espace vécu

Au dessus des vieux volcans
Glissant des ailes sous les tapis du vent
Voyage Voyage
Eternellement...

 

Les petits qui vont entrer au collège la semaine prochaine, avec leur sac tout neuf sur le dos, vont avoir à réfléchir sur leur "espace vécu", essayer de passer de la pratique au scientifique, faire un plan, lire les cartes, décrire les champs, les immeubles, conceptualiser l'espace, shématiser, bref s'approprier le monde qui les entoure au lieu juste de le traverser aveuglément.

Que faire, à l'heure de la mondialisation, de ceux qui vont se rendre compte que leur monde s'arrête à la porte de leur immeuble ?

Je me retourne la question : et mon espace vécu, c'est quoi ?

Il suffit de lever la tête et d'observer les panneaux, l'embarras du choix pour savoir où il commence et où il finit.

Relativité de l'espace-temps.

Et la géographie physique n'étant plus dissociée de l'humain, je ferme les yeux pour voir ces centaines de visages qui constituent mon espace vécu, je regarde même dans les ruelles sombres.

Je remplis mes poumons pour repousser l'émotion.

Je repense au serveur du "Mel's dinner", un restaurant de carte postale, de cette Amérique profonde, où on rechercherait presque le Fonzy de Happy Days. En payant ma note, il a du trouver mon accent étrange et il m'a demandé "de quelle autre ville venez-vous ?" ( other town ), je lui ai répondu que je ne venais pas d'une autre ville, mais d'un autre pays ( other country ). Il n'avait jamais vu de Français ! Il ne comprenait même pas qu'un étranger puisse venir à Yakima. En expliquant qu'il y avait tant de choses à faire près de chez lui, le Mont Rainier, le Mont Saint Helens, il a baissé les yeux : "je n'y suis jamais allé"...

Quelle place, à l'heure de la mondialisation, pour ceux dont le monde s'arrête à leur porte  ?

Un monde, deux humanités.