Habana sur Potomac

 

" el pueblo

unido jamas

sera vincido"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ceux que tout oppose parfois cherchent à se retrouver, à se ressembler.

Voyant le Capitole de Washington leur faire trop d'ombre, les cubains ont redressé la tête et ont érigé El Capitolio.

A l'aube de 1930, les deux capitales s'observent.

Après sa révolution, le leader Maximo y a installé le siège d'un simulacre de démocratie. Différent mais en compétition, il répète à tous que "son" capitole est le plus haut, quelques centimètres sous la coupole, soixante et un mètres de vertige.

J'ai vu les deux.

Et je souris de tout ce qui les oppose. Ce sont deux mondes différents, étrange de se dire que c'est tout de même la même planète. J'aime le bâtiment étasunien pour sa solennité, j'aime le bâtiment cubain pour la touchante volonté de faire comme les grands.

Quel désir d'indépendance quand on veut copier ?

Les peintures de la coupole havanaise sont plus simples mais j'ai en souvenir une impression de chaleur, je suis en contrée latine. Le plafond de la coupole septentrionale est très soigné, chargé de symbole, lourd de messages, de calculs, je suis en terre occidentale.

Ils sont tous deux américains, ils sont tous deux humains.

A quoi joue-t-on ? Pourquoi vouloir ressembler à ceux que l'on déteste, pourquoi chercher à rivaliser ? Quel orgueil... Quelle humanité !

La grosse différence, avec le recul : à Cuba on m'a parlé de Washington, mais à Washington, pas un seul mot sur le bâtiment jumeau...

C'est cela la plus grande défaite : le mépris, la non-reconnaissance de l' "ennemi".