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jeanneovertheworld - Page 38

  • En chanson

    Quelques notes qui me trottent dans la tête  :

    Le Paraguay n'est plus ce qu'il était,
    Moi non plus.
    On ne va pas regretter
    Les occasions manquées
    Ni les slows pour danser :
    Y'en a plus.
    Ceux qui restaient,
    Ou la mort ou l'amour les a eus.
    On a vu s'éloigner
    Sur des eaux agitées
    Les derniers grands voiliers.
    Y'en a plus...

    Le Paraguay n'est plus ce qu'il était,
    Nous non plus.
    Faut pas pleurer pour ça,
    Les eaux du Niagara,
    Nos amours d'autrefois
    Disparues.

    Cette chanson me plonge dans une douce nostalgie, de celle qui ne nous font rien regretter, parce que c'est la vie, parce qu'on est heureux d'avoir vécu...

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    J'étais au Paraguay, un jour d'avril 2003, c'était une autre vie. Sur mon passeport, aucune preuve de mon passage au Paraguay : le poste frontière était en rupture d'encre... Et en même temps, cette pénurie, authentique, nous donnait peut-être une image réelle de la vie de ce pays... Qu'importe le passé, la gloriole ou les ambitions, plus d'encre à la frontière, le Paraguay n'est plus ce qu'il était.

    Moi je sais que j'y étais... Mon Paraguay à moi est dans ma tête.

  • Once upon a time

    Soixante et un balais, ça fait du matos pour dépoussiérer les idées reçues. Tout en étant dans le système jusqu'au premier plan à vingt heures, tu as toujours été un peu différent, pas pareil.

    Certains auront vite fait de te qualifier d'has-been...

    Mais leur langue est sèche à force de ne plus fréquenter mon antre, has-been vaut mieux que has-never-been.

    Moi j'aime quand il t'appelle comme ça, moi la sémantik-lover. Has-been ramène à ma phrase favorite empruntée à Musset : c'est moi qui ai vécu.

    Bon anniversaire "sexagénaire"...

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  • Cours Forest

    Le jour où je me suis mise à courir…

    gondrchem1.JPGÇa m’a pris comme ça. Ce dimanche je suis seule, il fait beau, je termine une lettre, plaisir exquis du retour au manuscrit et quelque chose me pousse dehors. Je prends la voiture, me gare sur un parking bondé aux abords de l’étang de Gondrexange et j’en entame le tour, comme si j’étais poursuivie par le diable. Je passe à côté des pêcheurs du dimanche, je marche entre canal et étang, sur le chemin de halage, je rivalise avec cette péniche de location pour touristes peu pressés, théoriquement limitée à 6 km/h. J’accélère pour la doubler, mes pas s’enchainent de plus en plus vite et je ne sais pas ce qui me prend, tout à coup, je cours. Mais oui, je cours. Moi, la fille trop rationnelle je ne peux faire ce geste fou et inutile, moi la fille allergique au sport pour l’exploit et la sueur, je me mets à courir encore et encore. Mes pas sur le tapis de feuilles font une étrange musique, je cours sous les marronniers pour échapper à la chute des bogues comme si je traversais un champ de mines. Je me rends compte que les feuilles de hêtres et les feuilles de noisetiers ne font pas le même son… Lorsque mon corps n’en peut plus, lorsque je sens mes poumons collés sur ma cage thoracique, lorsque les muscles de mes cuisses se détachent de mes os comme trop cuits, je reprends ma marche. Mais c’est là que mon cœur s’emballe, que ma respiration se coupe. J’aimerais pleurer, vider tout ce qu’il y a en moi mais je n’en ai pas la force. J’avance, encore et encore. Je comprends enfin les gens qui courent, je me retourne, je regarde quelle Utopia j’ai cherché à fuir, mais il n’y a derrière moi que des couples et des familles, qui promènent chien ou enfants, c’est selon. Moi je suis seule et j’avance. J’ai le soleil dans le dos, mon ombre me dépasse, je me vois seule et je ne reconnais pas mon propre reflet, est-ce que j’ai changé ? Arrivée au pont qui enjambe le canal, je cherche la comparaison symbolique avec ma vie, quel Rubicon m’attend. Je monte sur le petit pont de bois vermoulu qui tremble. J’aimerais y voir ma vie mais je suis soudain happée hors de mes pensées, scotchée par la beauté du paysage ; il faudra que j’y repasse avec mon appareil photo : les roseaux habillés d’automne, l’étang impassible, le clocher lorrain du village, la ligne bleue du Donon au loin, et moi et moi et moi. Je reprends ma course de l’autre côté, comme une malade que je suis, comme une malade que j’ai été. Et putain, je me sens en vie. J’ai toujours une envie folle de pleurer, de hurler même mais je croise des promeneurs en ce dimanche si doux, autant de « bonjour » que l’on se doit de donner, alors que personne dans la rue la semaine ne se salue. Il faudra que je revienne dans la semaine, à l’heure où la foule travaille. J’alterne course et marche, mais je ne me sens bien que quand je cours, parce que mon corps pour suivre doit se forcer à respirer calmement, à coordonner tous ces gestes pour survivre. Je n’ai mal que lorsque je m’arrête, mais aujourd’hui je suis incapable de courir tout le long.

