Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeanneovertheworld - Page 15

  • témoin

    J’aime tes fringues dans la salle de bain.

     

    Je ne dis pas tes vêtements,

    pas tes habits, non,

    tes fringues qui trainent sans façon,

    naturellement,

    ces traces de toi qui attendent que tu reviennes dedans.

     

    sdb.JPG

     

     

     

    Ça fait plusieurs fois que je m’arrête,

    nez à nez avec tes chaussettes

    que je m’attendrie,

    devant ton shorty.

     

     

     

     

    J’aime les salles de bain

    seule.

    J’aime deviner que tu es là, quelque part

    dans ma vie, dans mon quotidien,

    une brosse à dent dans un verre

    plus tangible qu’une fragrance éphémère.

    J’aime t’attendre, j’aime te deviner.

    Si tu n’es pas là, je sais que tu existes.

    Tes fringues dans la salle de bain, c’est un futur très proche.

     sdb panier vide.JPG

    Je regarde le panier à linge...

    Il n’y a plus rien.

    Je referme le bouchon de ton dentifrice.

    Vivement que tu reviennes !

     

     

  • quand je m'appelais Laura

    Enfant je pensais que mon papa s’appelait Charles.

    En regardant la petite maison dans la prairie, je partais très loin, je n’étais plus moi, j’étais elle, la petite rouquine aux tresses mal faites.

    J’en avais un autre, de papa, tout aussi fort, tout aussi brun, mais sans bretelles.

    J’avais même une autre vie, avec de l’électricité et un frigo, mais dès que possible, je retournais à Walnut Grove.

    V 1977.JPG

     

    lauraIngalls.jpg 

     

     

     

     

    D’épisode en épisode, je grandissais avec Melissa Gilbert et ses expériences, sa vie simple, ses petits problèmes qui deviennent montagnes mais que l’on arase avec foi et courage, ses douleurs que l’on soigne avec de l’amour familial, ses espoirs qui meurent et les sourires qui fleurissent, les tensions qui finissent par s’apaiser, autour de la table, où l’on apprend des méchants, y compris la pitié et le pardon, où chacun a sa chance, où les gentils finissent par avoir la monnaie de leur pièce, où parfois on ne peut rien contre la maladie, où l’on accepte, d’une larme qui fait pousser les arbres, où les parents s’aiment profondément, papa travaille dur et maman prépare le repas.

    Je suis tombée amoureuse d’Almanzo, je suis devenue institutrice.

    Je suis tombée amoureuse de toi, je suis devenue professeur.

    Et puis un jour il n’y a plus eu de nouveaux épisodes, plus de nouvelles.

    Je suis devenue grande mais je retrouve encore Mélissa Gilbert dans ses rares apparitions télévisuelles.

    Je tombe amoureuse de Bruce Boxleitner, avant ou après qu’elle ne l’épouse, je ne sais plus bien.

    Je la regarde et je sais qu’elle est restée Laura, je retrouve comme un secret entre nous, ce monde bois de rose.

     

    Après 18 ans d’union Mélissa et Bruce divorcent.

    Après 18 ans, toi et moi, ça continue…

    Toi émois…

  • la ligne sur une page blanche

    Jeanne Orient nous a rappelé ce matin l’expression idiote « reprendre le cours de sa vie ». (http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=33748 

     

    Tout le monde le sait, on en fait des films : la vie n’est pas un long fleuve tranquille…

    Alors reprendre son cours

                après un court-circuit

    il n’y a rien de pire :

    ce serait nier le meilleur, celui qui reste à venir,

    en gommant ce pire que l’on vient de dépasser, jusqu’au pire final.

     

    Un court-circuit, quelle expression pour désigner nos accidents de la vie…

    Est-ce que ça  raccourcit notre circuit ?

    Est-ce que ça nous court-circuite du monde des insouciants ?

     

    Non, on ne m’a jamais dit de « reprendre le cours de ma vie ».

    Show must go on, poursuivre n’est pas reprendre.

    « Reprendre, c’est voler ! »

    Rien ne sera comme avant et tant mieux.

     

    Moi, on ne m’a pas dit ça.

    Au contraire.

    Je suis sortie de l’hôpital greffée, comme un petit autocollant sur le mal, un bâillon, on ne peut pas nier, on ne peut pas l’ignorer.

    Il ne faut pas.

    Mais partant sans douleurs, je m’étonnais un peu.

