"Enlacés sur le sable
Caressés par les vagues...
Le vent m'a déshabillée
Je n'ai plus rien à cacher"
Je l'ai déjà écrit.
Je suis une fille de la lune.
Je suis une fille de la dune.
L'Orégon fête ses 150 ans mais le sable était là avant les hommes. Un virage en haut de la côte et l'horizon s'ouvre, les dunes comme un liseré de protection entre l'océan pourtant Pacifique et le continent. Les dunes de l'Orégon comme un monde dans le monde, des milliards de milliards de grains pour former un espace naturel unique, plein de vie.
Bien sûr il y a le sable, et le vent qui fait piquer les grains sur la peau, bien sûr il y a les arbres qui meurent asphyxiés lorsque les dunes avancent, poussées par Eole, bien sûr...
Mais il y a des lacs entre les dunes, il y a des plantes qui dressent la touffe et courbent l'échine, il y a des rongeurs et leurs prédateurs... et il y a moi qui escalade encore...
On se croit en enfer, on a soif, on a peur de se perdre. On croit être arrivé au bout mais le sommet de la dune ne nous montre que la dune suivante, le monde n'a plus de fin.
Peut-être est-on au paradis, juste remis à notre place.
Les rides du sable comme les rides des ans sur mon visage.
Les lignes des dunes comme les lignes de ma main.
Quel est notre destin ?
Au milieu du rien, on touche à l'essence des chose, à l'essence de soi. Je ne m'en lasse pas. Le silence des lieux me parle, les grains chantent. Un grain ce n'est rien, comme nous, simple et insignifiante poussière et pourtant tous assemblés créent des monuments vivants,éphémères, sublimes.
Tant de mots me viennent...
Mais rien ne replacera la jouissance du moment vécu.
Jamais je ne me lasserai de la richesse de cette fausse monotonie, changeante, vivante...
Comme moi, changeante, vivante.