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dans mon carnet, en juillet

 6 juillet 

vol Paris CDG – San Francisco

 

 

Nous remontons la terre,

A rebours les secondes,

Perdre ses repères

Pour vivre le monde.

 

Je flotte entre maintenant...

Et maintenant.

Je transatlantique

avant l'heure pacifique.

Mais pas sans peur.

Peut-on garder confiance en demain

Quand on a perdu confiance en son corps,

Combien de temps survit-on

Avec le poison de la trahison dans les veines ?

Je veux garder confiance en la Vie,

Croire encore en sa haute bienveillance.

 

Il me faut des lunettes pour mieux voir au loin,

Tant je n'ose regarder vers demain.

Je me laisse porter par le présent,

Il n'est jamais le même mais il y a quelque chose de rassurant :

Il est toujours là.

 

Comme toi.

 

 

 

 

8 Juillet 

Pearl Harbor

 

A Pearl Harbor, tout est propre et organisé, un Disney land du souvenir.

De mémorial en visite de navires de guerre, on replonge dans l' « infamie ».pearl.PNG

On ne parle jamais de défaite, on met en perspective la victoire finale, on ne froisse pas la visiteur japonais, on traduit et surtout on fait payer.

Pearl Harbor est la mémoire du sacrifice d'une jeunesse insouciante, frappée et laissée sur place, des milliers coulés avec leur navire, emportés, la mer comme cimetière et le bateau comme caveau.

L'USS Arizona est devenu l'exemple mais tout est propre, aménagé, le recueillement guidé, imposé. Reste l'idée du drame et quelques traces d'hydrocarbure à la surface.

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Est-ce que notre mémoire fait pareil ?

Est-ce que les souvenirs sont nettoyés, aménagés ?

Et finalement, ce dont je me souviens, s'est-il vraiment passé ainsi ?

 

Plus que l'acte, ce qui reste, c'est la trace.

 

 

 

 

09 Juillet 

Manoa Falls ( île d'Oahu, banlieue d'Honolulu )

 

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Rien qu'un petit filet d'eau, tombant d'une hauteur vertigineuse, les chutes de Manoa valent surtout pour la promenade qui y mène, une plongée dans la forêt subtropicale, en apnée.

On se sent si petit, chaque feuille de plante qu'il fait si exotique d'avoir dans son salon s'exprime ici librement, dans des dimensions qui font culpabiliser de les vouloir poussives chez soi.

Dans ces forêts, la Terre vit, sans se soucier de l'humain, elle a vite fait d'avaler la trace de nos pas.

Tout m'émerveille, je suis dans un monde jurassique à quelques minutes du parking.

Vers Manoa falls, on comprend encore moins le monde, la Création.

Ou alors on comprend trop bien que nous ne sommes rien.

 

Ça y est, c'est le bout du chemin.

 

Rien qu'un petit filet d'humanité tombant d'une hauteur vertigineuse.

La Vie vaut surtout pour la promenade, en apnée.

 

 

 

16 juillet 

Kilauea

 

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Des fissures renaît la Vie.

Les coulées de lave noire défigurent le paysage,

lui donnent une autre figure,

dévastée, terres brûlées,

la lave avale tout sur son passage,

enrobe, englobe.

Et soudain se fige.

 

Qu'est-ce qu'il faut comme patience,

Qu'est-ce qu'il faut comme confiance,

A la graine graminée pour tenter l'aventure,

Mener l'âpre combat,

et vivre.

Vivre.

 

Des fissures renaît la Vie.IMG_0294.JPG

De touffe en touffe, la lave est contaminée.

Le feu destructeur devient feu le destructeur,

le stérile devient fertile.

Volcan,

Phénix.

C'est ici que tout finit,

c'est ici que tout commence,

Viens, reprenons la danse.

 

De ma faille renaîtront les possibles.

Jusqu'à la prochaine éruption.

Jusqu'à la dernière.

 

Des fissures renaît la Vie.

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18 juillet 

Maui

 

Je te croyais mort

je te rêve en corps.

 

 

 

 

Que tu m'obliges

A lâcher prise.

 

 

 

 

22 juillet 

San Francisco

 

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Allongée sur mon lit,

Sir Francis Drake hôtel,

j'entends les soubresauts de la ville

huit étages plus bas.

 

Rumeurs, clameurs, respirations,

le son remonte et m'emporte dans son voyage.

Les klaxons des chauffeurs impatients, les coups de freins devant d'intrépides piétons, la sirène des pompiers et la foule qui grouille.

Le cable car remonte Powell street avec sa musique d'un autre siècle, rouages grinçants, wagon branlant, on reconnaît les mécaniciens à leur coup de clochette qui ponctuent ce doux après-midi.

À l'angle d'Union square un saxophoniste a du prendre place, j'entends ses gammes qui ricochent sur le bus qui soupirent, soupapes, et toujours la foule qui grouille.

Le beefeater hèle un taxi, des enfants crient, des jeunes chantent, ce brouhaha chaotique devient musique qui me berce.

Toute cette animation m'apaise, même en marge je suis dans le monde et je vibre avec lui.

 

Est-ce toi que j'entends à mes côtés,

ou la ron-ron de la climatisation ?

Est-ce toi qui respire,

ou l'écho des mes désirs, qui soupire ?

 

Allongée sur mon lit

Sir Francis Drake hôtel,

j'entends les soubresauts de la vie,

huit étages plus bas.

 

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