    « Alors, c’est déjà fini, je sors ? Et c’est tout ? »

    Et il me l’a dit, le chirurgien : « non, ce que vous avez vécu, ce n’est pas rien ».

     

    Mais je me souviens de ce médecin qui voulait résumer ma vie d’un trait sur le papier, un trait tracé à la va-vite avec son gros stylo Mont Blanc.

    « Ça, c’est une vie sans accident… »

    vie1.JPG

     

    Je regardais ce beau trait long, sans accroc, un rien monotone.

     

     « Ça c’est comme vous voyez votre vie »

    vie2.JPG

    Il avait fait ce trait vertical, comme un cœur qui s’emballe.

    C’est amusant, sur les électrocardiogrammes, c’est l’inverse : la ligne droite qui marque la fin, ici, cette secousse marquait le début de ma fin.

     

    « Mais vous vous trompez, vous avez le choix

    Avec l’immunothérapie, votre vie ça peut être ça :     »

    vie3.JPG 

    « Sans immunothérapie, ce sera ainsi : »

     vie4.JPG

     

    Et moi qui regarde ces deux lignes, courtes l’une comme l’autre, plus courte que la monotone.

    Il ne m’a aidé en rien.

    Je n’ai rien entendu d’autre : j’allais mourir, un jour, bien plus tard, quelle grande nouvelle !

     

    Alors j’ai pris le stylo trop lourd et je lui ai dis :

     

    « ma vie, je la vois comme ça… »

    vie5.JPG

    Elle continue.

    Je ne sais pas combien de temps.

    Juste suspendue.

    Juste possible.

    Et je mets tous les rêves dans les interstices.

    Et tous les petits bonheurs qui se glissent.

     

    Ma vie n’est pas une ligne sur une feuille blanche.

     

    .

     

  • les jours d'après-demain

    Je ne me sens pas optimiste. Ni pessimiste.

    Mais je le vois bien en fréquentant les gens, j’ai une force en moi qui me pousse vers demain, qui me fait prendre toutes les mauvaises nouvelles comme des faits, des points de départ que l’on ne peut changer, mais d’où on ne peut que partir. Ca ne m’empêche pas de pleurer, ça ne m’empêche pas d’avoir mal, mais je ne sombre pas, je me laisse flotter dans le courant et doucement, j’avance.

    Mon père m’apprenait à faire la planche, sur la mer. A me tenir assez droite pour bien flotter, à me tenir assez détendue pour m’adapter au flux, au reflux, à ne pas me laisser submerger par les vagues, par la panique…

    Mon prof d’histoire de lycée, monsieur Martin, a mis des mots là-dessus « fluctuat nec megitur ».

     

    Et j’ai traversé la tempête, étonnée de ne pas avoir plus souffert.

    no exit.JPGMais sans me l’avouer, j’ai eu beaucoup de mal à me projeter dans le futur.

    En mai, on me parlait de Noël mais pour moi c’était fiction.

    Réserver un séjour en vacances, au dessus de mes forces : le faire me semblant prétentieux et ne pas le faire tellement défaitiste !

     

    Dans tes bras c’était bien, au jour le jour.

    Dans tes bras ça me suffisait.

    Et les mois passent.

    Et les années passent.

    On note sur les agendas, on fait des projets.

    De plus en plus lointains.

    Et un jour on demande à sa banque un crédit pour un autre cocon…

    Avec des économies et de la rigueur, 5 ans de remboursements pourraient suffire.

    Cinq ans, la banquière, ça la fait rire !

     

    Moi je suis toute troublée depuis que j’ai réalisé ce que je lui ai demandé…

    Je ne suis pas défaitiste, juste fataliste.

    Je refuse l’espoir en tant qu’exigence, mais je prends tous les bonus inattendus.

    Désirer, c’est s’exposer à une déception, je saisis les bonheurs sans préméditation.

    Je sais bien que je ne pourrais pas tout contrôler, mais bien droite, relâchée sur la mer qui grossit quand vient l’hiver, je peux encore flotter.

    fleur banff.JPG 

     

    Pour 5 ans, pour un peu plus, pour un peu moins, je crois que je veux bien commencer à envisager après-demain.

     

    Et si tu me donnes la main, on ira peut-être plus loin…

     

     

  • un train, la nuit, les Rocheuses...

    ta main.jpg 

    Je t’aime quand tu t’endors

    Quand le sommeil s’empare de ton corps

    Et le mène vers d’autres ports.

    Je t’aime quand tu t’endors,

    Ta main dans la mienne abandonnée,

    J’aime les spasmes qui la font croire hantée,

    Tremblante, juste avant le pays des fées.

