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"appelez-moi Nuage"

Et je vis descendre les nuages sur le monde,

comme on pénètre doucement dans la ouate.

Et je vis les nuages enrober le monde

de leur sucre aérien,

à  la barbe du monde, l'enrober de barbe à papa...CIMG4334.JPG

 

Moi, à la terrasse de ce café au bout du monde

à  boire une bière en haut du monde

à  68 degrés de latitude Nord

de quoi perdre.. le Nord ou la tête...

ça donne le vertige de voir notre monde d'un bout de la lorgnette

mais j'aime prendre ce recul,

rester à la marge,

me tenir en équilibre,

reculer le plus loin possible

pour observer la Terre.

 

A  cette terrasse je ne voulais que profiter,

du rien,

du silence,

percer le mystère des rayons d'un soleil qui ne réchauffent pas.

Peut-être pensais-je trouver la clé

qui enferme les mélanocytes loin des dégâts de l'astre.

Non, je crois que je n'attendais rien,

espérant que si on ne l'attend pas, la fin du jour ne viendra jamais

espérant que si on ne bouge pas, la mort finira pas nous oublier

et pas que la mort, toutes les obligations de la vie aussi.

J'ai voulu un instant m'oublier,

que l'on m'oublie,

ne plus bouger,

juste ma cage thoracique qui imperceptiblement se soulève,

juste ma cage

et m'évader...

CIMG4339.JPG

Et puis j’ai vu les nuages dégouliner

je ne sais quelle force les avait menés au sommet.

Dans une avalanche lente et muette, ils descendaient l'adret

en hurlant « never come back »

ne jamais revenir en arrière, oublier l'ubac.

Ils dévoraient la paroi,

ils semblaient même la déguster,

lentement mais avec gourmandise, de grosses bouchées.

Leurs joues gonflées, les nuages descendaient vers moi.

C'était un spectacle hypnotisant,

on voyait la lutte,

on voyait la vie,

la terre qui respire,

les éléments qui tentent un mélange...

Il faisait si beau

et les nuages jouaient à saute-montagne.

Qui allait gagner ?

Délicieux équilibre, subtile déséquilibre, entre l'altitude, les températures et l'humidité de l'air.

Je regarde ce spectacle rare et pourtant si simple, jamais banal pour qui a mes yeux,

quelques secondes pour toucher du regard l'éternité,

l'intemporel

léger, sublime, subtile, subliminal...

Aux premières loges, je retiens mon souffle pour ne pas influencer leur trajectoire,

je retiens mon souffle et j'attends qu'ils me prennent.

CIMG4344.JPG

Ils avançaient vers moi, les nuages.

Et j'avançais vers eux.

Me jeter dans leur brume comme je m'abandonne dans tes bras

me désaltérer à l'écume des désirs d'absolu

voir la lumière dans le noir

j'avance

j'ai le cœur dans les nuages

j'avance sans peur

jusqu'à la trouée dans les nuages

la clairière de bonheurth.jpg

mon nid, notre lit.

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