A-t-on idée de tout casser
De tout brûler
De tout changer
Depuis le temps que la montagne s'est dressée ?
A-t-on idée de lui donner
Un coup de pied ?
Il est des catastrophes plus récentes que le cratère du Lac (http://jeanneovertheworld.hautetfort.com/archive/2009/08/12/cratere.html).
En remontant la chaîne des Cascades, on voit bien toutes ces poussées venues des entrailles de la terre, tous ces cônes aux sommets enneigés, qui prennent le nom de "mont" pour paraître moins dangereux.
Mont Hood, Mont Rainier...
Il avait ce visage, avant : le mont Saint Helens...
La terre avait déjà tremblé, sa carapace s'était déjà fissurée, il avait déjà postillonné, crachant des cendres durant des mois, mais c'était du temps où l'on ne faisait pas de photos. Après 1850, il s'est endormi. On a oublié de s'en méfier.
Et puis la terre s'est remise à trembler, de plus en plus fort, pour avertir les gens.
Et puis Hop, décapité !
18 mai 1980.
Eruption à en perdre la tête.
57 morts.
Des paysages bouleversés, des cicatrices dans la fôret qui ont du mal à se refermer. Presque trente ans plus tard, il reste encore quelques squelettes fiers, debout au loin, mais la vie a repris depuis longtemps.
Ce qu'il y a de bien, à chercher les blessures de la Terre, c'est qu'on arrive toujours à la même conclusion : la vie est plus forte que tout. Toujours un putain d'espoir qui reste en embuscade, toujours une graine qui attend pour faire éclore sa fleur.
Certains commencent à oublier, d'autres n'ont même pas connu ses colères.
Moi, je contemple les cicatrices. Tout est si calme...
Je sais bien qu'un jour tout cela m'explosera encore à la gueule.
Un panneau me prévient, inutilement. Oui, je sais que le chemin qui m'attend est difficile, qu'il y aura des pentes raides, des précipices, qu'il ne faudra pas trembler, mais avancer...
Je suis devant le cratère, en face de ce qu'il reste du Mont Saint Helens et je pense à tout cela.
Je gonfle mes poumons.
Je crois écraser une larme mais non, c'est le vent qui souffle à cette altitude qui me l'arrache. Je ne pleure pas, je vis.
Dans ce paysage ravagé, je vis...
