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  • Carton plein

    Jadis, je jouais au théâtre.

     

    Je ne me souviens pas avoir eu envie.

    théatre.jpgJe ne me souviens que d’Antigone montée par une troupe au lycée, Bérénice vu en prépa… J’aimais le théâtre, mais jamais je ne pensais pouvoir monter sur scène, moi, la petite fille timide, moi la complexée, non, pas possible. Et puis jamais de la vie aussi jolie que cette actrice…

     

    Pourtant j’ai toujours aimé ça : jouer.

    Au papa, à la maman, à la dinette, réinventer un monde, édulcorer, me prendre pour  Cendrillon.

    Les spectacles de fin d’année, les représentations caritatives, c’était pour moi.

     

    lecture.jpgJ’allais à la messe aussi, jadis.

    Pas enfant de cœur, non, pas assez actif, trop soumis, je ne suis pas servante. Mais à l’époque je me retrouvais derrière les micros pour lire les lectures, les prières dites universelles. Actrice. Participante d’un spectacle, succès garanti, spectateurs qui disent toujours Amen !

     

    Un jour tu m’as dis « viens » et m’a emmenée à une répétition de cette troupe, le Carton.

    J’ai eu du mal au début : se donner en spectacle, c’est se mettre à nu, se donner aux inconnus. Mais on n’est pas soi, on est un autre, plus que soi parfois aussi.

    L’atelier reposait sur quelques apprentissages et exercices, puis travaillait l’improvisation avec un sketch à écrire par séance, avec un thème, des contraintes. Nous en avons jeté beaucoup et gardé quelques uns, fameux.

    Un fonctionnement à la Splendide.

    Avec les meilleures créations nous montions tout un spectacle, autour d’un fil d’Ariane.

    Et pour alterner quelques reprises (merci de ne pas trop le répéter à la SACD) : les Brèves de Comptoir, le Père Noel est une ordure… J’étais Thérèse. « Thérèse n’est pas moche, elle n’a pas un physique facile ». A quatre pattes je faisais le cochon par terre, Mortez/Yann derrière moi, pantalon baissé.

    Moi, je n’avais pas tant de plaisir sur scène.

    Parce que c’est un « travail », une responsabilité, une mission. Mais j’ai toujours aimé le faire. J’ai toujours aimé les coulisses, l’envers du décor. J’ai toujours aimé préparer, organiser, répéter.

    Que de bons moments, le Carton, notre famille.

     

    Une association qui tourne avec moins de dix bénévoles également acteurs, ça finit par s’essouffler.

    J’ai revu Eric au supermarché.

    On a parlé du bon vieux temps…

    Le Carton a rempli nos vies pendant presque 10 ans.

     

    … Et quand nous fûmes devenus grands,

    Quand nous eûmes fini de jouer,

    Nous repartîmes faire notre vie,

    ailleurs….

     

    Avec dans le cœur une expérience inoubliable.

    Je prends le micro et je ne saurais trop vous dire… MERCi.

    mair3.JPG

     

     

    C'est moi qui ai vécu ! 

    ;).jpg

     

     

  • too much...

    J’aime...

    ... les Etats-Unis. Pour une géographe, c’est une sorte de paradis, les grands espaces, Yellowstone, les grandes plaines, les Appalaches, la Cordillère, les déserts, le grand canyon, Death Valley, on ne sait même pas par quoi commencer, un peu d’histoire à Boston et des villes, des villes et des villes.

     

    J’ai eu la chance de parcourir ce pays

    de Washington jusqu’à l’Etat de Washington.

    En voiture.

    Automatique.

     

    J’ai grandi avec Disney et Tex Avery.

    Je les tiens pour génies.

    Par contre je n’aime pas Disneyland.

    Oh, je n’ai rien contre les parcs  d’attraction, je m’y suis rendue, je m’y rendrai encore sans doute, mais ce que je n’aime pas c’est l’esprit « Disneyland » : la transformation de faits réels en produit attractifs à but lucratif.

