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Madeleine, j'aime tant ça

L’été dernier, j’ai découvert la plume du polymorphe Benoît Chavaneau.

http://jeanneovertheworld.hautetfort.com/archive/2011/09/24/sorti-de-la-brume-le-livre-de-l-ete.html

 

Cet été j’ai cherché un petit livre à emporter, un livre de poche à laisser dans un hôtel après lecture, un petit rien sans trop de pages, avec une histoire légère, une histoire de plage, moi qui ne vais plus au soleil.

madeleine.jpg

 

 

Et c’est tombé sur elle, Amanda Sthers et sa Madeleine.

 

Avec une pointe de curiosité jalouse :

comment a-t-elle pu me ravir Patrick ?

Ecrit-elle mieux que moi ?

http://jeanneovertheworld.hautetfort.com/archive/2009/03/18/image-d-homme-homme-d-images.html

 

Je lis le quatrième de couverture : " Il l'a vouvoyée. Il n'a parlé de rien. Ni de maisons, ni de ce lit, ni de cette fois. Est-ce un rendez-vous ? Une deuxième visite ? Il a donné l'heure d'arrivée de son avion. Le même, même jour. Déjà deux mois plus tard. Le souvenir est bien là, brûlant sur les cuisses de Madeleine. Est-ce qu'il faut aller chez le coiffeur ? Du noir, ça mincit mais la peur aussi, le lointain. Du marine ? Du marron ? Du temps, pas beaucoup ? Que dit-elle ? Elle dit oui, je vous attendrai. Le silence est long. "Vous me reconnaîtrez ?" essaie-t-elle. Il ne répond même pas. Elle ne sait pas comment on attrape un homme, ils lui glissent entre les doigts comme du vif-argent, et celui-là est bien plus qu'un homme. Il est celui qu'elle aime, celui qu'elle attendait. "

 

Je prends le roman, comme une évidence, je passe à la caisse.

Je passe à la douane,

je m’envole pour l’Asie,

Jeanne elle aime tant ça

 

Je n’ai pas trop aimé son style, mais il ne m’a pas gênée, je trouvais juste que sa manière d’amener le mot « sexe » manquait de sensualité, elle a une écriture froide, sèche, détachée.

Mais je m’accroche à l’histoire.

125 pages, c’est vite dégusté, mais j’ai la digestion lente.

Je lis toujours les mêmes livres, les mêmes histoires.

Celui-ci n’avait pas plus d’intérêt que tant d’autres, mais pas moins non plus pour moi.

Jusqu’à la fin je me demande ce qu’il va m’apporter.

Jusqu’aux 10 dernières lignes :

« Un jour Madeleine mourra d’un cancer, Rémi lui tiendra la main. Elle pensera à Castellot qui a traversé sa vie comme on traverse un couloir. On nous voit et puis plus. On partage sa peau pour un moment qui se sauve. Voilà. Castellot n’a jamais existé. »

 

Je ne sais pourquoi je cherche, dans un roman, non pas l’évasion mais l’introspection, je cherche à lire mes histoires avec d’autres mots et d’autres lieux, mais les mêmes émotions, les mêmes cicatrices que l'on garde, les mêmes rêves de récidive que l’on tait, les mêmes envies qui tordent le ventre, ce même fatalisme, ce drame à l’Antigone, qu’on ne veut éviter pour le plaisir de se dire qu’on a vécu, ne serait-ce qu’une nuit, une semaine…

Sans doute pour me rassurer, lire l’universalité au-delà de l’unique d’une vie.

 

Et cette peur folle de me dire « Castellot n’a jamais existé », comme si une partie de ma vie m’échappait, comme si un morceau de mon cœur s’était desséché, comme une peau morte, inutile.

Non, je veux me souvenir, de tout, de toi, de nous, de l’émoi, de ce qui fait ce que je suis aujourd’hui, de ce qui fait que j’aime et que parfois je pleure dans un avion en finissant de lire un roman presque quelconque,

un roman pour moi,

un roman-moi.

 

 

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