Il y a la mémoire, celle des dates, celle des événements vécus.
Les autres mémoires me fascinent.
La mémoire olfactive : une odeur et je retourne en enfance sur la balançoire du jardin de mémé, attendant que les grumbeerkiechle cuisent, un parfum et me revient la douceur musquée de ta peau.
La mémoire auditive : une musique et l’on retourne en enfance, une voix et je tremble... ta voix et mes yeux s’inondent.
Je me souviens…
Les étés sont chauds à la Grande Motte.
En un quart d’heure on rejoint la mer en empruntant une coulée verte.
J’ai huit ans.
J’ai quinze ans.
Le rituel est le même, la petite tribu familiale rejoint la plage à l’ombre des pins parasols, le long des lauriers en fleurs.
Mon père ouvre la marche.
Je me souviens…
La musique de ses pas est ma madeleine de Proust.
Toute l’année au travail, en vacances il portait des tongs.
Des tongs bon marché, en plastique, avec une semelle de mousse.
Des tongs qui claquent sur sa voûte plantaire à chaque enjambée, un bruit sec, net, une musique régulière.
Quand vient l’été et que je sors mes tongs, je pense à mon père.
Bonne fête papa...