Quand tu veux pleurer et que tu n’as pas vraiment de larmes,
Quand ta gorge est serrée et que tu as mal à reprendre ton souffle.
Quand le dermatologue veut impérativement te voir avant de partir en vacances, tu te doutes bien que c’est pas pour te faire choisir ses maillots de bain…
« C’est un mélanome. »
Il a juste oublié de dire « encore ».
Jeudi dernier, je me souviens bien avoir pensé, en descendant les escaliers du collège après ma journée de travail « je suis bien, tout peut s’arrêter ».
J’ai des projets, j’espère les réaliser et pourtant…
Tout peut s’arrêter, ça veut dire « je n’ai rien à regretter ».
Mais là, sur le coup, une heure après, le réel dans la gueule, j’ai mal.
Je n’ai pas peur de mourir, d’ailleurs ce deuxième mélanome est minuscule, cent fois plus petit que celui auquel j’ai déjà survécu.
Merde, j’ai dit deuxième et pas second, je me fais déjà une raison...
Je n’ai pas peur mais je suis fatiguée, je sais ce qui m’attend.
Chirurgie pour tenter de tout enlever. Examens, vérifications, examens…
Je suis prête à mourir, mais putain que c’est bon de vivre !
Demain j’aurais moins mal, j’aurais sans doute repris mon souffle, je retournerai travailler.
Je sais bien que je suis en marge du monde.
Tous les petits énervements de votre quotidien me sont tellement dérisoires.
Aux yeux de mes collègues je passe pour une sage, une philosophe qui sait relativiser et positiver.
C’est juste que je suis ailleurs, dans une autre dimension, celle de ceux qui sont déjà morts.
Qu’est-ce qui a vraiment de l’importance ?
Les moments partagés.
Ces instants uniques.
Mon vécu avec toi.