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  • détails de taille

    J’aime l’art.

    Parce qu’il incarne l’inutile nécessaire à l’humanité.

    hopper texte tableau.jpgLa peinture entre autre.

    Edward Hopper en particulier, pour ses tableaux si remplis de vide, si profonds dans le rien.

    J’aime les musées à tableaux, du Rijksmuséum d'Amsterdam au Tate de Londres.

     

    D’aucuns pourraient être surpris de mes photos, prises au Moma, et pourtant…

     

    Dans un musée comme dans la vie, ce qui m’intéresse, c’est le vrai.

    Voir de mes yeux, sans filtre.

    Ne pas rester l’oreille contre l’audio-guide : juste planter mes pieds devant la toile et la vivre.

    Ressentir.

    Etre surprise la première fois par la taille des Demoiselles d’Avignon, par le sombre et l’immensité de la Ronde de nuit.

     

    Il en va de même pour tout dans la vie : on a beau savoir, voir c’est autre chose.seurat gros plan.JPG

     seurat loin.jpg

    Certains photographient Seurat de loin, passent comme on zappe.

    Moi j’avance, encore et encore. Je cherche le vrai.

     

    Au Moma, j’ai revu des Nymphéas.

    Je suis toujours un peu émue, ou gênée du clin d’œil que Monet fait toujours à ma vie.

    Et j’ai encore appris de lui. Sans plus comprendre, sans défaire le mystère.

    En regardant.

    Avec mon œil.

    manet gros plan.JPGMon œil qui ne s’attarde pas à l’apparence,  qui n’a que faire de l’esthétique.

     

    En avançant j’ai vu les couches, deviné les sous-couches. Comme on peut lire la folie et le génie de Van-Gogh dans les tourbillons du pinceau, j’ai cherché les poils à jamais exposés, englués dans la peinture.

    manet 2.JPG 

    Je veux encore aller dans les musées, chercher la peinture écaillée, les traces des vivants après leur vie.

    Rentrer à l’intérieur des œuvres pour ressentir les hommes.

    Pas regarder le tableau, ne m’intéresser qu'aux coups de pinceaux.

    Je veux prendre tous les détails comme des semences que je laisserai germer en moi.

    Et en sortant dans la rue, en sortant dans la vie, je sourirai sans doute en me disant « je sais ».

    Ressentir.

    Vivre.

    Etre.

    Devenir.

     

  • à fleur de pot

    Je suis entrée la dernière, j’ai posé mon sac sur le bureau et j’ai déclaré ouverte la Nième cérémonie du savoir par cette phrase qui ne vieillit pas : «  merci, vous pouvez vous asseoir, sortez vos affaires… ».

     

    C’est lorsqu’ils sortaient trousses et cahiers que je l’ai vu :

    le pot de craies.

    Un petit pot de plastique, de la récup’, de la débrouille, un petit pot qu’on ne voit pas, qu’on ne regarde pas. Et c’est tant mieux, petit pot pas glorieux des écoles de la République.

    Un petit pot de rien, vide comme un ciel de brouillard, avec des bouts de craies plus petits que l’espoir.

    Un petit pot qui va me faire des clins d’œil toute l’heure…

    Un petit pot au coin du bureau, un petit pot esseulé, un petit pot tatoué.

    « we love PHiLO »

    love philo.JPG

     

    Un petit pot qui doit te regarder… philo-sopher

    sans oser vraiment te dire qu’il aimerait... philo-lover.

     

    Et je quitte la salle en souriant.

    Avec tout de même cette interrogation folle :

    We love Philo… est-ce pléonasme ?

    We love Philo… est-ce truisme ?

    We love Philo… est-ce euphémisme ?

     

    En tout cas je retiens qu’il manque à toute cette histoire la –Sophie, σοφία, cette sagesse raisonnée…

    Et si la clé c’était cela : consciemment perdre conscience,

    cesser d’être sage pour se contenter d’aimer

    et se nourrir d’aimer aimer …

     

    C’était l‘histoire vraie d’un bavard petit pot de craies …