Longtemps j’ai cherché à te garder près de moi,
entre mon cœur et ma tête,
bien au chaud en haut de la pile de mes souvenirs.
Pour compenser le silence,
pour tuer le secret,
j’avais besoin de hurler au monde ton existence,
toi qui n’a été que pour moi,
ces quelques nuits aveugles et muettes,
saupoudrées sur ma vie.
J’imaginais que cela se voyait sur mon visage,
qu’on pouvait te deviner dans mon sourire
et que les gens ne pouvaient attribuer mon regard embué,
perdu dans le vague,
qu’à l’existence d’une histoire souterraine extraordinaire,
hors de l’ordinaire.
J’ai eu peur de t’oublier.
Ce cauchemar où un AVC t’efface à jamais,
où un feu réduit tes lettres en fumée,
la crainte que le réel actuel ait la folle idée de nier le réel d’hier.
J’ai eu peur de m’habituer.
J’ai eu peur de te ranger à jamais.
L’absence, ton absence, ce n’est qu’une présence à distance.
Je sais que tu n’es pas là, j’ai froid, mais je sais que tu es, là-bas.
Ressentir ton absence, ce vide douloureux, c’est encore avoir une place pour toi.
Dès que je me rends compte que tu ne me manques pas,
je me mens... puisque tu es toujours présent,
le sentiment de ton absence est une preuve de ton existence et de ta présence en moi.
Je t’aurais oublié quand je ne me rendrais plus compte de ton absence.
Quand je ne t’attendrais plus.
Dis… quand reviendras-tu ?
.