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  • mots contre maux

    Les mots passés ne sont pas perdus pour tout le monde.

     

    On oublie beaucoup de choses, des détails, la mémoire déforme le réel, on recrée sa vérité.

    Communiquer est hasardeux, discuter périlleux.

    Je me souviens des phrases idiotes que j’ai pu prononcer «  non, c’est vrai ? » quand un ami m’annonça la mort de sa fiancée, comme si on pouvait s’amuser à inventer un accident de voiture…

    Je me souviens de tout ce que je n’ai pas dit, de ce silence entre nous, jardin des Tuileries.

    Pourtant communiquer est nécessaire.

    Qui ne peut pas ne pas être.

    La triste histoire de Vincent Lambert a eu le mérite de bousculer les consciences des vivants, de les interroger sur la mort, ou la définition même d’exister.

    Voilà la limite que j’ai fixée : si je ne peux plus communiquer, débranchez-moi.

    Même clouée dans un lit, si je peux encore, en clignant de l’œil te dire que je t’aime, la vie vaut d’être vécue. Peut-être pas longtemps, mais si je peux communiquer je peux décider.

     

    La Vie c’est le Partage

     

    Je parviens donc, maladroitement, à exprimer mon attachement aux gens, à m’inquiéter pour eux, à les encourager, à partager des moments et des bons sentiments. Les mauvais, eux, ne servent à rien même si la colère est salutaire.

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    Deux personnes m’ont récemment avoué avoir été marquées par mes mots, au point de modifier leurs vies en guidant leurs décisions.

    Pas les mots écrits pour faire joli.

    Des mots prononcés, nus, dans des discussions de Grands.

     

    «  Veille à ne pas avoir de regret »

    Elle fait tellement cliché cette phrase, et pourtant qui ose agir dans cet esprit d’absolu ?

    Quand on aime quelqu’un à qui on voudrait hurler «  reste », il faut savoir dire « tu peux partir ».
    Il faut savoir être égoïste, savoir être soi, pour être ensuite avec les autres. Alors ne regrette pas… Laissons faire la Vie.

     

    « Je ne toucherai probablement jamais ma retraite, alors je profite maintenant »

    La secrétaire du collège a de gros soucis de santé, nous discutons souvent. Il n’y a pas de hiérarchie dans la douleur ou la maladie, mais elle est aussi pessimiste que je suis positive.

    Il est possible que je meure avant de toucher ma retraite. C’est d’ailleurs le cas de milliers d’accidentés par an, sans parler forcément de cancer.

    Elle m’a répété cette phrase, comme un retour de gifle, parce que cela devenait de plus en plus réel, pour elle. Mais je crois que cela l’ai aidée à accepter l’inacceptable. Il faut avouer ses faiblesses, ouvrir les yeux sur nos blessures mais surtout avancer et prendre tout ce que la Vie donne, avidement.

     

    Les deux phrases sont les mêmes.

    Ce ne sont pas mes mots qui ont touchés les gens mais juste la lumière et le soutien que j’y ai mis.

    « Carpe diem quam minimum credula postero », ce n’est pas nouveau, mais qui réfléchit vraiment à ce que cela veut dire ?

    Qui agit en conséquence ?

    Qui ose ?

     

    Vivre aussi intensément que possible car je peux mourir demain, c’est fatigant !

    Je me contente de vivre en paix avec moi-même, je savoure de petites choses. Mon frigo est rempli, j’ai un toit, mes désirs et mes dépenses sont assez raisonnables pour me permettre de ne pas compter, j’appelle cela le luxe.

     

    Et je t’aime.

    Infiniment.