Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeanneovertheworld - Page 10

  • trace

     

    C'était un jour, c'était une nuit,

    une histoire sans H - de guerre -

    une histoire sans majuscule - comment veux-tu, comment veux-tu que je...

    Cette chambre était notre paradis, temporaire, intemporel.

    Il n'y avait que nous allongés sur cette plage de coton peigné,

    le temps était suspendu, comme lui à mes lèvres,

    je regardais le plafond comme on regarde la constellation.

    Je ne sais plus comment c'est venu,

    quels furent ses mots - je me souviens de ses mains -

    je répondis en regardant la porte : «  je ne sortirai pas de là indemne »,

    il prit peur : les hommes ont peur des phrases romantiques des femmes,

    ils ont peur de leur faire mal, palpitent les cœurs, difficile d'avouer qu'ils ne veulent queue.

    Ça n'avait rien de romantique, juste un constat introspectif.

    On s'est laissés sur le quai, et je ne m'en suis pas sortie indemne.

    C'est la moindre des choses : laisser une trace,

    que ce serait triste de se rencontrer sans que rien ne frissonne.

    Il avait peur que je me méprenne, que je m'attache,pas.jpg

    je voulais qu'il me prenne, qu'il m'attache.

    Trajectoires qui se croisent et se décroisent.

    Les mots ne créent pas toujours des maux,

    la beauté vient de l'émotion, du partage, du réel.

      

    Dans une autre vie, une autre fois, un autre monde,  

    Un autre endroit, une autre chance, un jour... 

    Tu ne viendras peut-être jamais

    Mais je dirai que je t'attends, encore


    ( « peut-être jamais », la Grande Sophie )

    Je t'attends, la boule au ventre.

    Pas la mauvaise boule, le scalpel en est venu à bout -j'espère -

    Je t'attends pour perdre pied, pour m'oublier, en toute conscience,

    à la fois inutile et nécessaire, qui ne peut pas ne pas être,

    notre monde en dehors du monde,

    depuis longtemps tu as laissé ta trace,

    le temps passe, mon temps presse.

     

     

     

     

     

  • grain de sable

     

    D'abord j'entends cette chanson écrite par Jean-Jacques Goldmann pour Christophe Willem.

    Je sais, ça fait Top 50.

    Mais en fait, moi, les chansons, je ne les écoute pas, tout d'abord je les lis.

    J'achète les albums, je sais, ça ne se fait plus non plus et je lis le livret, les mots.

    Ensuite seulement je glisse le CD dans mon lecteur et j'écoute, ces mots mis en musique.

    Balance tes habits
    Tes impostures aussi
    Prends le vent, prends le ciel
    Prends ta faim de vie, illumine ta nuit
    Redeviens subversif, impulsif, instinctif
    Bouge et danse à l'envie
    Bienséance oublie
    Délivre là ta vie

    Revenons à nous nus
    Comme aux débuts
    A nos élan perdus
    Juste nous, nus.

    Pourquoi je tombe sur cette chanson ?

    Revenons à nous nus
    Comme aux débuts
    A nos élan perdus
    Juste nous, nus.

    Retour aux sources,

    retour à la source des problèmes,

    source de fantasmes

    viens boire à ma source

    ressourçons-nous

    ça coule de source

    ramène ta baguette, sourcier !

     

    Faut pas me chercher,

    faut pas chercher la nostalgie, elle affleure.

    Pas rétrograde, pas passéiste,

    juste l'impression de mieux maîtriser.

    Le passé a été, malgré les secrets et les murmures, ça j'en suis sûre,

    alors que le futur, ce vilain, m'est incertain.

    Alors se replonger un peu dans la douceur d'un hier qui ne changera plus,

    ce qu'on croit connaître mais que l'on redécouvre avec nos yeux d’aujourd’hui.

     

    Je suis retournée à la dune, MA dune.

    Je ne peux m'empêcher de penser à une tournée d'adieu, revoir les gens, les lieux...

