La maladie est toujours venue par surprise, sans que je l'invite, elle frappe à la porte de mon corps et m'emporte, d'urgences en chirurgie.
Elle rôde et me choisit, voilà, c'est ton tour.
Ne dit-on pas « tomber malade », comme on dit « tomber amoureux » ?
C'est comme ça, c'est dans l'air, on ne sait pas si on va être oublié, flèche de Cupidon ou pince de crabe, on finit tous pris ou épris.
Pour la première fois de ma courte vie de malade, j'ai une date.
I HAVE A DATE !
J'ai rendez-vous, j'ai une date.
25 août.
Rouvrir, couper, refermer.
Continuer ?
On dit souvent « vivre chaque jour comme si c'était le dernier », c'est si triste.
Profiter, oui, savoir que tout va finir un jour, oui, mais se dire que c'est vraiment le dernier, c'est très différent.
J'ai passé un des meilleurs étés de ma vie, plein d'activités, d'aventures, de l'émotion et quelques larmes. J'ai goûté à tout ce qui me passait à portée de bouche, ce qui se boit, ce qui se mange, ce qui se suce, se déguste, se laisse embrasser.
On dit qu'on profite mais au fond il y a toujours un goût amer, on ne peut pleinement profiter en sachant que c'est vraiment -peut-être- la dernière fois.
Le plaisir est gâché parce que l'on pense aux autres.
Elle est énorme cette glace, il n'y a rien de trop quand on aime aimer, il n'y a rien de trop quand il n'y a pas de conséquence, rien de trop quand il n'y a plus rien après.
Quelques minutes de bonheur, glacé, sang qui se glace quand on voit les autres autour.
La douleur n'est que pour ceux qui restent.
Je n'ai cessé de me demander « me souviendrai-je de cet été ? » vivant chaque instant comme si...
Je théâtralise, j’exorcise.
Je reviendrai.
Et toi, reviendras-tu ?
To have a date with you, j'aimerais tant...