Derrière l'amour il y a
Toute une chaîne de "pourquoi"
Questions que l'on se pose
Il y a des tas de choses
Les pleurs qu'on garde sur le cœur
Et des regrets et des rancœurs
Des souvenirs éblouissants
Et des visions de néant
Donne-moi, donne-moi ton corps
Pour y vivre et pour y mourir
Aime-moi, aime-moi plus fort
Empêche-moi de me détruire
Encore une chute !
( http://jeanneovertheworld.hautetfort.com/archive/2008/08/29/le-plus-dur-sera-la-chute.html )
Entre le ciel et l'océan, entre le feu dans ses entrailles et la glace sur sa surface, l'Islande est parsemée de chutes d'eau, prenant un visage toujours différent mais toujours magique.
Il en est une que j'ai découvert, presque quelconque : Gljùfrafoss. Un gros rocher s'est effondré et empêche les gens de bien la voir. L'escalade est trop périlleuse, non, c'est une chute qui ne se donne pas à l'oeil, une pudique.
Je m'avance et me penche...
Je ne peux entrevoir l'eau qui éclate sur les rochers qu'à travers la fente.
Pudique, je vous dis...
Je suis au bord de la rivière de larmes glacées et je suis hypnotisée par ce secret, par ce qu'elle ne veut pas me montrer, par cet ailleurs proche et pourtant inaccessible.
Je regarde l'eau se fracasser dans un écran de brouillard, là-bas... Si proche...
La tentation est trop grande. J'enlève mes chaussures et je me jète à l'eau.
Mes pieds nus sont immédiatement anesthésiés par la température de l'eau descendue du glacier Vatnajökul. Je sens à peine les cailloux émoussés, un peu plus les pierres volcaniques encore râpeuses. J'ai de l'eau jusqu'aux genoux, je suis allée trop loin pour reculer, trop loin pour renoncer.
Je veux aller voir derrière, connaitre son secret, la profaner peut-être, l'admirer sans doute. Je veux être encore plus privilégiée, être la seule en ce mois d'avril à découvrir son intimité.
J'avance et mes orteils se congèlent, qu'importe. Je vois un premier rocher, j'entrevois la clairière derrière les murs de pierres. Je touche au but. Je baisse la tête pour passer dans un tunnel minéral, je courbe l'échine un peu coupable de cette pénétration illicite, je me fais toute petite, il faut que je la mérite.
Et puis j'y suis, dans sa grotte, dans son puits. Toute petite et trempée, j'ai la chaire de poule. Mes pieds sont bleus, mes cheveux dégoulinent et je suis si bien, privilégiée, encore. Je me tiens bien droite et je lève la tête. Je suis seule dans l'antre de la bête. Le bruit est assourdissant malgré le débit modéré. Je sens le coeur de la chute battre. Le mien s'emballe. Je suis seule et je connais un nouveau sens au mot "plénitude". J'inspire fort, je remplis mes poumons de cet air humique, unique.
Je suis heureuse, je crois.
Mais il faut retourner à la vie, de l'autre côté, sur le gazon ensoleillé.
Tu m'as rappelé les mots (pathétiques) que j'aurais prononcé un jour : "je n'ai pas survécu pour ne pas vivre"...
J'ai aimé être déraisonnable et me prendre pour une exploratrice, une gamine qui ôte ses chaussures pour remonter une rivière d'eau glacée.
J'ai aimé...