    J’aime ces soubresauts,

                                   saouls avant le grand saut

     

    Je t’aime quand tu t’endors,

    A mes côtés

    Presque autant que je t’aime quand tu te réveilles

    A mes côtés.

     

     

     

  • the yellow bus is calling us

     Je suis allée sur le trottoir avec eux, au petit matin

     J’ai joué les enfants

     J’ai joué les Américaines

     Je suis allée attendre le bus

     Jaune.

     Le bus qui amène au savoir, qui amène à l’apprentissage de la vie.

     Je suis allée sur le trottoir avec les enfants de Long Island.

     Et ça riait, et ça criait.

     Très vite ils ont oublié la Française.

     Et le bus jaune est arrivé

     Emportant les espoirs de la nation

     Ces enfants de la middle class qui croient encore que tout est possible

     Et Athina née dans une Afrique où l’on poursuivait sa mère avec une machette.

     028_25A.JPG

     Je n’avais pas remarqué leur discipline

     En rang, les garçons devant.

     Je n’avais pas remarqué non plus que ma peau n’était pas coordonnée…

     

     Trois minutes magiques

     Le bus jaune

     Attendu

     Venu

     Disparu

     Le bus vécu.

     

  • ibis repetita

    Je ne chantonnerais pas le refrain des plus beaux hôtels du monde, je ne vous emmènerais pas dans la steppe ouzbèque regarder les étoiles avant de rejoindre la yourte, je ne dirais pas non plus que le plus bel endroit du monde ressemble aux bras de l’homme aimé…

     

    ibis entrée.jpgAujourd’hui, j’ai hâte…

    Les draps auxquels j’aspire le plus, le coton peigné qui m’appelle le plus fort, sont ceux de l’Ibis de Roissy-pôle.

     

    Terminal 3.

    Terminal toi.

    Point de départ.

     

    ibis ext tarmac.JPGAu pied des pistes, comme un chalet à la montagne d’où l’on chausserait immédiatement ses skis, au pied des pistes, quelques pas, une valise et on décolle.

    Sas de décompression entre le monde et le rêve, passage presque obligé du quotidien à l’exceptionnel, qui revient, qui revient…

    Si impersonnel, si normé, si Accord, si usine et pourtant… juste un petit cocon entre soi, un espace pour qu’éclose notre monde intérieur.

    Lieu de vie international, spectacle permanent, à la réception, dans les salons, des femmes en voile, des femmes à poil, des hommes à barbe, des hommes en short, des femmes en cloque et des enfants qui courent, et des enfants qui courent…

    Et moi au milieu si sereine.

    En attente

    Une pause avant.

    En devenir.

    Comme un supplice, un vrai délice, dompter l’impatience pour vivre pleinement un demain qui s’approche.

    ibis reflet.jpgJe regarde la nuit qui a déjà des odeurs d’ailleurs, je regarde les ombres qui passent, pressent le pas, je suis là, à ma fenêtre, sur le bord.

    Les avions avancent timidement et vont flirter avec la lune, les avions avancent indifférents.

    Demain il y aura à ma place quelqu’un d’autre, en partance ou en revenance.

    Moi, je suis là et je vis, même avant de vivre.

    J’attends délicieusement.

    J’hésite à éteindre la lampe de chevet.

    J’hésite à laisser place à demain pour prolonger le temps d’avant.

    Je le vois déjà, de mon hublot, je nous vois déjà.

    Que c’est beau !

     

    Les vacances commencent là : à l‘Ibis de Roissy-pôle.

     

    .

  • holy days in NY

    Holidays, oh holidays
    C'est l'avion qui descend du ciel
    Et sous l'ombre de son aile
    Une ville passe

    NYciel.jpgNew-York est là,

    sous moi.

    2002, je reviens.

    Et n’en reviens pas

    de voir sa cicatrice,

    ce trou béant.

    Que la terre est basse
    Holidays

    New-York, me revoilà.

    Tu as changée

    Et je suis la même.

    Là, même si…

    Holidays, oh holidays
    Des églises et des HLM
    Que fait-il le Dieu qu'ils aiment?
    Qui vit dans l'espace

    Dans mon casque, le pilote n’a pas coupé la musique pour l’atterrissage,

    pour une fois

    les hotesses ne sont pas venues rechercher les écouteurs.