    Elle m'a laissée la monter, je me suis assise, j'ai fermé les yeux et j'ai senti les larmes monter.

    IMG_3857.JPG

    Mais pourquoi pleurer ? En ai-je le temps ?

    J'ai ouvert les yeux, j'ai empli mes poumons.

    Juste heureuse d'être là.

    Je me nourris d'elle, chaque grain de silice recharge mes batteries, je me sens pleine d'elle, pleine d'énergie.

    Tu es mon grain de sable, mon grain de folie, qui s'insinue, qui s'incruste, qui colle, qui se fait oublier et puis soudain gratte.

    La dune, j'ai aimé la revoir.

    Je l'ai laissée là, derrière moi.

     

    De Bordeaux, s'il me fallait retenir une photo...

    IMG_3829.JPG

    La reconnais-tu ?

    ... la flèche Saint Michel.

    De l'intérieur.

    C'est là toute la magie de l'intime, on entre dans la tour et l'on sent son cœur qui bat.

    Ha ... Ce sont les cloches ?

    On voit sa structure, ses organes, les niches secrètes. Ses marches sont usées des pas de toutes ces femmes passées avant moi, mais je suis là, au cœur.

    On voit le soleil pénétrer les ouvertures, comme ta lumière dans mes fêlures.

    C'est ce que je préfère, les coulisses.

     

    Juste nous, nus.

    Allez viens,

    balance tes habits...

     

    Je suis rentrée chez moi

    Je suis cette femme, qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.

    Avec, au fond de mon sac, un grain de sable...

     

     

    .

  • 1/12

    25 août – 25 septembre

    Ça fait un mois.

    Et je suis toujours là. Je suis même « après ».

    Je n'en doutais pas vraiment mais je ne m'imaginais pas non plus combien, sur le coup, cela pouvait être dur. Physiquement, le corps accuse le coup, se remet plus lentement, il en a sans doute un peu marre de ces rebondissements charcutiers, il a bien compris qu'il fallait passer par là mais il supporte de moins en moins je crois, il ne dit rien, encaisse.

    Je ne sais pas finalement qui du corps ou de l'esprit a le plus de mal.

    Je n'y crois plus.

    Tout le monde va mourir, je sais que je vais en mourir.

    Ce n'est pas bien différent, une question de temps simplement.

    Mais dans le lit d’hôpital, avec tous les bidons dans la perfusion, à respirer, à peine, je m'imaginais les jours où cela ira encore plus mal, le jour à partir duquel ça n'ira plus jamais mieux.

    Je n'aurais pas toujours la force.

    On a beau le savoir, on aime l'oublier.

    Je sais que cela ne sert à rien de revenir là-dessus, je sais qu'il ne faut pas.

    Mais si l'insouciance est morte, qu'en est-il de l'espérance ?

    Qu'est-ce qu'un mois dans une vie ?

    Où serai-je dans un mois ?

    A la lumière de cette question, des images me viennent, des rendez-vous, un programme, des projets. Et le sourire : l'espérance est bien là.

    Comme un rayon de soleil sur la cicatrice.

     

    25.09.PNG

  • Ses mains en moi

    Il suffit parfois de rien, pour faire s'envoler l'imagination, un regard et l'on part.

    Les hommes parlent avec leurs mains, même sans origines méridionales.

    Plutôt ce sont les mains qui parlent d'eux : calleuses, rapeuses, soyeuses, frileuses. Doigts fins, doigts ronds, doigts épais, doigts carrés. Peau blanche, peau burinée, ongles noirs, ongles rongés, ongles oubliés...

    Dans notre société la main est l'accès à l'être, par la poignée serrée on se salue, souvent le seul contact physique, viril, entre les partis.

    Regarder les mains des hommes et les imaginer en moi.

    Le toucher est unique, comme une empreinte digitale, l’étreinte digitale est une signature.

    Ce ne sont pas les mains des hommes que j'aime, mais les mains de mes hommes, en plus de la faim, elles portent le souvenir et le désir. L'explorateur qui fouille en corps, le bafouilleur voyageur, le timide, l'expert qui appuie où ça pleure...

