enfant, ma tradition

 

Tes yeux se voilent, écoute les étoiles
Tout est calme, reposé, entends-tu les clochettes tintinnabuler ?

Demain matin, petit garçon, tu trouveras dans tes souliers
Tous les jouets dont tu as rêvé,
Petit garçon il est l'heure d'aller se coucher

Enfant, je n'attendais pas Noël uniquement pour les cadeaux, j'ai été assez gâtée par la vie pour ne pas avoir à espérer un paquet tombé du ciel, fut-il passé par la cheminée.

Noël c'est l'hiver et pour une fille de novembre, c'est une belle saison.

A Noël on "fait" un sapin : vivant ou mort, on le décore. Chez moi, c'est autour de cet arbre qu'une famille se fédère, c'est autour de ce résineux que s'agglutine l'Amour. Tous ceux qui forment cette famille se réunissent pour décorer les branches, les charger de preuves du lien. Et à la fin, je me débrouille pour prendre l'étoile et la mettre à sa pointe, toujours moi, toujours l'étoile.

A Noel, on se retrouve. Autour d'une table, d'un verre, ou deux, ou trop. C'est cela que j'aime : se re-trouver. Encore aujourd'hui, se trouver à avant. Comme quand j'étais enfant.

Le sapin, les gens, quelques uns de plus, quelques uns de moins, hélas.

 Cette petite fille, Cécile, ma grand-mère, recevait une orange à Noël, elle aime le rappeler.

Sa maman chantait des chansons, écrivait des poèmes, elle aurait pu être célèbre mais seul lui importait l'amour des siens. Quand les survivants se retrouvent, on chante pour elle... Je ne sais pas pourquoi elle aimait cette chanson, elle, la femme de fermier du Bitcherland, mais j'entends encore son accent rouler les R...

Et je chante avec elle...

Dans un coin perdu des montagnes
Un tout petit Savoyard...
Étoile des neiges
Mon coeur amoureux
S'est pris au piège
De tes grands yeux
Je te donne en gage
Cette croix d'argent
Et de t'aimer toute la vie, j'en fais serment