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    25 aout - 25 octobre

     

    Deux mois, à en devenir schizo si on oubliait un S.

    Il y a deux mois, un moi est mort, le moi terriblement vivant qui s'était dit, en 2008 « je n'ai pas survécu pour ne pas sur-vivre », le moi qui avait tout de même fini par oublier...

    Et pourtant... « memento mori » .

    Reste l'autre moi, celui encore debout, par réflexe.

    J'essaie de reprendre la vie, j'en suis à l'étape de la reprise du travail, mais je souffre de ses futilités et de ses faux drames, souvent envie d'être ailleurs.

     

    Deux mois, c'est physiquement magique, je peux (presque) tout faire, tout vivre.

    Et parfois même tout re-vivre.

     

    Ce dimanche, je randonne sur la ligne Maginot, autour du b 2.PNGSimserhof.

     

    Les arbres perdent leurs feuilles comme naguère les peuples leurs larmes, les fougères se battent encore pour cacher les plaies, bientôt on ne verra plus qu'elles : les casemates oubliées.

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    On ne voit presque rien, tout est souterrain, mais moi je sais, je n'oublie pas, tout vibre, tout vit.

    Difficile dans ces bois de ne pas refaire ma guerre.

     L'automne dévoile le passé.

     

    Deux mois déjà, deux mois seulement. Je m'étonne toujours de la capacité du corps à s'en remettre et philosophe avec mon chirurgien qui reste bien humble, ses gestes ne sont que palliatifs, mon véritable allié reste mon système immunitaire. Un combat sourd et souterrain entre cellules.

    Ça me renvoie à mon impuissance sans pour autant me soulager : il n'y a pas grand-chose à faire, qu'à vivre.

     

    Je me sens temple bouillonnant.

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  • trace

     

    C'était un jour, c'était une nuit,

    une histoire sans H - de guerre -

    une histoire sans majuscule - comment veux-tu, comment veux-tu que je...

    Cette chambre était notre paradis, temporaire, intemporel.

    Il n'y avait que nous allongés sur cette plage de coton peigné,

    le temps était suspendu, comme lui à mes lèvres,

    je regardais le plafond comme on regarde la constellation.

    Je ne sais plus comment c'est venu,

    quels furent ses mots - je me souviens de ses mains -

    je répondis en regardant la porte : «  je ne sortirai pas de là indemne »,

    il prit peur : les hommes ont peur des phrases romantiques des femmes,

    ils ont peur de leur faire mal, palpitent les cœurs, difficile d'avouer qu'ils ne veulent queue.

    Ça n'avait rien de romantique, juste un constat introspectif.

    On s'est laissés sur le quai, et je ne m'en suis pas sortie indemne.

    C'est la moindre des choses : laisser une trace,

    que ce serait triste de se rencontrer sans que rien ne frissonne.

    Il avait peur que je me méprenne, que je m'attache,pas.jpg

    je voulais qu'il me prenne, qu'il m'attache.

    Trajectoires qui se croisent et se décroisent.

    Les mots ne créent pas toujours des maux,

    la beauté vient de l'émotion, du partage, du réel.

      

    Dans une autre vie, une autre fois, un autre monde,  

    Un autre endroit, une autre chance, un jour... 

    Tu ne viendras peut-être jamais

    Mais je dirai que je t'attends, encore


    ( « peut-être jamais », la Grande Sophie )

    Je t'attends, la boule au ventre.

    Pas la mauvaise boule, le scalpel en est venu à bout -j'espère -

    Je t'attends pour perdre pied, pour m'oublier, en toute conscience,

    à la fois inutile et nécessaire, qui ne peut pas ne pas être,

    notre monde en dehors du monde,

    depuis longtemps tu as laissé ta trace,

    le temps passe, mon temps presse.

     

     

     

     

     

  • grain de sable

     

    D'abord j'entends cette chanson écrite par Jean-Jacques Goldmann pour Christophe Willem.

    Je sais, ça fait Top 50.

    Mais en fait, moi, les chansons, je ne les écoute pas, tout d'abord je les lis.

    J'achète les albums, je sais, ça ne se fait plus non plus et je lis le livret, les mots.

    Ensuite seulement je glisse le CD dans mon lecteur et j'écoute, ces mots mis en musique.

    Balance tes habits
    Tes impostures aussi
    Prends le vent, prends le ciel
    Prends ta faim de vie, illumine ta nuit
    Redeviens subversif, impulsif, instinctif
    Bouge et danse à l'envie
    Bienséance oublie
    Délivre là ta vie

    Revenons à nous nus
    Comme aux débuts
    A nos élan perdus
    Juste nous, nus.

    Pourquoi je tombe sur cette chanson ?

    Revenons à nous nus
    Comme aux débuts
    A nos élan perdus
    Juste nous, nus.

    Retour aux sources,

    retour à la source des problèmes,

    source de fantasmes

    viens boire à ma source

    ressourçons-nous

    ça coule de source

    ramène ta baguette, sourcier !

     

    Faut pas me chercher,

    faut pas chercher la nostalgie, elle affleure.

    Pas rétrograde, pas passéiste,

    juste l'impression de mieux maîtriser.

    Le passé a été, malgré les secrets et les murmures, ça j'en suis sûre,

    alors que le futur, ce vilain, m'est incertain.

    Alors se replonger un peu dans la douceur d'un hier qui ne changera plus,

    ce qu'on croit connaître mais que l'on redécouvre avec nos yeux d’aujourd’hui.

     

    Je suis retournée à la dune, MA dune.

    Je ne peux m'empêcher de penser à une tournée d'adieu, revoir les gens, les lieux...

    Elle m'a laissée la monter, je me suis assise, j'ai fermé les yeux et j'ai senti les larmes monter.

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    Mais pourquoi pleurer ? En ai-je le temps ?

    J'ai ouvert les yeux, j'ai empli mes poumons.

    Juste heureuse d'être là.

    Je me nourris d'elle, chaque grain de silice recharge mes batteries, je me sens pleine d'elle, pleine d'énergie.

    Tu es mon grain de sable, mon grain de folie, qui s'insinue, qui s'incruste, qui colle, qui se fait oublier et puis soudain gratte.

    La dune, j'ai aimé la revoir.

    Je l'ai laissée là, derrière moi.

     

    De Bordeaux, s'il me fallait retenir une photo...

    IMG_3829.JPG

    La reconnais-tu ?

    ... la flèche Saint Michel.

    De l'intérieur.

    C'est là toute la magie de l'intime, on entre dans la tour et l'on sent son cœur qui bat.

    Ha ... Ce sont les cloches ?

    On voit sa structure, ses organes, les niches secrètes. Ses marches sont usées des pas de toutes ces femmes passées avant moi, mais je suis là, au cœur.

    On voit le soleil pénétrer les ouvertures, comme ta lumière dans mes fêlures.

    C'est ce que je préfère, les coulisses.

     

    Juste nous, nus.

    Allez viens,

    balance tes habits...

     

    Je suis rentrée chez moi

    Je suis cette femme, qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.

    Avec, au fond de mon sac, un grain de sable...

     

     

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