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  • le temps de l'aventure

     

    Je suis allée voir ce film, tout en nuances, tout en élégance.
    Ennuyeux pour certains peut-être, j'en conviens.

    Ce qui m'a le plus attirée, c'est son titre, que je jalouse.

    Il est pour moi un concentré évanescent des possibles.


    Ce film évoque le coup de foudre, ou juste le coup de folie, où l'animal se bat avec le moral, la morale, où la raison se laisse submergée par la passion. On assiste à la valse hésitante de deux amants malgré eux, qui se livrent et se perdent, s'enivrent, se perdent et se retrouvent, se découvrent et s'oublient.


    Ce n'est pas un film sur un coup de foudre, à mes yeux.

    Ce n'est pas une passade, un caprice.

    Ce n'est pas une passe sale, c'est plus complexe, plus profond, va au-delà du con, au delà du sexe.

    Ce n'est pas non plus le temps d'une histoire, le temps de l'amour, ni le temps d'une histoire d'amour, ils font plus mais tellement moins, il n'est pas encore question d'aimer l'autre, juste de plus s'aimer soi, juste vivre.

    Être.

    Ce n'est pas non plus un film sur « une » aventure . Elle ne les collectionne pas, il semble ne pas les rechercher. Cela s'impose à eux, ce n'est pas dénombrable. C'est indénombrable, c'est générique, universel, l'attirance d'un homme et d'une femme qui s'unissent dans l'obscur secret d'une chambre d'hôtel mais que rien, passé la porte, n'unit, rien que ce qu'ils auront pu créer à l'intérieur, au présent.

    Pas de passé, pas d'avenir.

    C'est le temps de l'aventure...judas_1175532059.jpg

    Pour moi cela évoque un temps... hors du temps, un temps parallèle, comme une vie parallèle, voire une seconde vie, mais justement pas une double vie. Il n'est pas question de doubler qui que ce soit, pas de volonté de tromperie, juste la volupté à l'envi. Et aimer. Sans retenue. Sortir de soi pour se retrouver. Laisser de côté ce que la société dit de nous, oublier nos liens, notre lignée, ne rien devoir, à personne, se retrouver nue, n'être personne pour savoir qui on est, se voir. Se donner et s'appartenir.

    Livre-pages-en-coeur-800x600.jpgC'est comme le recto et le verso d'une feuille, la page d'un roman. La page est une, unique. Le recto serait la vraie vie, officielle, aux yeux de tous, avec ses engagements. Le recto est aussi appelé « belle page », la belle vie, bien visible. Le temps de l'aventure, lui, est sur le verso, discret, souvent ignoré. On appelle aussi recto « fausse page », serait-ce donc une fausse vie ?

    Non, le papier est le même, les aventuriers restent humains, faits du même grain.

    « Une femme inconnue, et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre » ; ils s'aiment et se comprennent. Un monde autre, le même univers.

    Il y a le temps de la vie, il y a le temps de l'envie,

    Il y a le temps de ma vie, il y a le temps de l'aventure...

    "Vivre est nécessaire pour se reposer des rêves"

    Tu as retenu cette phrase de tout un roman (Mia Couto) et je souris, comme un message que tu me passes.

    Lorsque Verlaine écrivait son rêve familier, rêvait-il ou s’osait-il pas s'avouer qu'il vivait l'extraordinaire, l'impensable amour toujours transcendé.

    Le rêve n'est pas toujours irréel, c'est juste un autre réel, connu de nous seuls, su des seuls rêveurs...

    J'ai aimé quand tu rêvais avec moi, cela a mis du soleil dans mon vivre.

     

     

  • "appelez-moi Nuage"

    Et je vis descendre les nuages sur le monde,

    comme on pénètre doucement dans la ouate.

    Et je vis les nuages enrober le monde

    de leur sucre aérien,

    à  la barbe du monde, l'enrober de barbe à papa...CIMG4334.JPG

     

    Moi, à la terrasse de ce café au bout du monde

    à  boire une bière en haut du monde

    à  68 degrés de latitude Nord

    de quoi perdre.. le Nord ou la tête...

    ça donne le vertige de voir notre monde d'un bout de la lorgnette

    mais j'aime prendre ce recul,

    rester à la marge,

    me tenir en équilibre,

    reculer le plus loin possible

    pour observer la Terre.

     

    A  cette terrasse je ne voulais que profiter,

    du rien,

    du silence,

    percer le mystère des rayons d'un soleil qui ne réchauffent pas.

    Peut-être pensais-je trouver la clé

    qui enferme les mélanocytes loin des dégâts de l'astre.

    Non, je crois que je n'attendais rien,

    espérant que si on ne l'attend pas, la fin du jour ne viendra jamais

    espérant que si on ne bouge pas, la mort finira pas nous oublier

    et pas que la mort, toutes les obligations de la vie aussi.

    J'ai voulu un instant m'oublier,

    que l'on m'oublie,

    ne plus bouger,

    juste ma cage thoracique qui imperceptiblement se soulève,

    juste ma cage

    et m'évader...

    CIMG4339.JPG

    Et puis j’ai vu les nuages dégouliner

    je ne sais quelle force les avait menés au sommet.

    Dans une avalanche lente et muette, ils descendaient l'adret

    en hurlant « never come back »

    ne jamais revenir en arrière, oublier l'ubac.

    Ils dévoraient la paroi,

    ils semblaient même la déguster,

    lentement mais avec gourmandise, de grosses bouchées.

    Leurs joues gonflées, les nuages descendaient vers moi.

    C'était un spectacle hypnotisant,

    on voyait la lutte,

    on voyait la vie,

    la terre qui respire,

    les éléments qui tentent un mélange...

    Il faisait si beau

    et les nuages jouaient à saute-montagne.

    Qui allait gagner ?

    Délicieux équilibre, subtile déséquilibre, entre l'altitude, les températures et l'humidité de l'air.

    Je regarde ce spectacle rare et pourtant si simple, jamais banal pour qui a mes yeux,

    quelques secondes pour toucher du regard l'éternité,

    l'intemporel

    léger, sublime, subtile, subliminal...

    Aux premières loges, je retiens mon souffle pour ne pas influencer leur trajectoire,

    je retiens mon souffle et j'attends qu'ils me prennent.

    CIMG4344.JPG

    Ils avançaient vers moi, les nuages.

    Et j'avançais vers eux.

    Me jeter dans leur brume comme je m'abandonne dans tes bras

    me désaltérer à l'écume des désirs d'absolu

    voir la lumière dans le noir

    j'avance

    j'ai le cœur dans les nuages

    j'avance sans peur

    jusqu'à la trouée dans les nuages

    la clairière de bonheurth.jpg

    mon nid, notre lit.