Il y a un autre homme dans ma vie
Qui m’accompagne depuis trente ans,
Sans jamais marcher avec moi,
Sans jamais me tenir la main.
Un homme qui est toujours là,
Dans ma tête,
Un homme qui n’est jamais là,
Dans ma vie.
Il passe sans laisser de trace,
Il n’y a que mon cœur qui pleure.
Il vit dans un autre monde.
Il n’y a que moi pour voir les liens,
Pour souffrir de cette liberté aliénante
Il est mon fant’homme.
Il est entré en moi d’abord par les yeux,
Par les oreilles, puis il est entré partout,
Repartant sans claquer la porte,
Laissant à jamais son sceau d’homme.
Sa cicatrice ne se referme pas,
Elle me fait parfois mal
Mais personne ne la voit.
C’est lui, mon premier mélan’homme.
Je sais qu’il me voit, qu’il me lit parfois.
Je le vois de loin, sourire, montrer son travail.
Pierre, Paul ou Jacques, qu’importe,
Cet amour dépasse sa personne.
De lui, mon cerveau a fabriqué
Un être parfait, un être magique
Fait de souvenirs et de désirs
Qui me calme et m’excite,
Qui m’apaise ou me baise,
En rêve ou pas, chi lo sà ?
Comme un onguent qui me maintient envie,
Le réel, le tu, le su, quelle importance ?
Il est un autre homme dans ma vie
Qui affole mon cœur, trouble ma voix,
Qui apparaît et disparaît
Et me laisse là, souffle coupé,
Il est mon fant’asthme.
J’ai cherché à l’oublier,
À conclure l’histoire,
À combattre le mâle par le mal,
Mais les impasses réconfortent
Et on ne s’ampute pas le cœur.
Je ne marche pas seule dans les rues,
Il est temps que je m’habitue.
Il est un autre homme dans ma vie,
Un gardien, un geôlier, mon oxy-gène.
À vie.