Je ne sais pas pourquoi, j’ai retenu cette fenêtre là,
Son ironie,
Ses promesses,
Service ORL,
Hôpital Central,
Nancy.
C’était juillet, il faisait beau, il faisait même plutôt chaud.
Dans cet univers aseptisé, dans cet univers d’éclopés, une fenêtre ouverte,
Derrière la plante verte,
Et nous, bien assis sur les chaises
Qui attendions l’appel de notre nom.
Avec ces petites pensées atroces : se comparer aux autres malades,
Avec ces petites satisfactions mesquines de se croire moins atteint,
Ces petits plaisirs de se dire, de se voir, de se croire, d’être… différent.
Une salle d’attente lumineuse et colorée,
Nouvellement repeinte,
Budget pour les pots, pas pour les fesses : de vieilles chaises défoncées et dépareillées.
Mon corps est dans la salle, parmi les autres.
Mon regard s’évade, par la fenêtre.
Mon regard caresse le soleil et surfe sur les nuages blancs.
Dehors, il y a des oiseaux, dehors, c’est la vie.
Ni belle, ni laide.
Grouillante et bruyante,
Des voitures qui passent,
L’odeur des acacias secoués par le frisson d’une brise,
L’odeur des gaz d’échappements d’un bus,
Tout se mélange.
Et mon corps reste là, dans la salle d’attente.
Un papillon est entré
Par la fenêtre.
Doucement le clapotis imperceptible de ses ailes,
Je le vois et je rêve sa musique.
Un petit moment magique
Qui dans ce décor sans émotion secoue le cœur
Et transporte le corps vers un ailleurs chantant.
Un papillon est entré
Me voler un sourire
Et faire monter les larmes.
J’entends mon nom au loin.
Le papillon repasse la fenêtre.
Peut-on tous si facilement s’évader ?
J’entends mon nom.
" Vite, madame…
Il faut que je rejoigne le papillon..."