    Peut-on vivre plus encore, peut-on encore découvrir ?

    mains6457.jpg

    Regarder les mains des hommes et les imaginer en moi.

    Mièvre formule de littérature érotique.

    Je regarde ses mains à lui, Olivier, et je sais qu'aucun homme ne saurait me pénétrer plus profondément que lui.

    Mon chirurgien.

    Du champ opératoire bleu débordent mes entrailles et il y va, une main, deux.

    Comment peut-on vouloir, comment peut-on pouvoir ?

    Rien qu'un homme qui mit ses mains en moi, comme un dieu, pouvoir de vie et d'encore.

    Et moi qui dors !!!

    Les mains des hommes, je ne peux plus les regarder sans penser au maelström intestinal, rangé, arrangé, là derrière la couture.

    Les mains des hommes en moi je ne peux plus les imaginer plus bas...

    A moins que(ue)...

    Montre-moi tes mains...

     

  • prendre date

    La maladie est toujours venue par surprise, sans que je l'invite, elle frappe à la porte de mon corps et m'emporte, d'urgences en chirurgie.

    Elle rôde et me choisit, voilà, c'est ton tour.

    Ne dit-on pas « tomber malade », comme on dit « tomber amoureux » ?

    C'est comme ça, c'est dans l'air, on ne sait pas si on va être oublié, flèche de Cupidon ou pince de crabe, on finit tous pris ou épris.

     

    Pour la première fois de ma courte vie de malade, j'ai une date.

    I HAVE A DATE !

    J'ai rendez-vous, j'ai une date.

    25 août.

    Rouvrir, couper, refermer.

    Continuer ?

     

    On dit souvent «  vivre chaque jour comme si c'était le dernier », c'est si triste.

    Profiter, oui, savoir que tout va finir un jour, oui, mais se dire que c'est vraiment le dernier, c'est très différent.

    J'ai passé un des meilleurs étés de ma vie, plein d'activités, d'aventures, de l'émotion et quelques larmes. J'ai goûté à tout ce qui me passait à portée de bouche, ce qui se boit, ce qui se mange, ce qui se suce, se déguste, se laisse embrasser.

    On dit qu'on profite mais au fond il y a toujours un goût amer, on ne peut pleinement profiter en sachant que c'est vraiment -peut-être- la dernière fois.

    Le plaisir est gâché parce que l'on pense aux autres.

     

    glace.jpgElle est énorme cette glace, il n'y a rien de trop quand on aime aimer, il n'y a rien de trop quand il n'y a pas de conséquence, rien de trop quand il n'y a plus rien après.

    Quelques minutes de bonheur, glacé, sang qui se glace quand on voit les autres autour.

    La douleur n'est que pour ceux qui restent.

     

    Je n'ai cessé de me demander «  me souviendrai-je de cet été ? » vivant chaque instant comme si...

    Je théâtralise, j’exorcise.

    Je reviendrai.

    Et toi, reviendras-tu ?

    To have a date with you, j'aimerais tant...

  • j'y tiens

     

    « ... la peau d’autrui

    est un détroit où l’on ne peut que se perdre »

     IMG_3771.JPG

     

    Sa peau à lui, elle parle sans mot dire

    Sans pouvoir qu'elle se taise, lui arrive-t-il de la maudire ?

    Elle a l'odeur d'un ailleurs alors qu'il est ici

    La peau de ses cuisses, poilue, crépue, qui l'eut cru ?

     

    Sa peau à lui frisonne à l'idée d'un contact

    Qu'importe le genre pourvu qu'il ait l'ivresse

    Elle a l'odeur du savon, friction, frisson

    Sa crinière à lui, lion du vingt-heures, si drue qui l'eut cru ?

     

    Sa peau à lui elle rougit à mon soleil

    Réveils, sommeils enchaînés, mêmes mais sans pareil

    Elle a mon odeur, celle du quotidien, petits riens qui font tout

    De mes caresses, de mes baisers, jamais repue qui l'eut cru ?

