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  • J'irai manger sur la Terre

    Dans ma famille on mange comme on aime : parfois mal, parfois trop, mais avec passion.

     

    Et toujours aussi on vide son assiette…

    De là sans doute mon obsession des adieux, des histoires qui se finissent.

     

    J’ai déjà fais quelque kilomètres sur la planète, traversé l’équateur, flirté avec les tropiques, nagé en eaux troubles ou pacifiques, flotté sur des mers mortes ou touché les fonds sans marin.

     

    Et chaque fois, quand je rentre en mes terres, les anciens me demandent «  est-ce que tu as bien mangé ? », seule chose à laquelle ils peuvent se raccrocher, ne comprenant que peu ce qui m’attire vers les terres stériles, vers les volcans et les glaciers, ce monde qui leur est inconnu, ce monde qui me prend aux tripes… La seule chose qu’ils espèrent est le plaisir de mon estomac.

    Et souvent, je les déçois.

     

    Je ne vais pas au monde pour manger, mais pour vivre, et je mange donc en conséquence.

    Mais je découvre, je m’adapte, de Poffidges hollandais en Ebelskivers danois, je goute à toutes les spécialités et ne prends jamais de steaks-frites.

     

    dessert.JPGJe me souviens d’une fougasse à la fleur d’oranger achetée au Grau du Roi avec mes parents quand j’étais enfant, d’une Seafood Chowder en Acadie, de la sauce qui crépite sur le riz soufflé en Chine, du pain au chorizo que nous achetions à Estoril, sur le marché, je me souviens les lieux, des personnes, des pubs, de toi, mais finalement peu des mets, moi la connaisseuse gourmande.

    J’ai plus bu que mangé, j’avoue. Une caipirinha à Copacabana, un Cuba Libre à Cienfuegos et des pintes, et des pintes all over the world… et des bières et des bières, blanches, blondes, brunes ou rousses…

     

    Sans réfléchir, ça m’est venu ce matin, la conscience du bon, par la conscience du manque.

    bouffe bali 2.JPGDe tous les voyages, de toutes mes découvertes gustatives avouables, j’en veux encore : Bali.

    Moi qui ne suis pas carnassière à outrance, moi qui aime le doux et le fort, moi qui n’aime pourtant pas tant le riz, j’ai aimé Bali.

    J’y ai retrouvé la sauce Satay qui troublait déjà mes sens lors de dégustations africaines avec sa cousine Mafé, j’y ai aussi gouté tous ces fruits magiques : dragon fruit (pythaya), snake fruit (salak) mangoustan…

     

    On va pas en faire tout un plat, mais je vais juste nous faire une petite salade ce soir…

     

    <3

     

  • mon père, ce héros terroriste.

    C’était dans les années 1970.

    Chez moi, la Border Line, y’a toujours eu une frontière, que l’on traversait parfois, tête haute, fière. Je sais bien que l’herbe n’est pas plus verte de l’autre côté, elle était souvent plus kakie pour tout dire.

     

    Malgré l’histoire de mes grands-parents, la frontière, depuis ma naissance, on joue avec, de guerre froide en union, de grève du zèle en libre circulation. On sait dépasser les limites tout en sachant très bien de quel côté on se situe.

    Souvent on faisait le mur pour gagner 200 francs, puis on a franchi la ligne pour économiser 30 euros.

     

    Quelques kilomètres pour voir que l’étranger est un autre, plus étrange par ses us que pas des coutumes semblables, pour voir que les hommes sont les mêmes mais qu’on n’entend rien à leur germanique latin.

     

    C’était dans les années 1970.

     

    Mon père allait acheter de l’essence de l’autre côté, après son poste de travail.

    La nuit.

    Dans le noir.

    Il passe la douane.

     

    La bande à Baader est en fuite, la tension monte, le rideau tombe aux limites.

    Et mon père se retrouve menacé, mitraillette sous le nez.

    La housse de la banquette arrière de la voiture, trop petite, mal adaptée, fait comme une tente entre le sol et le dossier… Sans doute cache-t-il des armes… Cet homme est dangereux…

     

    2cv.jpgMon père sous les mitraillettes au milieu de la nuit, à la frontière du réel, tente de passer de l’autre côté du miroir, aux alouettes, à l’essence, sans saisir le sens de ce déchainement.

     

    Mon père, le terroriste en deux chevaux orange…

     

  • troublée

     routegalcier.JPG

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Me promener avec toi,

    Dehors dans le froid

    Dans cette vie, sur ce chemin-là,

    Avancer à tes côtés,

    Lancer quelques mots en l'air

    Et laisser le souffle de la vie jouer avec...

     

    Je sais bien que ce vent fera comme toujours pleurer mes yeux,

    Je sais bien que j'aurais très froid aux doigts,

    Je sais bien qu'il y aura trop d'oxygène dans mes poumons et que ma tête tournera…

     

    J'aime penser que je pourrais trouver des excuses à cet état là.

     

  • sous l'édredon, la rage

    .. faut se vautrer,

     la vie c’est comme un oreiller :

    éponge à larmes,

    dormir dessus,

    puis se réveiller

    et vivre,

    si on n'est pas mort...

    couette 3.JPG

    … faut s’abimer,

    voler dans les plumes

    s’enfoncer dans la brume

    accrocher les rêves à la corde

    évaporer l’humidité des nuits chaudes

    ne garder que la fragrance authentique

    l’essence, des gouttes de rosée d’Afrique.

     

    …faut s’allonger,

    Se r’trouver dans d’beaux draps

    Tirer la couverture à soi

    Soulever, dévoiler, toucher du doigt

    Les replis de l’âme, les plis de l’homme

    Glisser sur le coton peigné, toute ébouriffée

    Déboussoler la faux, être, puis seulement, seulement là, s’endormir.