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" homo sum "

l’homme qui posait sa main sur les arbres pour trouver ses racines…

 

On rencontre parfois les gens pour de mauvaises raisons, puisque pour découvrir, il ne faut pas chercher. Mais la vie, pas rancunière, nous réserve encore des surprises : sous les pavés, le sable émouvant.

  

« Tu ne poses pas de question… »

Sans doute a-t-il cru que je ne voulais rien savoir de lui.

Sans doute n’a-t-il pas compris, lorsqu’il s’est agit de ne pas consommer, ce qu’était venu faire cette fille qui ne demandait rien.

 

Je ne pose pas de question auxquelles on  pourrait répondre par des clichés sociétaux, je ne pose pas de questions qui pourraient ouvrir la porte à la banalité, réponses réchauffées, rayon traiteur des supermarchés.

Je ne me pose même pas de questions à voix basse, je ne fais qu’ouvrir mes yeux, mon âme, mon cœur et tous les autres capteurs, pour récupérer à la dérobade ce que les gens laissent traîner derrière eux.

Je collecte la vie qui s’échappe comme autant de vérités.

 

roger.JPGLa seule question qui vaille est « qui es-tu ? », mais lui-même ne le sait pas.

Je ne pose pas de question et il ne dit rien, il attend pour se construire et se définir, mes mots pour s’appuyer. Je ne veux pas de construction, pas d’image, juste l’essence.

Et il est quoi au juste ? Ce que l’on voit trompe tout le monde et lorsqu’il se regarde dans la glace il ne se reconnaît que par habitude. Si chaque être est unique, on trouve souvent des mots pour les décrire, des cases pour les ranger. De lui on n’a que des fragments : des origines, une famille, une langue oubliée, un continent, puis un autre continent, des études, un métier, une vocation, un don, la descendance, la souffrance, le chant, les signes, les gens, la vie...

Et cette couleur aux mains qui ne s’en va pas, même en frottant bien.

Si ses mains sont si râpeuses, c’est pour dire les écorchures de la vie, même ses allergies sont des cris de son corps, de cet être qui est coincé à l’intérieur, qui voudrait être lui, pas victime, pas exemple, juste lui.

Et le bleu dans le sombre de ses yeux …

 

Je le regarde, lui qui fuit vers un demain qu’il aimerait certain, en oubliant de vivre ici et maintenant. Il dit Carpe Diem pour se freiner, ne pas oublier, s’excuser presque. Le temps, c’est pas de l’argent comptant, c’est de l’espoir et lui veut du savoir, en poésie. Je regarde son ombre sur le trottoir, elle va moins vite que lui, elle attend qu’on le retienne.

 

Et ces yeux posés sur lui, dans le bus, qui lui rappellent ce qu’il parait, tuant encore plus ce qu’il tente d’être...

 

Je suis revenue à moi, sans grand émoi, indemne, en apparence...

 Mais j’ai depuis longtemps appris à me méfier des « riens ».

 Depuis pourtant, je ne fais que me poser cette question : « QUI êtes-vous ? ».  

 Et cette éternelle question boomerang que je ne peux ignorer : " QUI suis-je ? "

 

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