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  • ma petite Vie

    2022 frappe à notre porte.
    Même si je sais que nous ne sommes pas vraiment au XXIème siècle, le calendrier n’est qu’une convention, même si le temps s’écoule, inexorablement.

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    Je ne m’attache aux dates que pour avoir des prétextes, des excuses.
    Les fêtes permettent de se retrouver, de partager, même si on ne devrait pas attendre une date pour cela, même si on ne devrait pas se limiter à une seule journée de joie imposée.
    Mais voilà : 2022 frappe à notre porte et ouvre la voie vers mon jubilé.
    Un demi-siècle, la moitié d’une vie et bien plus encore pour moi, une échéance improbable encore il y a peu mais que finalement j’entrevois, de loin…

    Ce post de fin d’année est prétexte à bilan.
    Lorsqu’on me demande comment je vais, je réponds «  je suis là ».
    Ce constat suffit à m’emplir de joie.
    Là, sur mon canapé, quand je fais le tour de ma vie d’aujourd’hui, je peux dire que je suis en paix.
    Je veux dire que je peux mourir.
    Je ne veux pas, mais…
    Comme un sentiment d’accomplissement.

    J’ai fait déjà tellement de choses dans ma vie, connu bien des félicitées, le négatif je l’oublie.
    Je ne regrette rien, ce qui manque à ma vie ne dépend pas de moi, ce que je n’ai pas vécu fait de moi celle que je suis aujourd’hui, cela ne constitue pas une souffrance, juste ma différence.

    Alors c’est une petite vie, avec peu de paillettes, juste mon rire et mon sourire pour pétiller.
    Une vie raisonnée et raisonnable : la petite famille, le petit appart, la petite voiture.
    De quoi voir venir le lendemain avec sérénité.
    Oui, ma vie ronronne et j’en profite.
    Je vis au ralenti, les yeux grand ouverts, boulimique de riens, je suis rassasiée de mon quotidien.
    Je travaille, un peu, suffisamment pour en vivre mais assez peu pour pouvoir vivre en dehors du travail, ma vie n’est pas mon emploi.
    Je cuisine, je jardine, je nage, je sculpte, je vais au cinéma et au spectacle, jusque à côté de chez moi. Je suis présente pour ma famille, mes grands-mères me racontent chaque semaine les mêmes histoires que je feins de découvrir, je savoure leurs mots comme des comptines d’enfant, ces routines d’antant.

    paris 2.jpgMon monde s’agrandit parfois, d’escapades en voyages, ensemençant mon monde intérieur. Je marche sur des plages de magazines, savoure des fruits exotiques sans bilan carbone et fréquente des grandes surfaces où le nom des produits n’est pas en français, pour vivre comme les habitants.

    Et donc, pour cette année qui vient ?
    Je n’ai que l’ambition de la vivre, je ne trace pas mon chemin à l’avance mais j’avance sur des possibles en laissant les autres dans ma poche pour une prochaine occasion.

    Je suis pleine d’envies, je me nourris de ton désir.
    Je marche vers demain sans peur.

    Et si l’on se retrouve…
    Que me restera-t-il à espérer ?

     

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  • Atlas

    J’avais sa tête entre mes seins,

    Comme Atlas porte le poids du monde.

    Je tenais tout un continent dans ma chaleur.

    Je caressais doucement sa tête, nue,

    Comme au premier jour sous le sisal bleu.

    Il enfonçait son nez dans mes chairs, à en perdre haleine.

    Il plongeait dans ma peau comme un poisson hors de l’eau,

    bouche ouverte, quémandant mon oxygène.

    Désarmé entre deux obus, il me laissait accéder à son moi, à l'enfant qu'il avait été.

    Sa joue se faisait douce à mon épiderme,

    Le musc se mélangeait à la verveine,

    Nos univers se confondaient dans l’ivresse des sens.

    Entre mes seins ce n’était plus l’homme, trop grand, trop vieux,

    Il redevenait ce nourrisson arraché à la mort qui renaît dans un émoi.

    Dans mes bras je voyais l’enfant assoiffé de mère,

    Le petit, mû pas ses instincts de sussions, qui cherche le téton nourricier.

    Tel le peau-à-peau des nouveaux nés, ce contact nous ramenait aux origines,

    J’entrevoyais l’essence de son être, là, sur ma poitrine,

    Qu’importe qu’elle fut trop laiteuse, elle lui offrait un accueil de miel,

    Moi, la femme vide et incomplète, je consolais l’enfant déraciné.

    Les battements de mon cœur faisaient taire ses peurs,

    Il s’enivrait de moi comme irradié de Vie

    et narguait une fois encore la mort au rythme des balafons.

     

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    J’avais sa tête entre mes seins,

    Je tenais son monde entre mes mains.

    Comme un résumé d’humanité

    Quelques secondes d’éternité.

     

    Plus tard je découvris que son étreinte avait marqué ma peau.

     

    La trace a disparu,

    En surface seulement.