    A la suite de « nine eleven », un frisson de patriotisme a parcouru l’Amérique, un élan d’humanisme la planète. Et si l'on comprend l’histoire de ce pays, sa composition, ses recompositions, on ne peut qu’être ému.

    Je dis souvent « un mort est un mort », jeune ou vieux, jaune ou vert, il n’y a pas de hiérarchie dans la douleur et la perte d’un être cher est sans commune mesure.

    9.11.jpgAlors oui, se souvenir du 11 septembre 2001 comme de tous les autres actes barbares, avec en plus la symbolique, pour nous, pour l’Amérique, avec en plus les conséquences politiques, économiques, psychologiques même.

    J’ai visité le mémorial, ces deux fontaines comme des gouffres, les plaies des tours non refermées. Oui, on pourrait dire que c’est too much.  flag.jpgAcheter en sortant un « flag of honor », un drapeau à bandes et étoiles portant les noms de toutes les victimes, on pourrait dire que c’est too much. Mais je crois les visiteurs sincères. C’est une des composantes sociologiques de ce peuple qui nous rend moqueurs ou jaloux, nous Français râleurs et égoïstes, qui pensons que « patriotisme »  est une insulte ou pire, une menace lepeniste.

    Je m’accommode sans peine de ces too much, en respectant leurs différences, en m’avouant que nous sommes de culture proche mais si différente.

     

    Je n’aime pas Disneyland.

    La disneylandisation des souffrances. 

     

    boules noel NY.JPGChez Macy’s cette année, pour célébrer les 10 ans des avions fous, vous pouviez vous faire un sapin odeur kérosène, vous pouviez cette année en guise de boule mettre des petites tours fantômes…

    Je n’aime pas.

  • Trésor d'Orsay

    L’habitué de ce blog sait que certaines phrases vont revenir,

    et je ne vais pas m’en excuser,

    et je vais encore me répéter.

     

    Rien ne vaut le vrai,

    c’est moi qui ai vécu.

     

    L’Origine du Monde de Courbet dort à Orsay.

    Tous les soirs, la belle sans tête se rend compte qu’elle a encore dormi le sexe à l’air et redescend sa chemise, elle est bien plus pudique qu’on ne le croit, je le sais, moi…

    Pour la voir, lascive et endormie le jour, il faut chercher dans les petites salles, parfois demander son chemin, on ne la rencontre pas par hasard. Et lorsqu’on désespère, lorsqu’on se demande ce qu’on est allé faire dans les allées de l’architecture, elle apparaît dans sa douce fragilité : l’Origine du Monde.

    origin_neg.jpg 

     

    Je ne mettrai dans ce petit texte qu’un négatif,

    bleu et froid,

    parce que, je vous le dis,

    rien ne vaut le réel,

    la caresse de votre œil sur la toile de Gustave.

     

     

    On a beau avoir vu cinquante reproductions,  et autant de digressions ou de déformations, il faut voir l’original de l’Origine.

    En saisir la taille, réelle, 0.463 sur 0.554, en percevoir la couleur, toutes les couleurs, sans artifice.

    En saisir surtout toutes les nuances.

    Entrer dans l’indécente fente, descente lente, jusqu’à en humer le parfum térébenthine.

    Se laisser imprégner, impressionner, par le grain de sa peau, sa forêt indomptée et ces suggestions de source humide, oui…

    mais aussi par son ventre exsangue, par le drap bleuté de sueur et par son sein orphelin…

     

    Le réel efface toutes les suppositions, tue toutes les approximations, on découvre soudain une toile qu’on n’a jamais vu,

    l’empirisme dépasse toutes les sciences,

    sous l’emprise du sens

    et dans l’empire des sens.

     

    Voir l’Origine à Orsay et pas dans un livre, c’est savoir.

    Voir l’Origine à Orsay et pas dans un livre, c’est vivre.

     

    Je ne sais toujours pas si j’aime ce tableau, s’il est beau.

    Mais je l’ai vu et j’aime qu’il existe.

