"Elle s’appelait Sarah, elle n’avait pas huit ans, sa vie c’était douceur, rêves et nuages blancs, mais d’autres gens en avaient décidé autrement…"
Je sais ce que vous allez dire : faut que j’arrête d’aller voir des films comme ça, où les Juifs sont déportés, où les noirs sont torturés... Je sais, on ne se refait pas …
Je suis allée voir « Elle s’appelait Sarah », au cinéma.
C'était très bien, très beau aussi, juste assez pour qu’on n’aie pas besoin de se dire que le réalisateur a voulu « faire beau ».
A côté de moi, un homme a pleuré.
Moi, je suis sortie de là, comme souvent, pas indemne, mais pleine de vie, de confiance en demain, si on peut en avoir.
Bon, d’accord, il y a le Vel d’Hiv, simplement insoutenable, mais malheureusement dans l’horreur rien de nouveau, La Rafle avait déjà bien insisté (bonjour à Jean Reno s'il me lit).
Mais si ce film est intéressant c’est qu’il nous pose au XXIème siècle, donc un siècle plus tard, si loin déjà, de l’autre côté d’un certain oubli, des événements qui deviennent faits historiques et de moins en moins faits vécus.
Et aujourd’hui, on fait quoi de cet encombrant passé ?
Ce film pose de très bonnes questions. Et comme les questions sont bonnes, il ne donne aucune réponse et nous laisse quitter la salle avec un paquet d’énergie pour que chaque spectateur vive.
Comment partager un passé douloureux ?
Suffit-il de taire pour dépasser la douleur ?
Ne pas dire, est-ce oublier ?
Doit-on fermer les yeux sur le passé pour vivre au présent ?
Peut-on vivre normalement auprès de fantômes et de cadavres sous prétexte qu’ils nous sont étrangers ?
Ne rien dire est-ce protéger ?
Peut-on se construire sur des bases fausses ?
Doit-on nier ce que l’on est pour survivre ?
Quand peut-on être soi ?
Doit-on mentir aux siens pour les laisser devenir eux ?
Ce film, il pose subtilement une question que personne n’a réglé, quelque soit le pays, quelque soit l’époque : on fait comment pour vivre au présent avec notre passé et on fait comment pour devenir ?
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