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  • 40 secondes

    Je regarde ton nom

    Écrit de ta main

    En bas de la page

    Livre numéroté, signé.

    Je regarde ton nom

    Juste quelques lettres

    Et deux majuscules

    De cette folle écriture

    De l’homme qui ne soulève pas son stylo,

    Ton nom accolé à ton prénom

    En guise de signature.

    Seulement deux fois tu les lias

    Au bas de tes missives,

    Avant de ne m'adresser que ton prénom

    Accompagné de l’adverbe amicalement,

    Jusqu'à ne plus pouvoir qualifier nos liens.

    Exemplaire 81 / 300

    Tes traits à l’encre noire

    Enflamment ma mémoire.

    Je les caresse de la pulpe de mon index

    Comme je n’ai jamais passé mon doigt sur ta peau,

    Juste besoin de sentir le réel

    À travers l’infime déformation

    du carton.

     

    Pour Noël je n’ai rien commandé,

    Je ne manque de rien :

    J’ai un toit, un travail, de l’électricité,

    Même l’eau courante… et des amours.

    Pour Noël, je n’avais que toi à espérer.

    Et tu es venu.

    Dans un tout petit paquet.

    Comme un livre d’images

    De ton nom tu signes l’hommage.

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    Pour Noël, je me suis faite offrir

    Quarante secondes de ta vie :

    Celles que tu as prises pour ce paraphe.

     

     

     

  • Troisième Œil

    Les cicatrices sont les médailles des vivants.

    Des survivants devrais-je dire…

    Mes cicatrices me rappellent la fragilité de la Vie.

    Éternel dilemme du malade : besoin de reconnaissance du traumatisme et refus de l’apitoiement.

    Je fais comme si mais toi, surtout, ne nie jamais…

    Un coup de faux m’a atteint dans le dos, m’a mise à genoux, mais je ne me suis pas arrêtée.

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    La Mort n’a mis à mal que quelques illusions, en me rappelant qui commande.

    Je sais, mais je presse le pas.

    Même si je ne vois cette entaille que dans le miroir, jamais en face, la douleur, la gêne qui persistent me rappellent ma condition de mortelle.

    La cicatrice s’est rouverte, on l’a refermée mais elle hésitait.

    Même si je veux tourner la page, je ne l’oublierais pas.

    Je la porte comme un autre a porté une croix.

    C’est mon bagage, mon histoire, mon sac de vécu que je trimballe sur mes épaules.

     

    Je la regarde et je l’aime.

    Imparfaite, elle est mienne.

    Je la vois qui baille.

    C’est mon troisième œil.

    Elle me protège à présent des sournoises attaques.

    Elle assure mes arrières.

    Comme l’œil oudjat.

    Cet œil égyptien, mi homme mi faucon.

    Cet œil a un pouvoir prophylactique.

    Il prévient donc l’apparition, la propagation ou l’aggravation d’une maladie.

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    Mon deuxième cancer a-t-il pu fabriquer un bouclier anti-cancer ?