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  • mots dits

    Je lui ai dit :

    je ne sortirai pas d’ici indemne...

    J’ai vu dans ses yeux la peur, l’incompréhension qui soudain plomba une relation légère et sans conséquence. Il ne voulait pas être sage, mais juste de passage ; il voulait me prendre et me laisser, je l’avais accepté, je n’aurais pas su quoi faire de lui.

    Mais je ne voulais pas sortir de cette chambre indemne, pour moi, de cela, il n’a jamais été question.

    La vie laisse des traces, c’est à cela qu’on voit qu’on est vivant.

    Je voulais me souvenir de chaque moment, je voulais savourer et me l’avouer, puis partir, poursuivre mon chemin, semblable mais différente, nourrie de cette expérience, troublée peut-être, blessée pourquoi pas, mais jamais, non jamais indemne.

     

    Je lui ai dit :

    vous ne savez pas embrasser...

    Je me la suis jouée maîtresse, comme si je maîtrisais ces instants de découverte, je me la suis jouée experte comme si j’embrassais jour après jour des inconnus dans les rues.

    Je ne lui ai pas laissé le temps de se rattraper, de m’initier à ses baisers. Mon vrai trouble était de n’en ressentir aucun et de ne pas avoir envie de sa bouche engluée à la mienne, de sa langue au chaud tourbillonnant avec la mienne.

    Et si le baiser amoureux, le baiser langoureux, était le summum de l’intime entre deux êtres ? Le sexe c’est animal, viscéral, c’est organique, bien moins dramatique qu’un baiser...

     

    Je lui ai dit :

    j’aimerais que tu reste là pour le reste de ma vie...

    Il m’a fait répéter, j’ai senti sa gêne et presque sa tristesse, il a du me croire éprise ou brisée, soumise ou emprisonnée. Il a du croire que je n’avais pas renoncé à ma vie avec lui, à l’espoir d’un quotidien sous son soleil.

    Je voulais dire : j’aimerais que tu restes là, abouché à mon sexe, tout le reste de ma vie.

    Je voulais dire : je veux mourir comme cela, maintenant, ta langue en bas.

    Il connaît les endroits, il connaît la manière, mon sexe le reconnaît et l’attend, éternellement. Il navigue entre les chairs, du bouton aux méats, il passe sans insister et repasse sans se lasser, il me dévore, il me picore, je cède, abandonnant ma pudeur, je lâche prise, je deviens une boule de sensations, douces, subtiles et chaudes. Les mots manquent pour qualifier le bien être qui m’envahit alors, je fonds, les draps s’inondent. Je perds pieds, je perds l’équilibre, il persévère. Tout l’univers tourne alors autour de ce bouton, sa langue s’y enlace, inlassablement, cette langue dont je me languis aujourd’hui.

    Je ferme les yeux, allongée sur mon lit, j’écarte doucement les jambes et j’essaie de l’imaginer là. Cruels souvenirs qui ne fixent pas les sensations, je suis incapable de le retrouver, de sentir son souffle à ma fente, sa chaleur irradiante. Plus rien de ce bien-être, de cet oubli de soi qui me fait me sentir être, qui ressuscite la femme qui sommeille.

    Main qui caresse et qui blesse, rien ne le remplace.

     

    Je lui ai dit :

    je ne suis pas une fille qui reste...

    Je ne savais pas et je pense que je ne voulais pas. Je n’avais pas encore expérimenté la vie, je voulais tester, goûter à tous les fruits, même ceux qui sont défendus, surtout ceux-là…

    Je lui ai dit : je ne suis pas une fille qui reste, alors il a pris ma main et il est venu avec moi.

     

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