    Et un faux hasard me diffuse cette chanson de Polnareff…

    Que la terre est basse
    Holidays

    Au ralenti, je viens à toi, New-York.

    Que la terre est basse, cette terre qui m’appelle…

    Poussière reviendra à la poussière

    A genoux mais vivante

    Me voilà, épuisée, en attente

    Holidays, oh holidays
    De l'avion, l'ombre prend la mer
    La mer comme une préface
    Avant le désert

    L’avion caresse les buildings de l’aile

    Doucement par le hublot Manhattan se remet, éternel

    Je reviens

    Je flotte encore un peu

    Ça tangue

    Que la mer est basse
    Holidays

    Le cœur à marée haute

    Je prends la vie en pleine face

    Souffle coupé, rêves semés

    Descendrons-nous jamais de cet avion ?

    Holidays, oh holidays
    Tant de ciel et tant de nuages
    Tu ne sais pas à ton âge
    Toi que la vie lasse

    L’avion ouvre encore un peu plus ses becs

    L’avion ralenti encore

    Nous sommes comme suspendus

    A la limite du décrochage

    NY ciel 2.jpgOn flotte

    Hypersustentateurs

    Tentation

    Appel du sol

    Que la mort est basse
    Holidays

    Comme ça,

    au dessus de la ville

    qui ne dort jamais,

    Est-on en vie,

    Vraiment ?

    Holidays, oh holidays
    C'est l'avion qui habite au ciel
    Mais n'oublie pas, toi si belle
    Les avions se cassent

    Pourtant le printemps fut doux à New-York

    Les arbres à fleurs blanches du Madison Square

    Rendaient plus lumineux le gris jauni Flatiron

    Les pruniers du Japon rosissaient à Battery Park

    Intimidés par la Sphère de Fritz Koenig

    Rescapée

    Et la terre est basse
    Holidays

    Je t’aimais

    Je t’aimais encore

    Je pleurais déjà

    Peut-être…

    Je me souviens de cette chanson de Polnareff

    Et cet atterrissage de rêve

    La vie qui hésite à entrer dans le réel

    Tous les possibles encore

    Tous les riens

    Un jour j'irai à New-York avec toi
    Toutes les nuits déconner
    Et voir aucun film en entier, ça va d'soi
    Avoir la vie partagée, tailladée
    Bercés par le ronron de l'air conditionné
    Dormir dans un hôtel délatté…

    Je veux voir les feuilles rouges sur Central Park

    Depuis le toit du Guggenheim

    Marcher dans les rues

    Encore

    Encore

    Et ta main dans la mienne.

    On ira tout en haut des collines
    Regarder tout ce qu'Octobre illumine
    Mes mains sur tes cheveux
    Des écharpes pour deux

    Devant le monde qui s'incline 

    Pomme, pomme, pomme, pomme

    Beethoven n’a fait que prédire

    Ce que nous allons vivre.

    New­-York

    4ème.

     

     

    ( paroles Polnareff / Téléphone / Cabrel )

  • la sputzkuch de maman

    Elle n’employait jamais ces  mots avec nous, ses enfants.

    Je ne l’ai pas souvent entendu prononcer ces mots avec eux, ses parents.

    Je ne sais pas bien ses relations avec la langue de Goethe, qu’elle apprit à la fac, du temps où peu de femmes allaient à la fac et que l’on parlait, que l’on baragouinait plutôt, en patois, par chez nous.

    Mais elle a employé ce terme, « sputzkuch », maman.

    Et ce mot étranger a réveillé des souvenirs familiers.

    Ce mot ce que j’ai compris sans vraiment le connaître m’a plongée dans un hier doux, gorgé de vie, aux éclats de voix, aux éclats de rires assourdissants…

    Une sputzkuch….

    Une tarte aux cerises, anodine, avec sa pâte brisée commune et sa migaine presque triste, une tarte aux cerises magnifique, au gout de madeleine, façon Proust.

    J’ai bien vu qu’elle parlait de tarte aux cerises, ce n’est que plus tard que le mot sputz a ricoché dans mon cerveau…

    Je sputze, tu sputzes, il sputze, nous psutzons en chœur…

    Et tout le monde crache !

    sputz.JPGParce qu’on laisse les noyaux dans les cerises, on recrache sans cesse…

    Une tarte de la campagne, parce qu’à la ville, recracher manque de distinction, comment  faire pour garder la face en ressortant quelque chose de la bouche ? Une tarte sans manière. Une tarte vraie !