     

    Ma peau, elle murmure les fêlures

    Ma peau à moi, elle rêve de tes doigts.

     

    Je descends la ligne,

    Entre les deux collines,

    Vers l'origine de mon monde

    Et voilà que je tombe, je tombe...

    La fissure, la blessure.IMG_3773.JPG

    Il mit ses mains en moi

    Pour retirer la bête

    Qui sait, y laissa des miettes.

    Ma peau à moi, elle cache son effroi

    A la soudure

    Ma peau à moi, elle rêve d'émoi

    Sous la ceinture

    Ma peau raconte la morsure du soleil

    Jours sans faim, nuits sans sommeil

    Ma peau se parsème de grains de folie

    Bon grain, mauvais grain, ivraie, vrai lit

    Elle ne se lasse d'être lascive

    Elle se fane lorsqu'elle ne se pâme

    Elle a beau jeu de vouloir l'absolu

    Il n'y a pas qu'elle sur les os

    Ma peau rêve d'un autre corps

    Et traîne sa carcasse cabossée, rapiécée.

    Ma peau aime voir passer les années

    Sans trépasser

    Tuer le temps

    Ne pas le laisser en faire autant

    Ma peau a faim de contact

    Grignote, entracte, entre actes

    Carence, caresses

    Forteresse, forte, reste !

     

     IMG_3779.JPG

     

     

     

    Appeau,

    Peau à peau

    Happy

    And ?

    End ?

     

     

     

    Ta peau à toi, elle dit quoi ?

    Et quand ta peau parle

    A-t-elle l'accent d'ici ou d'Oc

    A mon cœur ad hoc

    Porte-t-elle, à un endroit mythique, mystique

    Le cri grave de tes révolutions étouffées, gravé

    A l'encre sympathique

    El pueblo unido jamas sera vincido

    Quand ta peau parle

    Tait-elle mon prénom ?

    J'effleurai, tu défloras, déflagration.

    Ton corps qui n'en est pas un

    Souvenir indélébile du rien

    Des touches, ta souche, ma bouche

    Refaisons connaissance

    Sans la vue

    Pas vu, pas épris,

    Mais prise, méprise de maîtrise,

    Don et abandon

    Toucher, attacher, étancher.

    Que puis-je de ta peau imaginer

    Qui ne soit pas cliché ?

    Laisse moi lire ton histoire,

    Sur ta peau, en braille

    Laisse moi relire, relier

    Délier, livrer, délivrer.

     

    Ta peau à toi, dis-moi, mon rêvé, elle dit quoi ?

     

     

     

     

     

  • dans mon carnet, en juillet

     6 juillet 

    vol Paris CDG – San Francisco

     

     

    Nous remontons la terre,

    A rebours les secondes,

    Perdre ses repères

    Pour vivre le monde.

     

    Je flotte entre maintenant...

    Et maintenant.

    Je transatlantique

    avant l'heure pacifique.

    Mais pas sans peur.

    Peut-on garder confiance en demain

    Quand on a perdu confiance en son corps,

    Combien de temps survit-on

    Avec le poison de la trahison dans les veines ?

    Je veux garder confiance en la Vie,

    Croire encore en sa haute bienveillance.

     

    Il me faut des lunettes pour mieux voir au loin,

    Tant je n'ose regarder vers demain.

    Je me laisse porter par le présent,

    Il n'est jamais le même mais il y a quelque chose de rassurant :

    Il est toujours là.

     

    Comme toi.

     

     

     

     

    8 Juillet 

    Pearl Harbor

     

    A Pearl Harbor, tout est propre et organisé, un Disney land du souvenir.

    De mémorial en visite de navires de guerre, on replonge dans l' « infamie ».pearl.PNG

    On ne parle jamais de défaite, on met en perspective la victoire finale, on ne froisse pas la visiteur japonais, on traduit et surtout on fait payer.

