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éMERVEILLéE

J’ai beaucoup voyagé, et compte encore le faire.

 

Je suis allée en Égypte pour cocher une case, sans être passionnée, la mythologie ne me fait pas rêver. J’ai pourtant enseigné l’Égypte, chaque année depuis trente ans sans doute : les pyramides, le pharaon, les hiéroglyphes, la crue nourricière. Je voulais donc voir de mes yeux ces vestiges et remonter le Nil comme on remonte aux sources de l’humanité. J’ai eu peur de la pauvreté, de la foule, j’ai surtout eu peur de la déception, le voyage que l’on se fait dans sa tête est toujours parfait. Adepte de réel, je me suis préparée à une Égypte moderne mais poussiéreuse. Je savais que le tourisme, principale ressource du pays, serait très encadré. On n’est pas en Corée du Nord mais tout est contrôlé, les touristes suivent un circuit Potemkine.

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 C’est donc en conscience que je débarque au Caire, capitale grouillante, géante. Je regarde par la fenêtre du bus pour voler quelques réalités : le grand cimetière habité, les ordures dans les rivières, les trottoirs des allées chiques balayés, les voitures européennes hors d’âge sur lesquelles ont a cloué une plaque égyptienne plus petite sans prendre la peine d’ôter l’ancienne, les panneaux publicitaires du centre plus lumineux la nuit que sur Times Square alors que certaines rues sont dans le noir.

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Mon très bref séjour dans la capitale se justifiait par la présence d’une des sept merveilles du monde antique, la seule encore visible aujourd’hui : les pyramides !

J’ai donc débarqué un samedi matin sur le plateau de Guizeh avec des milliers d’autres touristes de toutes nationalités. Notre guide égyptienne était intarissable sur les dimensions, les fouilles, la symbolique et que sais-je encore… Elle parlait mais je ne pouvais plus l’écouter, à peine le portique de sécurité passé, mon corps était attiré par ces géants, mon regard au sommet. Ma gorge serrée je restais plantée là, hypnotisée, subjuguée, écrasée par la grandeur, par le poids des années et le poids des blocs de calcaire bien sûr, le génie fou de l’humanité.

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Il n’y a rien d’autre à dire, rien d’autre à faire qu’être là, devant ce colosse, en levant la tête on n’en voit même pas le sommet. La question du comment importe peu, le miracle est devant mes yeux, 4500 ans plus tard.

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Je suis là debout et une émotion à laquelle je n’attendais pas m’étreint, j’ai du mal à déglutir, presque du mal à respirer, les larmes montent, je ne comprends même pas ce qui m’arrive.

Je suis en train de réaliser un rêve que je n’ai jamais fait.

Je suis là et cela me suffit, je pleure de ce qui s’appelle peut-être le bonheur, celui de vivre. Je ne suis que poussière mais ce moment là est à moi, cette émotion est unique, j’en pleurerais de pleurer.

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Je me fends de quelques mots mais ils sont incapables d’atteindre la hauteur du vécu.

J’ai beaucoup vécu, et compte encore le faire.

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