"Jour de neige
dans un grand pull qui me protège
première neige
vertige en moi comme un manège
jour bien tendre
comme ce quelqu'un qui vient m'attendre
au bout du chemin"
C'est le bruit de la lame qui m'a réveillée ce matin, la lame sur le bitume, celle qui repousse sur les côtés les flocons accumulés. Bruit magique qui fait retomber en enfance, qui fait perdre patience, plus rien ne compte que se lever et ouvrir les volets pour admirer le manteau blanc.
Le jour se lève à peine, la ouate est encore bleue.
Au bord de la route, la forêt de blanc vêtue offre aux voyageurs une haie d'honneur virginale.
Même dans l'Est, on se prend pour un explorateur du Grand Nord.
La nature se repose.
Sous un rayon de soleil bienveillant on en oublie l'idée de rigueur d'un hiver qui bégaie.
Les bruits de l'enfance reviennent, le crissement de la neige sous les pas, l'envie irrésistible de former une boule dans ses mains et de la lancer. Qu'importe s'il n'y a personne à viser. Qu'importe si les doigts nus, instantanément congelés, deviennent écarlates après ce geste inconsidéré, on se sent en vie et surtout jamais trop vieux pour en profiter... Il est des petites folies qui revigorent.
Quelques mètres plus loin on redevient sérieux et on reste scotché devant un paysage dont la banalité souligne la noblesse : le bleu du ciel, quelques feuilles mortes, le squelette d'un arbre au loin, du blanc dans le ciel, du blanc sur la terre. Un tableau de paysage de peintre flamand, digne du Rijksmuseum d'Amsterdam. Je nomme ce tableau "promenade dans la lande mosellane"...
J'avoue : rien d'exceptionnel dans cette note...
Au fait, sous mon pull... Il y a un coeur qui bat !