    Pearl Harbor est la mémoire du sacrifice d'une jeunesse insouciante, frappée et laissée sur place, des milliers coulés avec leur navire, emportés, la mer comme cimetière et le bateau comme caveau.

    L'USS Arizona est devenu l'exemple mais tout est propre, aménagé, le recueillement guidé, imposé. Reste l'idée du drame et quelques traces d'hydrocarbure à la surface.

    DSCN6353.JPG 

    Est-ce que notre mémoire fait pareil ?

    Est-ce que les souvenirs sont nettoyés, aménagés ?

    Et finalement, ce dont je me souviens, s'est-il vraiment passé ainsi ?

     

    Plus que l'acte, ce qui reste, c'est la trace.

     

     

     

     

    09 Juillet 

    Manoa Falls ( île d'Oahu, banlieue d'Honolulu )

     

     DSCN6375.JPG

    Rien qu'un petit filet d'eau, tombant d'une hauteur vertigineuse, les chutes de Manoa valent surtout pour la promenade qui y mène, une plongée dans la forêt subtropicale, en apnée.

    On se sent si petit, chaque feuille de plante qu'il fait si exotique d'avoir dans son salon s'exprime ici librement, dans des dimensions qui font culpabiliser de les vouloir poussives chez soi.

    Dans ces forêts, la Terre vit, sans se soucier de l'humain, elle a vite fait d'avaler la trace de nos pas.

    Tout m'émerveille, je suis dans un monde jurassique à quelques minutes du parking.

    Vers Manoa falls, on comprend encore moins le monde, la Création.

    Ou alors on comprend trop bien que nous ne sommes rien.

     

    Ça y est, c'est le bout du chemin.

     

    Rien qu'un petit filet d'humanité tombant d'une hauteur vertigineuse.

    La Vie vaut surtout pour la promenade, en apnée.

     

     

     

    16 juillet 

    Kilauea

     

    IMG_0353.JPG

     

    Des fissures renaît la Vie.

    Les coulées de lave noire défigurent le paysage,

    lui donnent une autre figure,

    dévastée, terres brûlées,

    la lave avale tout sur son passage,

    enrobe, englobe.

    Et soudain se fige.

     

    Qu'est-ce qu'il faut comme patience,

    Qu'est-ce qu'il faut comme confiance,

    A la graine graminée pour tenter l'aventure,

    Mener l'âpre combat,

    et vivre.

    Vivre.

     

    Des fissures renaît la Vie.IMG_0294.JPG

    De touffe en touffe, la lave est contaminée.

    Le feu destructeur devient feu le destructeur,

    le stérile devient fertile.

    Volcan,

    Phénix.

    C'est ici que tout finit,

    c'est ici que tout commence,

    Viens, reprenons la danse.

     

    De ma faille renaîtront les possibles.

    Jusqu'à la prochaine éruption.

    Jusqu'à la dernière.

     

    Des fissures renaît la Vie.

     DSCN6725.JPG

     

     

     

    18 juillet 

    Maui

     

    Je te croyais mort

    je te rêve en corps.

     

     

     

     

    Que tu m'obliges

    A lâcher prise.

     

     

     

     

    22 juillet 

    San Francisco

     

     IMG_3669.JPG

     

    Allongée sur mon lit,

    Sir Francis Drake hôtel,

    j'entends les soubresauts de la ville

    huit étages plus bas.

     

    Rumeurs, clameurs, respirations,

    le son remonte et m'emporte dans son voyage.

    Les klaxons des chauffeurs impatients, les coups de freins devant d'intrépides piétons, la sirène des pompiers et la foule qui grouille.

    Le cable car remonte Powell street avec sa musique d'un autre siècle, rouages grinçants, wagon branlant, on reconnaît les mécaniciens à leur coup de clochette qui ponctuent ce doux après-midi.

    À l'angle d'Union square un saxophoniste a du prendre place, j'entends ses gammes qui ricochent sur le bus qui soupirent, soupapes, et toujours la foule qui grouille.

