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en cage

           Je ne sais pas bien comment je peux m’en souvenir… de la cage d’escalier, celle de l’immeuble  que j’habitais quand j’étais enfant unique, l’appart au premier étage où l’on m’a ramenée dans un couffin, un mois de novembre blanc et ensoleillé, et d’où je suis partie, six ans plus tard, avec une maman grosse d’une petite sœur qui allait venir.

escaliers 2.JPGPourtant je me revois dans cette cage d’escalier, moi la fille qui n’a jamais trainé.

J’y ai tant joué.

J’y ai si bien joué.

Avec rien.

Avec les marches, avec ces barres qui servaient de piano et qui devaient rendre fous les voisins qui n’ont jamais rien dit.

Je ne me souviens pas bien.

Je ressens simplement.

Et je me souviens que dans cette cage, j’ai trouvé de la liberté.

Je me dis que de rien j’ai fait tout un monde, dans ma tête.

J’ai fait d’un endroit triste et gris un endroit de paradis.

Avec mon cœur d’enfant, de mon seuil œil emmétrope je restais sur terre et de l’autre je voyageais, je volais, légère.

Toute petite dans le monde des grands, je faisais d’une entrée commune un peu glauque, subie, une aire de jeux, un lieu d’observation… on ne prête pas attention à une petite tête blonde qui joue en silence.

J’apprenais à faire d’un rien un bien.

J’apprenais à être bien, seule avec moi.

 

escalier 1.JPGJe me suis assise dans l’escalier.

Jeanne Magnani, 38 ans.

Je sens l’air qui entre plus difficilement dans mes poumons, avec le souvenir, l’émotion de l’évocation.

 

Qu’est-ce que j’aime cette douce douleur de vivre, ce piquant qui m’empêche de dormir, qu’est-ce que j’aime ces riens qui font ce que je suis, je me sens si vivante, si entière et mon ombre n’en finit pas de grandir à mesure que j’avance vers la lumière.

Sereine.

Reine.

 

 

 

Commentaires

  • Magie de l'enfance, votre évocation m'a émue aux larmes car j'ai ressenti mon vécu. Dessine moi un mouton, dessine moi une cage d'escalier, et même une cagibi gris comme une prison, mais j'irai me cacher et j'en ferai un royaume...
    Aujourd'hui dans l'univers gris des banlieues, les cages d'escaliers ne seraient plus que des coupes gorge où les enfant ne sont plus des enfant mais des tueurs qui défendent leur territoire avec des Kalachs, Pourtant même là il y a sans doute encore des enfants qui rêvent assis sur les marches.
    Bonne nuit Jeanne faites de doux rêves.

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