    Comme toi...

     

    .

  • Accord majeur

    C’était un soir en novembre, Louis Chédid en concert.

    Pas vraiment un hasard, mais juste une occasion.

    Juste l’occasion de me rendre compte que je ne le connaissais pas.

    Juste mes oreilles à la radio ou à la télévision, y’a longtemps et moins.

    Quelques vérités d’actualités « on ne dit jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime ».

    chedid-637x0-1.JPG

     

    J’ai vu un type de presque 64 ans sorti tout droit d’un siècle révolu, des tennis aux semelles blanches et plates, un costume lâche, une chemise sortie, des poches sous les yeux, une moustache à la Brassens, en vieux.

    Non, vraiment, pas une rock star.

     

    Il a pris sa guitare, mis sa voix dans un micro très bien réglé, sous des lumières léchées.

    Et j’ai voyagé.

    Et j’ai pleuré aussi.

     

    Quoi que la vie nous réserve
    Où que le vent nous entraine
    Même si le temps nous déchire
    Même si la noirceur des choses
    Nous fait comme une overdose
    Que nos chemins se séparent
    Et même si tous ces mots d'amour
    Terminent un jour à la poubelle
    Quelle belle histoire quand même
    Quelle belle histoire quand même
    Sans rancœur ni amertume
    Sans cette haine importune
    Que crée la beauté posthume
    Je veux garder le souvenir
    Du meilleur et pouvoir me dire
    Quelle belle histoire quand même
    Quoi que la vie nous réserve
    Où que le vent nous entraine
    Même si le temps nous déchire
    Quelle belle histoire...

     

    chédid.jpgEt j’ai swingué.

    Ça fait longtemps que je sais que les vieux cachent leur jeu derrière leurs derniers cheveux blancs.

    Le concert le plus rock-and-roll de ma vie, avec l’élégance et la simplicité de tennis aux semelles blanches…

    Merci Louis.

     

    Pour ce concert, pour te connaître, pour te découvrir chaque jour encore, pour mes larmes et mes éclats de rire, pour les rebondissements inattendus, pour tous les chapitres secrets tant ils sont incroyables, pour les moments partagés, pour les mains saisies dans le froid...

    je contemple l’œuvre de la Vie, la Bienveillante, Ma Vie,

    et je me répète, la gorge serrée par l’émotion, à voix basse pour ne pas gêner les autres avec mes petits oeilv1.JPGbonheurs :

    quelle belle histoire quand même…

     

     

    Quelle belle histoire quand même…

     

    Quelle belle histoire quand même…

     

     

     

    QUELLE BELLE HISTOIRE QUAND MEME !!!

  • la fin du début

    Il y a toujours de la tristesse

    un peu

    dans les débuts.

     

    Pour accéder au réel, il faut faire le deuil de l'imaginaire.

     

    Pour faire naitre des possibles, il faut en sacrifier d'autres sur l'autel de la conscience rationnelle.

    horloge-orsay.jpg

     

     

    Tout début est une fin du monde.

     

     

    Celui d'avant.

     

     

    Rien ne sera plus comme avant...

     

     

     

    Tant pis... : je t'aime.

     

     

  • tant et temps...

    Il y a cette horloge étrange,

    sur le quai de la gare

    qui égraine les minutes comme d’autres les secondes.

    Depuis le temps que je la regarde,

    j’ai déjà passé deux jours sur le quai.

     horloge folle.JPG

    Et si elle tournait à l’envers…

    Pourrions-nous réécrire les pages,

    pourrait-elle effacer ce que je ne veux oublier ?

     

    Puisqu’on est déjà plus loin,

    il n’y a plus aucun risque à oser vivre.

    Peut-être même sommes nous déjà morts…

     

    Dans mon wagon.

    Le train démarre et m’entraine vers demain,

    ou hier on ne sait plus bien.

    Je m’éloigne du diktat de l’horloge.

     

    Et passe la vie

    sans que ne passe l’envie d’elle…

    et de toi…