    gondrsquelet.JPGEn refermant la boucle, en revenant progressivement vers mon point de départ, je passe à côté du camping. Il est encore bien fréquenté pour une mi-octobre. Je reviens vers la civilisation. J’approche de la plage. En fermant les yeux je me crois à la mer, objectivement ça sent le bord de mer. Concrètement, le niveau de l’étang est bas, la vase sèche et répand cette odeur caractéristique de marée basse. J’approche de la plage, bercée par le clapotis des petites vagues rythmées par le vent. En fermant les yeux je crois respirer des relents de monoï. Je croise pour finir un groupe, un homme regarde les caravanes et dit « quand ils nous auront repris la maison, on vivra dans des caravanes », plus loin l’aire de jeu de la plage est bondée d’enfants, un couple se dispute sur la manière de ranger la poussette dans le coffre, avec un accent alsacien si prononcé qu’on dirait un spectacle comique.

    Brutal retour à la réalité, bienvenue chez les cons.

    Je rentre chez moi et je ne sais pas ce qui m’est arrivé.

    Je me suis mise à courir.

    Personne ne va me croire…

  • consolation

    bourru.JPGFinalement, outre le fait que le temps file et que personne n'ait daigné me prévenir, l'arrivée claire de l'automne a du bon. Surtout le long de la route des vins...

    L'an passé je courrais les marchés, quai des Chartrons à Bordeaux. Cette année je me contente des producteurs alsaciens.

    Le vin bourru est arrivé !

    A votre santé...

    ( la mienne... vous savez... )

  • filer au FIG

    1b2c680fb5d69599a4d067ed24608b03.jpgPartir dans les Vosges, où la géographie tient son festival.

    Rejoindre la Vologne et ses mystères, se promener dans les massifs, entre résineux et caducs, fouler un sol rose de grès. Dormir à Gérardmer pour se sentir en dehors du monde et du temps.

    Ne pas se connecter.

    Pour mieux se déconnecter ?

  • fausses feuilles

    C'est étrange, sur la route... de plus en plus de petits objets qui volent au vent, des choses que la pluie colle sur le sol. J'ai bien vu hier le cantonnier avec sa pelle tenter de faire disparaitre les preuves.

    A traverser la forêt, je trouvais cela de plus en plus étrange, on dirait que les arbres ont fait les soldes, changent de manteau tous les jours, oubliant leur veste verte, essayant un patchwork de jaune, d'or et de rouge.1e18fa9d5c856e81c5508e58384da557.jpg

    Je n'arrive pas à m'y faire : l'automne est là.

    Je n'y crois pas, ce n'est pas possible, je revois le magnolia en fleur depuis la fenêtre de l'hôpital, c'était hier.

    Dans la rue, les gens ont sorti leur grand manteau d'hiver, pas moi, ce n'est pas possible.

    8ed41afc0e75aac14dc514b5c4457bf1.jpgJe me demande combien de temps je vais pouvoir tenir avec cette certitude en moi, combien de temps je vais pouvoir vivre à une autre saison que les gens, je me demande pourquoi ils font tous semblant d'être en automne.

    Combien de temps peut-on lutter contre une certaine réalité du monde ? Combien de temps pourrais-je vivre avec MA vérité, bien au chaud sous la couverture de mes illusions ?

    932f78ac65b964be0634b6322ebb1a8f.gifHier tata a lu cette histoire... Aujourd'hui je regarde mes crayons, qui ont fait sortir du mur des êtres et des histoires, comme dans ce livre pour enfant. Et je me dis que c'est ça ma vie, écrire et faire vivre les choses, même celles qui n'existent pas. Je m'endors, comme le héros prénommé Bruno, sereine. " C'est moi qui ai vécu".

     Je résiste encore, je cherche un tube de colle pour raccrocher aux arbres les feuilles qui se lassent.

    "Elle se balance entre deux airs,
    Un côté sombre un côté clair.
    Elle dort complètement réveillée.
    Elle joue à faire mieux qu'exister.
    Elle se balance entre deux ciels,
    L'un sous ses pieds, l'autre au-dessus d'elle.
    Elle vit encore à l'heure d'été.
    Elle veut qu'il fasse beau toute l'année
    ." ( M. Sardou)

     

  • renaissance

    Je suis retourné lire sous le grand saule, avant que le vent de l'hiver ne m'en empêche. J'aime être dehors, avec le murmure des feuilles qui dansent en laissant passer à leur convenance les rayons du soleil qui viennent éclairer les pages par intermittence.

    "je suis près de toi mais si loin de vous", en lisant je deviens un peu moi aussi la fausse veuve.

    J'ai refermé le livre juste avant la fin, comme si je pouvais, par ce geste, éviter que l'histoire ne meurt.

    En rentrant chez moi, en retournant dans ma vie, je passe à côté des framboises et picore les derniers fruits avant que les plants n'hibernent. Plaisir de gosse.

