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Entends-tu ?

Que fait Jeanne en ce moment ?
Elle lit ?
Elle dort ?
Elle lit son corps en braille ?
Elle se sert du lait dans la cuisine, les pieds nus sur le sol froid ?

Comment sont les sols chez toi ?

Ici il a plu, l'électricité est revenue, les motos motardent et les moineaux pépient.
Les bananiers ploient lentement.
Des bruits : marteaux, autos, soudures, appels.

Mais Jeanne ?
Que fait Jeanne en ce moment ?

Jeanne dort.
Jeanne dîne.
J'adore, jardine, j'attends ?

Jeanne panse pense pense en corps.

Jeanne entend-elle ces coups d'agrafeuse qui scandent les gloussements des poules et toujours le bruit de ces véhicules qui ne cesse ?

Non. Elle dort.
Tout à l'heure elle rêvait. Mais là non. Là elle dort.

Jeanne n'a pas besoin de rêver.
De rêver qu'elle dîne. De rêver qu'elle vole. De rêver qu'elle aime. De rêver qu'elle écoute chanter les agrafeuses, là-bas, qui se mêlent au cri du coq.
De rêver qu'elle prend sa faucille et s'en va couper des joncs. Jeanne tond. Jeanne-t-on ? Jamais assez dit-on ?
De rêver qu'elle prend sa faux, cille, Jeanne donc ne rêve pas. Laisse la faucille et puis s'en va. S'en fout des champs et du chant là. De l'agrafeuse.
Jeanne tond le réel, fait des tas, puis s'en va.
Ailleurs.

Mais Jeanne rêve tout de même ?
Oui, parfois.
Pas là.
Là Jeanne dort.
Foutez-lui la paix, puisqu'on vous dit qu'elle dort !

Jeanne ?

« Vous entendez bien que vous n'entendez rien !
- Ça ?
- C'est son souffle.
- Ça ?
- C'est sa peau.
- Ça ?
- C'est un bateau qui file grand largue, vent de 5 Beauforts, grand-voile toute bordée, génois gonflé, spi tendu sous deux bras, allons ! »

Jeanne sous spi.
Spi naked.
Jeanne nue à la barre assure grave aux empannages.
Songez-y.
Pas elle. Qui songe pas. Qui dort.

Jeanne, que fais-tu en ce moment ?

«Je ne veux pas vous le dire, garnements. Prenez vos larmes et vos jouets, chut, et refermez bien le ciel en partant ; moi, je sors un instant.»

Jeanne.

( texte publié avec l'autorisation de l'auteur )

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Je pleure à chaque fois que je lis ce texte.

Un mail espéré et inattendu, du bout du monde, un jour ou une nuit, nous n’étions plus à la même heure.

Mais l’avons nous été un jour ?

Un mail qui ne dit rien, un mail qui dit tout.

Ce qu’il a vu en moi, ce qu’il a perçu et tout ce qu’il a si bien compris.

Je ne l’ai jamais vu, je ne lui ai jamais touché la main…

smile.JPGJe crois qu’il n’existe pas…

Mais d’où me viennent ces mots qui trahissent ce que je suis si fidèlement ?

Du ciel, après un orage cette nuit ?

Du hell ?

Duel en elle. 

Oui, je dors…

Mais ce sourire, il est pour toi.

J’avance, suivant la marche lente des glaciers.  

J'avance car je sais en mon cœur, « c’est moi qui ai vécu ».

 

 

"Jeanne tond le réel, fait des tas, puis s'en va.
Ailleurs."

 

 

  

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