« ... la peau d’autrui
est un détroit où l’on ne peut que se perdre »
Sa peau à lui, elle parle sans mot dire
Sans pouvoir qu'elle se taise, lui arrive-t-il de la maudire ?
Elle a l'odeur d'un ailleurs alors qu'il est ici
La peau de ses cuisses, poilue, crépue, qui l'eut cru ?
Sa peau à lui frisonne à l'idée d'un contact
Qu'importe le genre pourvu qu'il ait l'ivresse
Elle a l'odeur du savon, friction, frisson
Sa crinière à lui, lion du vingt-heures, si drue qui l'eut cru ?
Sa peau à lui elle rougit à mon soleil
Réveils, sommeils enchaînés, mêmes mais sans pareil
Elle a mon odeur, celle du quotidien, petits riens qui font tout
De mes caresses, de mes baisers, jamais repue qui l'eut cru ?
Ma peau, elle murmure les fêlures
Ma peau à moi, elle rêve de tes doigts.
Je descends la ligne,
Entre les deux collines,
Vers l'origine de mon monde
Et voilà que je tombe, je tombe...
La fissure, la blessure.
Il mit ses mains en moi
Pour retirer la bête
Qui sait, y laissa des miettes.
Ma peau à moi, elle cache son effroi
A la soudure
Ma peau à moi, elle rêve d'émoi
Sous la ceinture
Ma peau raconte la morsure du soleil
Jours sans faim, nuits sans sommeil
Ma peau se parsème de grains de folie
Bon grain, mauvais grain, ivraie, vrai lit
Elle ne se lasse d'être lascive
Elle se fane lorsqu'elle ne se pâme
Elle a beau jeu de vouloir l'absolu
Il n'y a pas qu'elle sur les os
Ma peau rêve d'un autre corps
Et traîne sa carcasse cabossée, rapiécée.
Ma peau aime voir passer les années
Sans trépasser
Tuer le temps
Ne pas le laisser en faire autant
Ma peau a faim de contact
Grignote, entracte, entre actes
Carence, caresses
Forteresse, forte, reste !
Appeau,
Peau à peau
Happy
And ?
End ?
Ta peau à toi, elle dit quoi ?
Et quand ta peau parle
A-t-elle l'accent d'ici ou d'Oc
A mon cœur ad hoc
Porte-t-elle, à un endroit mythique, mystique
Le cri grave de tes révolutions étouffées, gravé
A l'encre sympathique
El pueblo unido jamas sera vincido
Quand ta peau parle
Tait-elle mon prénom ?
J'effleurai, tu défloras, déflagration.
Ton corps qui n'en est pas un
Souvenir indélébile du rien
Des touches, ta souche, ma bouche
Refaisons connaissance
Sans la vue
Pas vu, pas épris,
Mais prise, méprise de maîtrise,
Don et abandon
Toucher, attacher, étancher.
Que puis-je de ta peau imaginer
Qui ne soit pas cliché ?
Laisse moi lire ton histoire,
Sur ta peau, en braille
Laisse moi relire, relier
Délier, livrer, délivrer.
Ta peau à toi, dis-moi, mon rêvé, elle dit quoi ?