Dans cette vallée de larmes qu'est la vie
Viens avec moi par les sentiers interdits
À ceux-là qui nous appellent à tort ou à raison :
Vilaine fille, mauvais garçon
(S. Gainsbourg )
C'est l'histoire vraie d'un vilain petit canard. D'un vilain petit pélican à vrai dire...
Il s'est posé dans un champ de cicognes, près de chez moi. Et il est resté.
Sans vergogne il a investi les nids. Il a fait comme si...
Et les grands échassiers n'ont rien dit, ils ont fait comme si... Comme si de rien n'était.
Les spécialistes parlent d'un pélican voyageur, on l'a vu de la Suisse à l'Espagne, il a recommencé ici sa parade de séduction comme ses cousins migrateurs, toujours dans des champs de cicognes... On parle de syndrôme Mowgli : peut-être a-t-il grandi avec des cigogneaux.
Sait-il encore qui il est ? Et comment vit-il cette indifférence que les dames blanches aux bas rouges affichent ?
Il nous joue le vilain petit canard, ce pélican, et on ne sait plus s'il est attendrissant ou pathétique.
Et moi je suis quoi ?
Est-ce que je suis comme lui, à faire comme si... dans un nid trop petit pour moi ?
Et moi, je viens d'où, à me retrouver dans un champ peuplé de gens si différents ? Est-ce que quelqu'un entend ma langue ?
Je relis la fable et j'attends, curieuse, mais confiante, la conclusion appliquée à mon existence. Puisse-tu avoir raison Hans Christian Andersen : "Aurais-je pu rêver semblable félicité quand je n’étais que le vilain petit canard !"