Je suis allée voir ce film, tout en nuances, tout en élégance.
Ennuyeux pour certains peut-être, j'en conviens.
Ce qui m'a le plus attirée, c'est son titre, que je jalouse.
Il est pour moi un concentré évanescent des possibles.
Ce film évoque le coup de foudre, ou juste le coup de folie, où l'animal se bat avec le moral, la morale, où la raison se laisse submergée par la passion. On assiste à la valse hésitante de deux amants malgré eux, qui se livrent et se perdent, s'enivrent, se perdent et se retrouvent, se découvrent et s'oublient.
Ce n'est pas un film sur un coup de foudre, à mes yeux.
Ce n'est pas une passade, un caprice.
Ce n'est pas une passe sale, c'est plus complexe, plus profond, va au-delà du con, au delà du sexe.
Ce n'est pas non plus le temps d'une histoire, le temps de l'amour, ni le temps d'une histoire d'amour, ils font plus mais tellement moins, il n'est pas encore question d'aimer l'autre, juste de plus s'aimer soi, juste vivre.
Être.
Ce n'est pas non plus un film sur « une » aventure . Elle ne les collectionne pas, il semble ne pas les rechercher. Cela s'impose à eux, ce n'est pas dénombrable. C'est indénombrable, c'est générique, universel, l'attirance d'un homme et d'une femme qui s'unissent dans l'obscur secret d'une chambre d'hôtel mais que rien, passé la porte, n'unit, rien que ce qu'ils auront pu créer à l'intérieur, au présent.
Pas de passé, pas d'avenir.
C'est le temps de l'aventure...
Pour moi cela évoque un temps... hors du temps, un temps parallèle, comme une vie parallèle, voire une seconde vie, mais justement pas une double vie. Il n'est pas question de doubler qui que ce soit, pas de volonté de tromperie, juste la volupté à l'envi. Et aimer. Sans retenue. Sortir de soi pour se retrouver. Laisser de côté ce que la société dit de nous, oublier nos liens, notre lignée, ne rien devoir, à personne, se retrouver nue, n'être personne pour savoir qui on est, se voir. Se donner et s'appartenir.
C'est comme le recto et le verso d'une feuille, la page d'un roman. La page est une, unique. Le recto serait la vraie vie, officielle, aux yeux de tous, avec ses engagements. Le recto est aussi appelé « belle page », la belle vie, bien visible. Le temps de l'aventure, lui, est sur le verso, discret, souvent ignoré. On appelle aussi recto « fausse page », serait-ce donc une fausse vie ?
Non, le papier est le même, les aventuriers restent humains, faits du même grain.
« Une femme inconnue, et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre » ; ils s'aiment et se comprennent. Un monde autre, le même univers.
Il y a le temps de la vie, il y a le temps de l'envie,
Il y a le temps de ma vie, il y a le temps de l'aventure...
"Vivre est nécessaire pour se reposer des rêves"
Tu as retenu cette phrase de tout un roman (Mia Couto) et je souris, comme un message que tu me passes.
Lorsque Verlaine écrivait son rêve familier, rêvait-il ou s’osait-il pas s'avouer qu'il vivait l'extraordinaire, l'impensable amour toujours transcendé.
Le rêve n'est pas toujours irréel, c'est juste un autre réel, connu de nous seuls, su des seuls rêveurs...
J'ai aimé quand tu rêvais avec moi, cela a mis du soleil dans mon vivre.