C’était vers l’an 2000, c’était juste après l’année zéro.
Un coup de cœur pour le réalisateur Amos Gitaï, un coup au cœur par son film Kadosh.
S’il fallait retenir une image, ce serait celle du passage mensuel au mikvé, cette rage de devoir y retourner suivant un calendrier tristement régulier. Une souffrance individuelle de femme qui s’expose aux yeux de toute la communauté, une femme vide à en hurler qui ne trouve aucun soutien auprès des siens.
Kadosh, c’est l’histoire d’un couple passionnément amoureux, uni d’un amour si fort qu’on ne peut que remercier Dieu tous les matins. Et pas d’enfant. Cette incompréhension. En plus de devoir dépasser sa propre déception de ne pouvoir offrir descendance à son aimé, en plus de devoir faire son propre deuil de maternité, Rikva doit se battre contre les religieux qui vont pousser son mari à la répudier. Si cela se trouve, c’est lui qui était stérile... Mais Rikva va se taire, va se soumettre, va renoncer à celui qu’elle aime et qui l’aime. Ils vont se soumettre aux exigences des hommes. L’intériorisation des dogmes est si forte qu’ils sont rongés de l'intérieur et renoncent à franchir le pas de la révolte contre des règles que les détruisent.
Moi je pleure. Cette abnégation, cette soumission, ce renoncement, cet oubli de soi, cet amour de Dieu, comme une confiance dans l’incompréhension. Je me sens Rikva. Cette souffrance de femme. Qui s’oublie. Jusqu’à renoncer à la vie, jusqu’à se laisser mourir.
Il y a trop de vie en moi pour sombrer comme ça. Je prends la mort de Mikva dans la fiction pour continuer à vivre dans la vraie vie, les entrailles vides et l’amour qui déborde.
Le mikvé devient pour moi soumission aux préceptes de dieu et humiliation par les hommes.
Le mikvé à ce moment là, c’est l’oubli de soi.