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  • nos vies parallèles

    Les élèves sont souvent en quête de sens, comme les petits enfants en crise de pourquoi, les ados du collège, déjà désabusés, demandent plus facilement « à quoi ça sert ? », comme si tout dans la vie devait être utile, avoir une fonction propre, une rentabilité aussi. J’essaie de leur ouvrir les yeux au beau, que j’appelle art. Le beau est ce qui n’est pas nécessaire mais pourtant indispensable. Ce qui fait peut-être de nous des hommes.

    « À quoi ça sert ? », cette question me révolte car, enseignant l’histoire et la géographie, il est évident pour moi qu’une meilleure connaissance du passé et des conditions actuelles peut faire de nous des acteurs du monde et non de simples spectateurs. Bien sûr l’utilité de la matière est intangible. On parlera pour simplifier de culture générale même si cette culture est plus sociétale voire sociale. Qu’est-ce qui est en effet général sur cette Terre ?

    J’exhorte mes élèves de ne pas généraliser, tous les Chinois ne sont pas petits, tous les Étatusiens ne sont pas riches. Je ne concède qu’une universalité : nous allons tous mourir.

    Enfant, je me demandais aussi à quoi certains cours allaient pouvoir me servir.

    De mes cours de mathématiques subsistent quelques formules approximatives et une phrase «  deux droites parallèles ne se rencontrent jamais ». Cette phrase m’a servi à ne plus confondre latitude et longitude, visualisant parallèles solitaires et méridiens se joignant aux pôles.

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    Mon âme romantique peste, mon âme romanesque tique.

    Ne jamais dire jamais...

    Que dire de nos âmes, de nos vies ? Parallèles. Toi dans ton monde, moi dans le mien.

    La vie n’est pas un long fleuve tranquille, si nous devions la dessiner par une ligne, ce ne serait pas une droite mais un tracé fait de méandres, de cascades, de zones tumultueuses et de parties plus calmes. Jusqu’à la fin, l’embouchure sur l’océan du néant.

    Deux vies parallèles ne se rencontrent jamais…

    Je révise mes théorèmes, relis les règles, refais les calculs, refusant ce déterminisme.

    Les choses ne sont pas toujours ce que l’on croit, ne sont pas pas seulement ce que l’on voit.

    Il suffit de sortir de la vision euclidienne pour se dire qu’une ligne est un cercle de rayon infini.

    Nos vies parallèles ne se rencontrent jamais.

    Je ne maîtrise pas suffisamment les mathématiques, surtout la géométrie dans l’espace, pour expliquer comment des parallèles peuvent se croiser. Cela arrive pourtant dans une dimension particulière, dans des espaces hors du temps et du monde.

    Puisque ce qui est parallèle ne se rencontre officiellement pas, ces rencontres n’existent que pour ceux qui les vivent. Libérés du regard de la société, ces lieux donnent un accès à un moi inexploré, permettent de s’ouvrir, de se découvrir.

    Et de se dire … « c’est moi qui ai vécu » !

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