Ses seins lourds dodelinent. Elle s’étire, elle se déroule, la femme boule.
Il est là, au dessus d’elle, le soleil. Il envoie ses rayons, partout, partout sauf vers elle. Alors elle lève les bras, elle s’allonge, alanguie, lascive elle sent la sève monter, elle sent les rêves hanter.
Elle le désire, elle le veut, sa chaleur sur elle, sa Lumière, la reconnaissance de son corps.
Elle ondule, elle lui offre sa croupe.
Et elle pleure.
Elle le sait bien le mal qu’il lui fait, elle le sait bien, l’utopique, lune et soleil…
Elle sait bien que ce sont ses rayons qui la tuent.
Elle sait bien, mais ne veut pas mourir avant d’avoir vécu.
Alors la femme boule se redresse et regarde devant elle,
les bras au ciel et les pieds sur terre,
les mains au paradis et le cul en enfer.
Sculpture Jeanne Magnani.