    21ef289f852fb49aaec905209c76bd84.jpgEn remontant la petite allée de pierres, je passe devant mon rosier favori, celui qui donne des fleurs couleur coucher de soleil.

    Il n'a pas fleuri cette année, attaqué par une étrange maladie, triste destin des rosiers non remontants, une attaque parasite et c'est toute une année pour rien, pas de fleurs, jamais, des feuilles qui ne servent à rien, comme une femme sans enfant.

    Je passe à côté de lui, son feuillage est tâché, des branches entières déséchées. Je passe et je vois...   06e6ea289f698076f0ee76cfc40f05dc.jpg

     Un bouton, un beau petit bouton tout rose qui relève fièrement la tête.

    Je me rends compte que je n'étais pas là, au printemps, lorsqu'il aurait dû fleurir.

    Nous étions tous les deux attaqués, affaiblis par la maladie.

    Je regarde cette jeune pousse comme un miracle, émue et amusée, je rentre chez moi le sourire aux lèvres et je me dis que mon rosier et moi avons vaincu...

    Pour cette année du moins.

  • Toro

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    Parfois le samedi soir à Marsal,  c’est comme un vendredi sur Mars. 

    Clouant le bec aux pessimistes, la pluie cesse à 21 h 07, lorsque les acteurs entrent en jeu. Comme par magie, les nuages s’écartent pour nous laisser voir les étoiles, à moins que ce soient celles présentes dans les yeux des enfants qui se reflètent dans le ciel…

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    Les lumières dans la nuit, les pétarades et la musique lancinante, envoutante, très forte, trop forte… Soudain, je pars ailleurs, je suis enveloppée par le son, hypnotisée par l’image, je pars ailleurs.

     

    Dans une procession quasi-religieuse, assurément mystique, mon corps avance dans la foule anonyme. Je suis un char où une Madone blonde a le regard triste, sous une partition assourdissante digne d’un Nosferatus.

     

    Le samedi soir à Marsal plane parfois une ambiance de Saintes Maries de La Mer.

     

    Et je repars en songe au bord de la Méditerranée…

    Je n’oublie pas que la Véronique est une  « passe de capote », un moyen d’étudier le comportement de la bête en agitant un leurre, faire courir l’animal, le laisser passer le long de son corps pour mieux le connaître, et le dominer. Selon l’encyclopédie de tauromachie, la Véronique est « la plus simple et la plus belle »  des passes…

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    Entre Marsal et les Saintes Maries, je suis un chiffon rouge qui s’agite…

  • la nuit

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    Lorsque vient le soir, je regarde le soleil se coucher, je regarde le soleil se cacher.

    Je n'ai pour le jour qui se finit aucune nostalgie, voir mourir l'astre n'amène aucune déception, je suis dans l'attente du lendemain et je laisse doucement mes paupières se fermer, je les sens plus lourdes avec les heures mais mon esprit s'allège d'autant.

    Je dors paisiblement parce que je sais que la nuit me réservera des surpises.

    Comme si je vivais encore à des heures d'écart, en décallage horaire. Je dors et le monde tourne, je dors et d'autres vivent.5ec2aaab9a93fd3046be46db0d47f171.jpg

    La Petite Souris laisse sous les oreillers des enfants des trésors qu'ils découvrent au matin. Bien calée sur mon oreiller, je ferme les yeux et j'espère qu'une autre souris me déposera quelque chose aussi...

  • fête de la moule

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    Et hop, deux heures de TGV et on y est.

     

     

    Rançon de la gloire, tous les TGV et autres Thalys et Eurostar amènent dans la cité du Nord des flots de nouveaux badauds, et des convoitises proportionnelles.

    Les vrais bradeux sont morts, il ne reste que le commerce et une déferlante médiatique, comme toujours en retard.

     

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    Le ciel, navré d'un tel dévoiement, a laissé couler toutes ses larmes durant la matinée. Sous les pavés, rien que des flaques...

    Alors oui, nous aurions pu plonger dans la sinistrose. Mais, en voyant les gens se dépêtrer avec leur imperméable, avoir bien du mal à sortir le fameux K-Way de sa petite poche, le sourire revient à qui se souvient du sketch de Dany le Ch'ti.901183c9170454401b2c37127aa3a092.jpg

    Ayant ravalé notre déception, ayant compris que l'on s'était laissé avoir à imaginer le moment plutôt que simplement le vivre, nous sommes repartis et la pluie a cessé.

    Avec plaisir nous avons parcouru les rues, sans attente mais ouverts à toutes les surprises, nous n'avons pas fait d'affaires, juste quelques folies.

    "des moules et puis des frites, des frites et puis des moules", même le très select Hôtel Hermitage s'est mis au diapason en nous remplissant la panse.

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    Alors je bois à la santé... des putains d'Amsterdam, à la santé des natifs de Lille qui se rongent trop les ongles, qui sont trop bougons et disent que la braderie a perdu son âme ( c'est vrai, demeure le prétexte ), à la santé de ceux qui ne sont pas venus en pensant par avance qu'ils seraient déçus, ceux qui réfléchissent au lieu de vivre ...

    Je bois et je vous dit " c'est moi qui ai vécu"...