Toujours le même parfum léger
Toujours le même petit sourire
Qui en dit long sans vraiment le dire
Non, toi non plus tu n'as pas changé
J'avais envie de te protéger,
De te garder, de t'appartenir,
J'avais envie de te revenir
Retour à la source du plaisir, retour avec toujours autant de désir.
Je mentirais en évoquant la peur de la déception, il n'y avait que l'excitation des retrouvailles. Aucun trac, une grande quiétude intérieure, la certitude de revenir en des bras accueillants et trouver des rimes à l'infini : authenticité, simplicité, virginale pureté.
Si cela a changé ?
A vous de juger...
Mon souffle est court mais je me sens si bien, je ressens le bien être d'un réel accomplissement. Je ne découvre pas grand-chose, mais ce que je redécouvre m'émerveille. J'étais passé vite, j'avais dévoré, déjà subjuguée à l'époque. Je suis calmée, je prends le temps de savourer, je me délecte. Je profite enfin d'un terrain déjà conquis.
Bien sûr que cela a changé.
Après toutes ces années...
L'eau a coulé sous les ponts, les emportant parfois. Les continents se sont encore un peu plus écartés. Le vent a émoussé les crêtes. La pluie a dissout la roche. Les vagues ont effacé mes pas...
Mais je retrouve ma vieille cabane, je retrouve les cratères, les geysers, les volcans à peine calmés, les rivières fougueuses et les glaciers.
Si l'herbe est moins verte, c'est que l'hiver n'a pas enlevé son manteau, mais il souligne mieux le vrai caractère des lieux. Des lieux sans personne, rien que moi, ou presque. Je me sens si privilégiée. Aucun luxe ici, peu d'hôtels ouverts, 500 kilomètres sans magasins, 150 kms avant la prochaine station service, pas de restaurant ce soir. Je suis privilégiée car ce que je vis est unique, j'ai presque l'impression de voler quelque chose à la vie.
Ces retrouvailles me rassurent. Nous comparons nos failles, les cicatrices dans la terre et dans la chaire.
De la neige sur le sol, du blanc dans mes cheveux.
Le temps passe. L'essentiel reste.
Ce que l'hiver t'a raconté
Pour que tu te sois transformée ?
Moi, je ne reconnais plus.
Tu as changé,
Tu as changé. (M.S.)