    Ma jeunesse est clairsemée de tartes à la cerise, ou de crèpes « kirchpankuchen ». Parce qu’on a toujours eu des arbres fruitiers, parce qu’on a toujours consommé des fruits et des légumes de saison. Mes préférées étaient les Napoléon. J’ai toujours aimé ce qui était charnu et ferme, de la texture, du gout…

    Cerisier-bigareau-'Napoleon'-Prunus-avium-3.jpgJ’ai 8 ans et je me balance… sur la balançoire… mes pieds arrivent presque aux feuilles du cerisier… à chaque fois que mon corps s’avance j’imagine que le jus des fruits dégouline dans ma bouche.

    J’ai 8 ans et il n’y a que de la gourmandise, par de perversion ni de sensualité.

    J’apprends la patience : celles-ci ne sont bonnes que noires….

    Puis, un jour, un bol sur la table de la cuisine…

    L’extase simple. Le gout des choses. La Vie.

     

    Les cerises, c’est le début de l’été… les rayons du soleil entre les feuilles, vertes.

    Les cerises c’est la complicité…

    Sputzen

    Un, deux, trois : crachez !

    Avec mon père, sous les cris faussement choqués de ma mère nous sortions sur le petit balcon pour cracher les noyaux, le plus loin possible. On faisait des concours sans arbitre, avec ma sœur, puis mon frère. Personne ne gagnait. Mais il fallait reprendre un bout de tarte pour la revanche, ou une pankuch de plus….

     

    Le sourire me vient  et les larmes derrière…

    C’était tout bête, c’était si bien…

    Pas besoin de vacances à l’autre bout du monde, dans ces moments là je n’avais besoin de rien pour être heureuse, que ma famille et un bol de cerises…

    Je vous aime.

    Merci.

     

    C'était si bête, c'était si bien....

    Viens dans mon  jardin... j'ai acheté des cerises...

  • petite fille du soleil

    femme solaire sépia.JPGD'autres désirs d'autres fièvres
    Viendront brûler dans ta vie
    Pourquoi te dire je t'aime
    Demain je serai loin d'ici
    Bien loin d'ici

    Petite fille du soleil
    Le printemps va venir
    Petite fille du soleil
    Je dois partir
    Petite fille du soleil
    Je garde en souvenir
    Petite fille du soleil
    Ton désir
    Petite fille du soleil
    Surtout ne m'en veut pas
    Petite fille du soleil
    Oublie-moi.

     

    ( Christophe )

     

    Et la femme boule s’est ouverte, progressivement, comme un bouton de rose, comme un bouton qu’on crève, l’abcès, le renoncement, ascète, elle se redresse, intériorise son mal et lève la tête, la bête en elle, domptée, admise, assez d’être soumise, d’être grise, assez de ce repli, elle se déplie, elle renait.

    Elle est à peine remise, sans remise de peine, elle est encore démise, les cheveux en bataille, la guerre des entrailles n’aura lieu que dans sa tête. Elle est assise, en vrac, ses jambes sous elle, comme un colosse sans pied sorti de l’argile, sortie de l’asile, revenue d’exil, sans ex-ils, juste elle, et ces ailes qui lui poussent.

    Elle est un peu désaxée, sur une fesse, elle ne sait sur laquelle danser, la cuisse épaisse, le bassin effondré. Le bas de son corps sommeille encore, endolori, endormi pour ne pas espérer, elle se redresse mais on devine qu’elle ne se relèvera pas.

    Elle n’a pas la taille fine, elle a la taille vide. Elle déroule son squelette. Ses seins lourds dodelinent. Elle s’étire, elle se déroule, la femme boule.

    Il est là, au dessus d’elle, le soleil. Il envoie ses rayons, partout, partout sauf vers elle. Alors elle lève les bras, elle s’allonge, alanguie, lascive elle sent la sève monter, elle sent les rêves hanter.

    Elle le désire, elle le veut, sa chaleur sur elle, sa Lumière, la reconnaissance de son corps.

    Elle ondule, elle lui offre sa croupe.

    Et elle pleure.

    Elle le sait bien le mal qu’il lui fait, elle le sait bien, l’utopique, lune et soleil…

     

    Elle sait bien que ce sont ses rayons qui la tuent.

     

    Elle sait bien, mais ne veut pas mourir avant d’avoir vécu.

     

    Alors la femme boule se redresse et regarde devant elle,

    les bras au ciel et les pieds sur terre,

    les mains au paradis et le cul en enfer.

     

     

    Sculpture Jeanne Magnani.