A l'heure où blanchit la campagne...
Je prends le train,
Savoir si je suis sortie du tunnel,
Ou si je vais rester dans le noir
Des blouses blanches...
Voilà, je quitte la bulle du Petscann, je me retrouve dans une France abasourdie, les visages sont graves, les conversations nombreuses aux coins des rues avec quelques phrases qui percent « ce n'est pas fini ».
Ils ne parlent pas de moi.
Et pourtant la ville de Strasbourg est magnifique, sous un soleil d'été que l'on dirait indien s'il n'était pas si à l'Est. Les employés municipaux tendent des fils dans le ciel des rues, tels Ariane, pour nous guider, nous montrer le chemin, celui d'un futur dans la tradition, fêtes d'un étrange Noël en préparation. Les illuminations finissent de prendre place sous les notes d'un saxophoniste qui attend quelques pièces.
Je marche, manteau ouvert.
Il fait bon.
Puis-je dire qu'il fait bon vivre ?
S'il n'y avait que l'instant...
Je veux croire en l'embellie.
Ma zone opérée a été nettoyée, du sang, des cicatrices mais aujourd'hui il ne reste rien d'autre, rien de visible.
Nulle part.
Qui dira que la bataille est gagnée ?
Je n'ose encore croire en la trêve.
Je marche dans les rues baignées de soleil, manteau ouvert.
Je marche dans les rues, vivante.
Je me sens France : tripes retournées mais debout.
La guerre n'est pas finie.