Tu es partout dans cette chambre.
Je te vois passer la porte, ta silhoutette se détache en contre-jour,
tu rentres un peu la tête dans tes épaules, toujours,
mais cela ne suffit pas pour te cacher au monde.
Par le déclic de la serrure qui se ferme s’ouvre notre monde,
hors du temps,
hors du commun.
Les autres sont exclus,
il ne reste que nos âmes nues.
Et nos corps, presque inconnus.
Tu es partout dans cette chambre.
Je te vois glisser sans un mot vers la salle de bains.
Des rayons de lumière, rayons de promesses, passent sous la porte.
Je ne tiens plus, je tournoie, je virevolte.
Entre mes seins, de l’essence de verveine, ma madeleine, révélatrice de sens.
Tu es partout dans cette chambre.
Entre mes cuisses s’affolent les rêves.
Si je ferme les yeux, pourrais-je te cacher mon bonheur de te sentir là ?
Je sens encore la douceur de tes cheveux à mes secrets, comme la première fois,
je sens encore l’irradiante rugueur de ton menton à mon bouton, comme la dernière fois.
Je frétille dans le coton peigné
je me dandine, je me tortille,
il est si bon de s’abandonner
je me trémousse, je manque d’air
sur cette couche j’en appelle à ta bouche
qu’elle me redonne vie, calme mes envies.
Tu es partout dans cette chambre.
Pour une fois, pas de musique,
le silence qui nous accompagne taira nos ébats.
On n’entend que les mumures de la ville.
On n’écoute que la symphonie baroque
des corps qui s’entrechoquent,
polyphonie des fluides qui se mélangent :
ta queue, l’aqueux, la fente, la fange.
Tu renifles, comme un tic,
je soupire, béatique.
Sous tes doigts enfin le verbe être prend sens,
le présent est un cadeau que nous conjugons.
Tu es partout dans cette chambre,
la nuit est douce dans cette torpeur,
le noir est si lumineux quand tu es là,
je ne dors pas, je flotte, et s’éloigne le matelas.
Morphée m’emporte
J’entends la porte…
Tu es partout dans cette chambre, où tu n’as jamais été.
Je me retourne une dernière fois...
et je t’emporte avec moi.
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