Bien sûr il y a des paysages de carte postale, des moutons dans les prés sur fond de montagnes enneigées...
Bien sûr il y a des plages d'un sable si blanc, si fin, que les pas des amants s'y prélassent sans fin, en mélangeant leurs bras comme dans des draps.
Mais si mon coeur s'emballe, en pensant à la Nouvelle Zélande, c'est que je revois ce passage entre deux mondes, entre l'univers fumeux du Nord et le désert vert et blanc du Sud, entre les deux îles, ce passage sinueux qui se découvre peu à peu, qui se mérite et se savoure : le détroit de Cook.
Les antipodes... Avec la pertinence du vocabulaire géographique.
Et au détour d'un chemin, d'une route parcourue sur le côté gauche, la vision bouleversante d'un geyser, de la terre qui bouillonne, des entrailles qui grondent.
Atacama, Yellowstone et l'Islande ne m'ont pas guérie de cette fascination.
Je me sens privilégiée, face à la relativisation, je reprends une bonne dose d'humilité, je jouis de n'être rien, si fragile dans ce décor dantesque.
Je poursuis ma route, à la découverte d'une île qui servit de décor au tournage du dernier King-Kong, la démesure me coupe le souffle. Comme Ann Darrow , je suis effrayée et hypnotisée à la fois, définitivement séduite.
Me promener au pied de Fox Glacier ne refroidit pas mes ardeurs, ma faim de géographe est aiguisée.
J'aime observer la neige tellement compactée qu'elle en prend des reflets bleutés, on peut sentir le glacier respirer au travers des fissures, les séracs comme seule défense contre les hommes qui veulent l'escalader.
Sa surface ondule au gré des fontes.
Il pleut sous les blocs, le glacier pleure, sans doute navré d'un réchauffement climatique qu'on ne peut nier.
Sa surface n'est pas si belle, n'est pas si blanche, il porte sur son dos la poussière arrachée aux rochers durant les siècles derniers, sa saleté c'est son travail, je la préfère à la blancheur virginale des cartes postales.
Je ne me lasse pas de tutoyer le glacier mais il me pousse plus loin, laissant échapper un gros bloc de pierre, il m'oblige à reculer, à le quitter.
Je retourne alors près de la plage où l'on m'avait promis des gâteaux pour le goûter...
Itinéraire farceur, je découvre les Pancakes Rocks avec curiosité. Parois acérées, stratifiées, l'oeuvre éphémère du temps, du vent et de l'eau.
En apothéose arrivent les Moeraki Boulders, des OVNI sur la plage, que la marrée ne parvient pas totalement à cacher.
Un trésor sphérique de concrétion magmatique, des petites bulles de pierre dans une couche de sable, que l'érosion découvre, que les vagues essaient de détruire, que les touristes profanent à marée basse.
Je suis trop respectueuse pour y graver nos initiales...
Bien sûr il y a les pistes de ski, les vagues pour les surfeurs, les balades dans une forêt où les fougères arborescentes n'ont pas été réintroduites pour les touristes...
Aux antipodes on trouve tous les clichés de vacances, en plus de mes clichés...