Elle me dit que je pleure tout le temps,
Que je suis comme un tout p'tit enfant
Qu'aime plus ses jeux, sa vie, sa maman.
Elle dit que je pleure tout le temps,
Que je suis carrément mé'chant, jamais content,
Carrément méchant, jamais content.
J’ai une tendresse particulière
Pour ces types qui font des manières
Qui repensent nos villes,
Comme Ricardo Bofill
Qui réinventent l’allégorie
Comme Frédéric Auguste Bartholdi
J’ai une tendresse particulière
Pour ces types qui a leur manière
Jalonnent l’espace d’un peu plus d’humanité
Sans rien nous faire regretter…
A part peut-être Lecorbusier…
J'aime contourner le Lion de Belfort en recherchant son profil, à la recherche du créateur plutôt que de la carte postale. D'un clic dans un blog, je relie deux oeuvres et présente au roi des animaux la reine des statues, de dos... Gageons qu'ils resteront sages, en frères de créateur, enfants de Bartholdi, l'alsacien, le Français international.
J'ai aimé faire le tour de l'opéra que Jørn Oberg Utzon n'a jamais vu fini, voir la lune se lever, monter dans le ciel et me donner ce spectacle lumineux sur fond de vagues qui clapotent.
(http://jeanneovertheworld.hautetfort.com/archive/2008/12/08/necro.html)
J'aime rêver à tout ce que je n'ai pas encore fixé en fichier numérique, ces rues de Rome, ces empreintes de Vinci, la poudre de Michel Ange, la rigueur d'Haussman, la folie douce de Gaudi...
Mais le 2 mai, je me suis fachée avec Le Corbusier.
Se perdre en Haute Saône, s'orienter avec l'église en haut de la colline de Ronchamp... Délicieux abandon.
L'architecture, comme tout art, ne se discute pas. Je regarde le bâtiment, je ne me demande pas si j'aime, j'aime qu'il existe, par amour de l'art et de la liberté d'expression. J'aime les lignes folles, sorties d'un esprit et réalisées par d'autres mains.
L'histoire est pourtant belle : construite sur les ruines d'un sanctuaire du Moyen Âge, détruit par des bombardements, après avoir subi au cours des siècles de nombreux dégâts causés par les orages et les guerres. Alors redresser Notre-Dame-Du-Haut...
Mais pour moi un bâtiment doit vivre, comme Notre-Dame de Paris, comme l'opéra de Sydney... A Ronchamp, il n'y a que survie. "Bâtiment privé", fonds privés et finalement privé de public...
Pas de vraie paroisse, pas de curé permanent. Un musée avec rien dedans, que l'on garde. Un bâtiment qui pleure sur sa colline, à regarder le monde en bas, ce monde auquel il n'appartient pas vraiment.
Heureusement je n'ai pas visité l'église Saint-Pierre de Firminy, dans la Loire. De ce que j'ai lu je retiens le copinage, la lenteur de la construction et surtout la non-insertion dans la vie.
"Principalement religieuses, ces réalisations sont plus que des « machines à habiter », et offrent au visiteur une composition plastique dont la forme, toujours basée sur un jeu mathématique, témoigne d'une approche sensible de l'architecture, faisant appel aux émotions.", voilà ce que dit Wiki, mon émotion à moi est celle-ci : 5 euros pour faire deux photos d'un cadavre, c'est trop. J'aurais aimé voir une chapelle rayonnante à Ronchamp, il n'y a que le souvenir éteint d'un homme prénommé Charles-Edouard.
Alors, comme ces petits panneaux penchés le répètent dans toutes les langues, je vais me taire et prier, que la vie revienne à Ronchamp...