    Le beefeater hèle un taxi, des enfants crient, des jeunes chantent, ce brouhaha chaotique devient musique qui me berce.

    Toute cette animation m'apaise, même en marge je suis dans le monde et je vibre avec lui.

     

    Est-ce toi que j'entends à mes côtés,

    ou la ron-ron de la climatisation ?

    Est-ce toi qui respire,

    ou l'écho des mes désirs, qui soupire ?

     

    Allongée sur mon lit

    Sir Francis Drake hôtel,

    j'entends les soubresauts de la vie,

    huit étages plus bas.

     

  • ego volcano

    Je suis la femme volcan.

    Tout est calme, reposé, entends-tu les clochettes tintinnabuler ?

    Tout est calme. Et soudain...

    Je suis la femme volcan.

    Sous ma peau bout le sang, rouge de vie, noir de mort.

    Dans mon ventre se cache l'informe,

    informe se mélangeant jusqu'à l'émoi, parfois,

    informe se mal combinant jusqu'à l'infâme.

    Je suis une femme volcan, douce et paisible,

    feignant l'innocence insipide.

    La bise au contact de mon cœur bouillant

    se réchauffe et devient brise,

    la braise à mon ventre grouillant

    s’échauffe et devient baise.

    Viens, pénètre ma chambre magmatique

    et dansons !

     

              Je tremble.

              Mon corps se fissure. Lave-ocean-3.gif

              Et érupte.

              Mes entrailles sur la table.

              Ça dégouline d'amour.

              Ça dégouline tout court,

              lave d'hémoglobine,

              giclée ardente.

     

    Tout est calme, reposé.

    Je regarde le cratère, médaille des pores.

    Je regarde la faille, comblée, cicatrisée.

    Entends-tu l'immonde gronder, la braise encore crépitante ?

    Entends-tu le ronronnement petscannien, ressens-tu la chaleur irradiante de mon corps, irradié ?

     

    Je suis la femme volcan,

    qui retourne aux volcans,

    endormis ou ruisselants.

    J'irai mettre mes pas dans cette terre qui m'accueillera quand je serai volcan éteint

    je m'en vais, voir mes frères pacifiques.

    diamond-head-crater-wm.jpg

     

     

  • Phénix

    Elle est ressuscitée, la Nature :lupin-bleu-c3l.jpg

    Pousses tendres, feuilles vertes et fleurs azur.

    Elle est ressuscitée, la Nature :

    Éclosent, explosent les boutons de roses.

    Partout le vert se décline,

    Inédites nuances qui fascinent,

    Ça sent la vie qui dégouline,

    Inédites fragrances se combinent.

    La sève jaillit, comme une folie,vert 2.jpg

    Comme une ivresse qui irradie.

    Elle est ressuscitée, la Nature

    Portant tous les espoirs dans sa verdure.

     

    Elle est ressuscitée, la Jeanne.

    Jusqu'à l'automne.

    Elle est ressuscitée, la Jeanne.

    Et puis : l'hiver.

  • traces

    1.PNG

     

       J'ai une fascination pour les cicatrices,

       les plaies, les bosses,

       les boursouflures,

       les rides

       et toutes les traces du temps.

       J'aime ces déformations de mon corps.

    2.PNG   Je ne sais pas d'où cela vient,

    cette peur de ne pas avoir vécu,

    cette peur de ne pas être en vie.

    J’aime les traces du temps sur moi,

    les blessures,

    les marques indélébiles.

    Comme si j'avais besoin de ces signes extérieurs

    pour rappeler au monde ce que je suis à l'intérieur.

    4.PNG  Je sais d'où cela vient :

       du silence au monde,

       tenir secret un pan de nos vies,

       je sais que cela a existé

       mais les autres restent hors de ce monde,

       aveugles tenus dans l'ombre. 

     

    Je regarde mon corps et je lis mon histoire.

    Chaque imperfection est un témoignage de vécu qui me rassure.

    « c'est moi qui ai vécu ».3.PNG

    Et qui vit.

    Encore.