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pro-âge

J'ai passé la journée de samedi avec une amie,

laissée dans le village où je résidais jadis,

laissée au collège où j'exerçais naguère.

Repas partagé, sourires échangés, complicité rénovée.

Nous nous sommes promenées au hasard, dans cette ville qui me devient étrangère, arpentant les quelques rues piétonnes, léchant quelques vitrines sans but précis, dissertant d'un quotidien que l'on voudrait doux.

Nous n'avions pas d'achat à faire, juste savourer la banalité d'un quotidien qui ne l'est pas toujours, la normalité devenue exceptionnelle.

Elle est entrée dans une pharmacie « tiens, je vais me racheter une crème... »

Une crème de jour, un truc de fille.

Et la vendeuse qui nous saute dessus (est-elle vraiment pharmacienne ?). La crème qu'elle voulait n'est plus disponible, ou n'existe plus mais il y en a tant d'autres... Et l'employée de nous faire une explication scientifique sur les pores de la peau, les rides, l'effet escompté, la composition chimique. Je n'ai rien retenu de ce monde qui m'est étranger, sauf… l'envie folle d'avoir ma crème à moi, une crème adaptée, à ma peau et son âge.

 

Je n'en ai pas acheté.

A cause de mon esprit trop cartésien, de mon éducation économe.

A quoi bon une crème anti-âge si je ne vis pas longtemps ?

La faute à ce putain d'espoir et son revers, l'absence d'espoir.

 

Je suis encore en attente, d'un rendez-vous, d'une phrase « il n'y a rien » , à défaut je me contenterai de « je ne vois rien ».

Pourquoi ces points qui brillent lorsque mon corps passe dans la machine à soucis, pourquoi le produit radioactif se fixe-t-il au lieu de se répandre et de se contenter d'irradier mes veines ?

 

Je ne sais pas si j’achèterai une crème.

 

Ne lisez pas cette phrase comme excès de pessimisme.

 

Il m'arrive d'aimer les imperfections de ma peau, d'aimer mes cheveux dépigmentés.

Ils me disent que le temps a passé et que je suis encore là.

 

Ce que j'aime vraiment c'est voir tes rides à toi, me prend souvent Rides_d_expression_de_la_patte_d_oie.jpgl'envie d'y passer le doigt, de vouloir les souligner alors que sans doute tu voudrais les nier.

J'aime tant te voir vieux.

Ça veut dire : je te vois.

Ça veut dire : je suis, tu es, nous sommes.

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