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    25 août – 25 septembre

    Ça fait un mois.

    Et je suis toujours là. Je suis même « après ».

    Je n'en doutais pas vraiment mais je ne m'imaginais pas non plus combien, sur le coup, cela pouvait être dur. Physiquement, le corps accuse le coup, se remet plus lentement, il en a sans doute un peu marre de ces rebondissements charcutiers, il a bien compris qu'il fallait passer par là mais il supporte de moins en moins je crois, il ne dit rien, encaisse.

    Je ne sais pas finalement qui du corps ou de l'esprit a le plus de mal.

    Je n'y crois plus.

    Tout le monde va mourir, je sais que je vais en mourir.

    Ce n'est pas bien différent, une question de temps simplement.

    Mais dans le lit d’hôpital, avec tous les bidons dans la perfusion, à respirer, à peine, je m'imaginais les jours où cela ira encore plus mal, le jour à partir duquel ça n'ira plus jamais mieux.

    Je n'aurais pas toujours la force.

    On a beau le savoir, on aime l'oublier.

    Je sais que cela ne sert à rien de revenir là-dessus, je sais qu'il ne faut pas.

    Mais si l'insouciance est morte, qu'en est-il de l'espérance ?

    Qu'est-ce qu'un mois dans une vie ?

    Où serai-je dans un mois ?

    A la lumière de cette question, des images me viennent, des rendez-vous, un programme, des projets. Et le sourire : l'espérance est bien là.

    Comme un rayon de soleil sur la cicatrice.

     

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  • Ses mains en moi

    Il suffit parfois de rien, pour faire s'envoler l'imagination, un regard et l'on part.

    Les hommes parlent avec leurs mains, même sans origines méridionales.

    Plutôt ce sont les mains qui parlent d'eux : calleuses, rapeuses, soyeuses, frileuses. Doigts fins, doigts ronds, doigts épais, doigts carrés. Peau blanche, peau burinée, ongles noirs, ongles rongés, ongles oubliés...

    Dans notre société la main est l'accès à l'être, par la poignée serrée on se salue, souvent le seul contact physique, viril, entre les partis.

    Regarder les mains des hommes et les imaginer en moi.

    Le toucher est unique, comme une empreinte digitale, l’étreinte digitale est une signature.

    Ce ne sont pas les mains des hommes que j'aime, mais les mains de mes hommes, en plus de la faim, elles portent le souvenir et le désir. L'explorateur qui fouille en corps, le bafouilleur voyageur, le timide, l'expert qui appuie où ça pleure...

    Peut-on vivre plus encore, peut-on encore découvrir ?

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    Regarder les mains des hommes et les imaginer en moi.

    Mièvre formule de littérature érotique.

    Je regarde ses mains à lui, Olivier, et je sais qu'aucun homme ne saurait me pénétrer plus profondément que lui.

    Mon chirurgien.

    Du champ opératoire bleu débordent mes entrailles et il y va, une main, deux.

    Comment peut-on vouloir, comment peut-on pouvoir ?

    Rien qu'un homme qui mit ses mains en moi, comme un dieu, pouvoir de vie et d'encore.

    Et moi qui dors !!!

    Les mains des hommes, je ne peux plus les regarder sans penser au maelström intestinal, rangé, arrangé, là derrière la couture.

    Les mains des hommes en moi je ne peux plus les imaginer plus bas...

    A moins que(ue)...

    Montre-moi tes mains...