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Atlas

J’avais sa tête entre mes seins,

Comme Atlas porte le poids du monde.

Je tenais tout un continent dans ma chaleur.

Je caressais doucement sa tête, nue,

Comme au premier jour sous le sisal bleu.

Il enfonçait son nez dans mes chairs, à en perdre haleine.

Il plongeait dans ma peau comme un poisson hors de l’eau,

bouche ouverte, quémandant mon oxygène.

Désarmé entre deux obus, il me laissait accéder à son moi, à l'enfant qu'il avait été.

Sa joue se faisait douce à mon épiderme,

Le musc se mélangeait à la verveine,

Nos univers se confondaient dans l’ivresse des sens.

Entre mes seins ce n’était plus l’homme, trop grand, trop vieux,

Il redevenait ce nourrisson arraché à la mort qui renaît dans un émoi.

Dans mes bras je voyais l’enfant assoiffé de mère,

Le petit, mû pas ses instincts de sussions, qui cherche le téton nourricier.

Tel le peau-à-peau des nouveaux nés, ce contact nous ramenait aux origines,

J’entrevoyais l’essence de son être, là, sur ma poitrine,

Qu’importe qu’elle fut trop laiteuse, elle lui offrait un accueil de miel,

Moi, la femme vide et incomplète, je consolais l’enfant déraciné.

Les battements de mon cœur faisaient taire ses peurs,

Il s’enivrait de moi comme irradié de Vie

et narguait une fois encore la mort au rythme des balafons.

 

DSCF3621b.JPG

J’avais sa tête entre mes seins,

Je tenais son monde entre mes mains.

Comme un résumé d’humanité

Quelques secondes d’éternité.

 

Plus tard je découvris que son étreinte avait marqué ma peau.

 

La trace a disparu,

En surface seulement.

 

 

 

 

 

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